Une grande joaillière d’art contemporain enseigne aux élèves de l’École secondaire Saint-Viateur

Sorel-Tracy, le 13 décembre 2013 — C’est dans le cadre du programme Culture à l’école que la directrice de l’École secondaire Saint-Viateur, Mme Sophie Vigneault, a invité l’artiste joaillière Josée Desjardins (à droite) à animer des ateliers de confection de bijoux à partir d’objets recyclés les 10 et 11 décembre derniers.

Madame Desjardins est une artiste professionnelle reconnue; formée en joaillerie, elle crée des bijoux depuis une trentaine d’années. Elle a exposé ses œuvres dans plusieurs galeries de Montréal, d’ailleurs quelques ouvrages d’art la citent en exemple. En 2003, elle a ouvert une école de joaillerie, d’abord en Estrie, puis s’est installée à Rimouski à L’Espace Praxis  Poïésis.

« Le bijou, c’est une façon de s’exprimer, ça communique la personnalité. Ça raconte une histoire », dira-t-elle d’entrée de jeu. Sous le regard attentif des élèves, l’artiste débute l’atelier, animée de passion. Elle présente d’abord un peu d’histoire, traversant les siècles depuis la préhistoire, tout en présentant des modèles que les jeunes auront le plaisir de découvrir. Ensuite, elle aborde le thème de l’art contemporain, faisant comprendre qu’il suffit d’être attentif à ce qui nous entoure, d’utiliser les objets de notre quotidien pour leur donner un autre sens, une autre utilité. « Il suffit de réinventer la façon de faire, réinventer le sens des choses. » Si le bijou parle, il permet de connaître les époques : l’homme d’autrefois portait fièrement à son cou une dent d’un animal, cela exposait au vu et au su de tous qu’il avait lui-même chassé la bête. Aujourd’hui, avec notre conscientisation à la récupération, il devient parlant de réutiliser les objets du quotidien. En ce sens, l’artiste portait un magnifique collier fait à partir d’épingles de sureté, d’anneaux d’argent et de feutrine. Elle a aussi présenté aux élèves des œuvres de son cru : une bague pour les couturières, une broche exprimant les contradictions entre le stress et la détente… garçons et filles voudront en faire tout autant.

Après avoir fait rêver les jeunes, elle les a invités à se mettre en mode créativité. Les tables de l’atelier étaient remplies de milliers de petits objets de toutes les sortes. Les jeunes avaient aussi apporté ce qui les inspirait. « Vous devez vous poser deux questions : quel bijou vous souhaitez inventer? Bague, collier, bracelet ou broche? Et quelle est votre intention? Voulez-vous dénoncer quelque chose, faire quelque chose pour une personne que vous aimez, etc.? »

Et la production s’amorce... Les œuvres naîtront, toutes différentes les unes des autres. Josée accompagnera chacun des élèves, leur enseignant les techniques simples de colle chaude, de fil, de torsade, de perçage, d’enfilade… l’artiste expérimentée trouvera des solutions à chacun des obstacles que les jeunes rencontreront et ceux-ci grandiront dans la fierté de la réussite. Maggie Bussières, éducatrice spécialisée, sera séduite par la création d’Annika Prévost. Cette dernière a créé un collier ayant pour thème l’amour inconditionnel. Sa composition : des fleurs pour la pureté, de la fourrure pour la liberté et un cœur pour l’amour. Un autre jeune, Francis Kingsbury, a voulu rendre hommage à ses origines amérindiennes mohawks en réinterprétant cuir, plumes et métaux pour produire un magnifique bracelet.

Pour la directrice de l’école, de telles activités permettent des découvertes de soi par l’expression artistique. « Ils ont un talent fou, les bijoux sont tous différents et je reconnais mes élèves à travers les œuvres. J’ai eu beaucoup de difficultés à choisir un seul coup de cœur, chaque bijou raconte une histoire propre à son créateur. » Il faut dire que la directrice avait promis de remettre un prix de 20 $ à l’élève qui allait avoir créé le bijou qui séduira la directrice, les critères de sélection étant que l’élève ait apporté des objets de la maison et ait démontré un effort et de la créativité. « Finalement, cinq élèves se sont mérité des prix. Trois d’entre eux ont reçu des certificats-cadeaux et Tommy Duperré et Francis Comeau ont tous deux reçu 20 $, mais je le précise encore, tous les élèves sont gagnants car chacun a raconté son histoire à travers sa création. »

Apprendre autrement permet assurément aux jeunes de se découvrir et de toucher la réussite. Voilà une belle initiative qui dévoilera des artistes. Les yeux brillants, ils étaient fiers. Parions que les parents et les amis qui recevront ces présents pour Noël seront surpris, séduits et tellement touchés par le talent de ces jeunes!

Anne Vilandré