Urbanisme
: Sorel-Tracy doit être
audacieux, selon Gérard
Beaudet
SOREL-TRACY
(Nelson Sergerie) –
Après un passage remarqué en
2005, l'urbaniste et
professeur titulaire à
l'Université de Montréal,
Gérard Beaudet, croit que
l'image visuelle de
Sorel-Tracy n'a pas évoluée.
Invité par la Chambre de
commerce, jeudi dernier,
pour un
dîner-conférence au Marine
Cabaret, l'incisif Gérard
Beaudet a refait un
résumé de ce qu'il a vu et
pense, de cette 2e analyse
de la ville.
Revenant
d'entrée de jeu sur les
commentaires véhiculés lors
de sa visite il y a huit
ans, alors qu'il avait tracé
un portrait peu élogieux du
centre-ville de Sorel-Tracy,
qu'il avait qualifié de «
plutôt moche », M. Beaudet a
voulu préciser certaines
choses :
« Je
ne prétendrai pas faire
partie de la confrérie des
mal cités. Je n'avais pas
évoqué que les mauvais
côtés. J'avais aussi parlé
de certaines choses
intéressantes. Mais on n'a
retenu surtout que j'avais
joyeusement varlopé la
confrérie soreloise »,
dit-il.
Est-ce que le
portrait a changé depuis
2005? « Non », a-t-il lancé
lors de la période de
questions à la fin de sa
conférence.
Les
défis de Sorel-Tracy
L'exemple
de Terrebonne est à suivre
pour dynamiser Sorel-Tracy.
Selon lui, il y a un
parallèle à faire :
« À
une certaine époque, la
problématique vécue par
Terrebonne est semblable à
ce que vit Sorel-Tracy
maintenant. Il y a des
enseignements à tirer. Elle
est la dixième ville en
importance au Québec avec
des équipements de pointe à
tous les niveaux. En 1960,
il n'y avait pas de
spéculation. Au cours des 20
dernières années, la
population a explosé. C'est
une des zones les plus
dynamiques au niveau
métropolitain »,
précise l'urbaniste.
«
Je vous lance un défi de
vous dire ''nous allons être
le Terrebonne des 30
prochaines années''. Vous
avez les ressources, le
potentiel. Vous ne les voyez
pas. Vous ne voulez pas voir
ce qui ne va pas. C'est plus
facile de faire comme si ce
n'était pas là »,
dit M. Beaudet.
L'aspect
historique et la position
géographique sont des
éléments à mettre à
l'avant-plan. Le Vieux-Sorel
et le Vieux-Tracy ont des
potentiels immenses à ses
yeux.
La
présence du Richelieu est
importante à tous les
niveaux. Il y a encore un
bâti industriel de qualité.
«
Le grand défi est comment
assumer la personnalité de
chacun des territoires pour
en faire un tout »,
lance M. Beaudet.
Dans le
secteur du marché,
« une salle de spectacle ne
fait pas à elle seule le
succès d'un lieu. Il faut
que le marché devienne un
lieu privilégié de
requalification de
l'ensemble du voisinage. Il
faut faire qu'on vienne ici
autant pour voir le
spectacle avant pour faire
quelque chose et après pour
faire autre chose »,
spécule l'urbaniste.
Volet
culturel
«
Comment se fait-il qu'on
doive se battre en 2012 pour
un équipement culturel.
Est-ce que tout ce qui a été
fait depuis le début de la
Révolution tranquille a eu
si peu de
conséquence pour en être
encore là aujourd'hui? »,
questionne l'urbaniste à la
suite du débat sur la
rénovation du marché.
Il a tenu
à souligner le bon coup
qu'avait fait la
municipalité de Magog, de
recycler une église
relativement vieille, une
magnifique architecture,
afin de bâtir la
bibliothèque.
«
La municipalité s'est
entêtée et est allée
jusqu'au bout et elle a
réussi. C'est l'une des plus
belles bibliothèques
municipales du Québec »,
dit-il.
Pour lui,
de tels gestes font partie
de la mission fondamentale
des municipalités.
Il s'agit
d'une tendance lourde au
Québec. M. Beaudet explique
qu'il y a eu une mise à
niveau du parc culturel au
Québec, mais se questionne
sur la résistance encore
présente dans certains
milieux. Les conséquences
sont positives, selon lui.
Il lance
une invitation à l'audace
pour le développement futur
de la ville :
« Vous
en êtes à une étape
d'arrêter de vous faire
passer un savon. Vous avez
un défi à relever d'abord et
avant tout pour vous faire
plaisir. Ayez cette poussée
d'orgueil en vous disant que
ce n'est pas vrai qu'on veut
rester sur place »,
conclut M. Beaudet.
Journaliste : Jean Doyon
Rédaction : Nelson Sergerie