Jeudi 4
décembre 2014
Approvisionnement
en produits laitiers au centre
de détention de Sorel-Tracy
Perte
annuelle d’un contrat de 75 000
$ pour la laiterie Chalifoux
Pour des économies de
7000$ !
Par Annie Bourque
«C’est
inconcevable qu’on ne soutienne
pas une entreprise locale. Si le
gouvernement ne soutient pas les
entreprises locales, qui va le
faire ? »-
Marcel Robert, directeur-
général de la Chambre de
commerce et d’industrie
Sorel-Tracy métropolitain.
«Pour 7000
$ d’économies, ça va coûter bien
plus cher en transport! »-
Serge Joyal, président du
syndicat de l’UPA Richelieu-Yamaska.
Le ministère de
la Sécurité publique a confirmé
au
SorelTracy Magazine
que la laiterie Chalifoux ne
vend plus sa production de
fromages et de lait et autres
sous-produits à l’établissement
de détention de Sorel-Tracy qui
accueille 91 détenus.
Depuis
le 1er novembre dernier,
l’entreprise Agropur, située à
Ville Saint-Laurent, est devenu
le seul fournisseur de produits
laitiers qui approvisionnera les
19 établissements de détention
situés dans les différentes
régions du Québec.
«En
vertu de la loi sur les contrats
d’approvisionnement des
organismes publics, il y a lieu
d’aller en appel d’offres pour
des contrats de plus de 25 000
$», explique Clément
Falardeau, responsable des
relations avec les médias au
ministère de la Sécurité
publique, lors d’une entrevue au
SorelTracy Magazine.
L’appel d’offres a été publié en
regroupant les prisons par
région. Le centre de détention
de Sorel-Tracy fait partie de
huit autres établissements
situés à Montréal (Tanguay,
Bordeaux et
Rivières-des-Prairies), Laval,
Saint-Jérôme, Sherbrooke et
Trois-Rivières.
«Le
but est de permettre au
gouvernement d’acheter les
fournitures au meilleur prix
possible et de faire économiser
les citoyens québécois»,
précise M. Falardeau.
Combien le gouvernement fait-il
d’économies?
«Pour
l’établissement de Sorel-Tracy,
cela représente des économies
annuelles de l’ordre de 10 % ou
7 000 $ », indique le
relationniste.
Perte d’un
contrat de 75 000 $
De son côté, l’homme d’affaires
Alain Chalifoux précise que le
contrat de la prison de
Sorel-Tracy représente une perte
annuelle de 75 000 $. La
laiterie leur fournissait
jusqu’à tout récemment une
production de 25 000 litres de
lait et 700 kilos de fromage.
Le vice-président de Chalifoux
explique que son entreprise
ignorait l’appel d’offres qui a
été publié cet automne. M.
Chalifoux dit que les choses
auraient pu être différentes si
ses employés, responsables des
achats, auraient été avisés. Une
exception aurait pu être
peut-être mise de l’avant pour
les laiteries situées à
proximité d’un Centre de
détention. L’entreprise,
Nutrinor, au Lac St-Jean, a-t-on
appris, a perdu aussi le contrat
qui le lie à la prison de
Roberval.
«Tous
les transformateurs comme nous
paient le lait au même prix.
J’aurais pu soumissionner au
moins juste pour la prison de
Sorel-Tracy et peut-être celle
de Trois-Rivières, mais je tiens
à dire que je n’en veux pas à
Agropur qui est un bon
collaborateur»,
ajoute M. Chalifoux.
Réaction de la
Chambre de commerce
Le
directeur-général de la Chambre
de commerce et d’industrie
Sorel-Tracy métropolitain
Marcel Robert s’est montré
surpris du faible
montant «d’économies» de 7 000 $
qui concerne seulement le centre
de détention de Sorel-Tracy.
«Je
conçois mal qu’il s’agit de
grandes économies. Ce n’est pas
une bonne façon de soutenir nos
entreprises locales et surtout
le développement économique.»
«C’est
inconcevable qu’on ne soutienne
pas une entreprise locale. Si le
gouvernement ne soutient pas les
entreprises locales, qui va le
faire ?», ajoute-t-il
du même souffle.
Des observateurs estiment que
des fonctionnaires bien
intentionnés, assis dans leur
bureau ont pensé à un tel moyen
pour économiser.
«La logique sur le terrain, ce
n’est pas d’appauvrir les
régions pour économiser!»,
s’insurge M. Robert.
Une exception
possible ?
De son côté, le président du
syndicat de l’UPA Richelieu-Yamaska,
Sylvain Joyal était surpris par le
montant de 7000 $ d’économies.
«C’est
complètement aberrant»,
s’est-il d’abord exclamé en
ajoutant que la région vit des
moments difficiles avec la perte
du CLD, la fusion de la
commission scolaire.
«Cela
va coûter bien plus cher pour le
transport des produits laitiers
à partir de Ville Saint-Laurent
jusqu’à Sorel-Tracy»,
dit M. Joyal.
M. Joyal est en train d’évaluer
de quelle façon il pourra donner
un coup de main à la laiterie
Chalifoux. Pour sa part, M.
Robert a déjà fait un appel au
ministère de la Sécurité
publique pour revendiquer
l’enjeu de préserver des emplois
en région.
«Il
pourrait y avoir une clause qui
privilégie les entreprises
laitières à proximité de façon à
préserver des emplois locaux»,
dit M. Robert.
De son côté, le responsable des
relations avec les médias au
ministère de la Sécurité
publique Clément Falardeau s’est
montré sensible à cet enjeu.
«On se
doit de suivre les règles»,
soutient-il.
Pourrait-il y avoir une
exception ? lui a-t-on demandé.
«Ce
n’est pas à moi de le
déterminer.»
Il est important aussi d’ajouter
que l’appel d’offres, en
fonction depuis le 1er novembre
dernier, octroie le contrat à
Agropur pour une durée de cinq
ans. Et la nouvelle prison de
Sorel-Tracy qui est présentement
en construction à moins d’un
kilomètre de la Chalifoux
accueillera en 2016 plus de 300
prisonniers, beaucoup que les 91
détenus, actuellement.
De l’avis de plusieurs, il
s’agit d’une incongruité qui
pourrait être défendue au plan
politique. Un enjeu qui sera
sans doute soulevé lors de la
prochaine élection partielle qui
doit se tenir avant le printemps
prochain.
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