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samedi 10 mai 2014

Situation intenable pour une dizaine de producteurs de la MRC Pierre-De Saurel aux prises avec des terres inondées

Par Annie Bourque


Une vue saisissante du champ de la famille Paul permet de voir l’étendue des dégâts causés par les inondations. Crédit : Annie Bourque

Dans la région Pierre-De Saurel, une quinzaine de producteurs vivent une situation particulièrement inquiétante en raison d’inondations récurrentes qui touchent des terres cultivables, réputées pour leur bon rendement et leur qualité.

«C’est comme si nous avions une crue du printemps pratiquement à l’année», explique Benoit Paul de la Ferme JM Paul de Sainte-Anne-de-Sorel, au cours d’une conférence de presse tenue mercredi matin chez lui.


Le président du président du Syndicat de l’UPA de Richelieu-Yamaska Sylvain Joyal et les agriculteurs Patrick Benoit et Clément Paul.


Les journalistes ont constaté de visu ses dires en se rendant jusqu’au bout de sa terre d’une superficie de 180 hectares. Au fond, on aperçoit une immense étendue de champ complètement recouverte d’eau. Juste à côté émerge une lisière d’anciens épis de maïs qui poussaient naguère là-bas.

Cette scène désolante frise aujourd’hui la catastrophe. Depuis une dizaine d’années, la famille Paul accumule les déboires financiers. «Nos pertes frôlent le million de dollars. L’an dernier, nous en avions pour un montant de 180 000 $», explique M. Paul.

L’homme dans la soixantaine et son frère Clément doutent d’être en mesure de semer cette année. «L’an passé, on a fini nos semences le 6 juillet. On craint de ne plus être capable de continuer.»

Situation identique

D’autres producteurs vivent la même situation. Sur sa ferme de Yamaska-Saint-Robert, Patrick Benoit cultive aussi du maïs et du soya. «Environ 25 % de mes terres sont touchées par cette problématique. Cela représente entre 50 000 $ et 80 000 $ de pertes financières environ à chaque année», explique-t-il.

Dans son champ de 375 hectares, il a installé une station de pompage munie d’un tracteur. «Le niveau de l’eau est trop haut. Pour le faire baisser, il faut que je pompe et c’est comme ça que je viens à bout de les égoutter.»

L’agriculteur de 45 ans a songé à utiliser un capteur solaire qui pourrait servir à assécher le sol. Cela représente toutefois un investissement majeur de l’ordre de 50 000 $, une solution qui a été écartée pour le moment.


Patrick Benoit doit se débrouiller avec les moyens du bord en utilisant un moyen rudimentaire comme cette station de pompage pour égoutter les terres. Photo : Courtoisie Patrick Benoit.

Dossier prioritaire

La Fédération de l’UPA de la Montérégie qui a organisé la conférence de presse juge le dossier prioritaire. Le président du Syndicat de l’UPA de Richelieu-Yamaska Sylvain Joyal estime qu’il est urgent d’agir.

«C’est inquiétant de perdre des fermes alors l’agriculture occupe la 2e place au niveau de l’économie de la MRC de Richelieu-Yamaska », soutient Sylvain Joyal, président du Syndicat de l’UPA de Richelieu-Yamaska.

Même son de cloche du côté de Martin Caron, 2e vice-président de la Confédération de l’Union des producteurs agricoles. «Nous allons intervenir auprès des différents ministères dont l’Agriculture et l’Environnement. C’est une question de survie pour nos fermes», allègue Martin Caron, 2e vice-président de la Confédération de l’Union des producteurs agricoles.

Le président de l’UPA de la Montérégie Christian St-Jacques souhaite rencontrer rapidement le nouveau ministre de l’Agriculture Pierre Paradis. «Nous voulons trouver des solutions à court terme pour sauver nos fermes, mais aussi des solutions permanentes et durables.»  «M. Paradis, ajoute-t-il, a toujours été sensible à la réalité des producteurs agricoles. »

La cause de la crue des eaux

Le président du Syndicat de l’UPA de Richelieu-Yamaska Sylvain Joyal a expliqué l’origine du débordement de la rivière Pot-au-Beurre qui se fait principalement entre Sorel et la rivière Yamaska.

«La décision d’installer une digue dans les années 80 a entraîné l’augmentation de sédimentation dans la Rivière Pot au Beurre. En 1985, des efforts pour nettoyer la rivière ont été entrepris, mais ont été interrompus par un conflit entre le MAPAQ et le ministère de l’Environnement. »

Solution rapide ?

Le nettoyage de la rivière, est selon lui, la solution à envisager. Il y a un obstacle majeur. «La MRC Pierre-de Saurel ne peut y entreprendre de travaux puisque le secteur n’est pas sous sa juridiction.»

Une chose est sûre : tous s’entendent sur l’urgence d’agir. Si le gouvernement s’enlise dans la bureaucratie, pourquoi l’UPA ne délierait-elle pas les cordons de sa bourse pour procéder plus rapidement? Selon les observateurs, il faudrait environ 500 000 $ pour effectuer les travaux de nettoyage.

Une source proche de l’UPA explique que l’entretien de la rivière Pot-au-Beurre est sous la juridiction du Ministère du Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques. «Si les producteurs agricoles font eux même le nettoyage, ils peuvent être l’objet de poursuites. Les travaux dans les cours d’eau sont extrêmement réglementés.»

La ferme JM Paul est établie à Sainte-Anne-de-Sorel depuis 1715. Elle y cultive du mais, des céréales et du soya. Une autre année de pertes est intenable pour la famille Paul qui envisage même la fermeture. L’avenir s’annonce difficile pour la 12e génération qui était prête pourtant à prendre la relève.

 

Élaine Zakaïb pas invitée

Si ce dossier est éminemment politique, la députée de Richelieu Élaine Zakaïb était absente de la conférence de presse. On voulait privilégier la présence d’agriculteurs, nous a-t-on dit.
 
«Elle n’a pas été invitée et de toute façon, elle n’aurait pas pu s’y rendre puisqu’elle est en caucus avec les députés du Parti Québécois», a expliqué son adjointe, Suzanne Lalande.
«Mme Zakaïb connait bien le dossier de la Baie Lavallière. Elle est disponible pour aider les agriculteurs si on a besoin d’elle.»
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