mardi 01 avril 2014
La démolition
du manoir Olier : sacrifier
l’arbre pour sauver la forêt

La Colonie des
Grèves de Contrecoeur, avec le
soutien de la ville de
Contrecoeur, procédera
prochainement à la démolition du
manoir Olier, situé à l’extrême
est de son terrain. Pavillon
phare dans l’histoire de la
Colonie, il tombe en désuétude
depuis son abandon au début des
années 2000. Tout espoir de
sauvegarde étant perdu, sa
détérioration est telle que le
conseil d’administration n’a
d’autre choix aujourd’hui que de
se départir de cet édifice, afin
d’assurer la sécurité du site et
l’avenir de la Colonie. Cette
décision est essentielle afin
d’envisager une troisième phase
de rénovations, pour laquelle
nous demandons l’appui des élus
de la région.

Manoir Olier à l’hiver 2010.
Construit entre 1927 et 1929,
selon des plans de l’architecte
Pierre Dupaigne p.s.s.,
également à l’origine de
l’érection de la croix du
Mont-Royal, il fut bâti pour
servir de dortoir aux campeurs
de plus en plus nombreux.
D’architecture Art and Craft, il
imposa son style à tous les
autres pavillons de la Colonie.
Avec le temps et la diminution
des campeurs, sa taille
disproportionnée rendait
difficile son entretien;
d’autant plus que non isolé et
construit sur pilotis, il ne
pouvait être utilisé que
quelques semaines par année. Ne
répondant plus aux normes
actuelles d’hébergement, le
précédent conseil
d’administration dut prendre la
lourde décision de cesser
complètement son utilisation en
2003. Ainsi, depuis plus de dix
ans, son état s’est aggravé de
manière irréversible, ne donnant
d’autre choix aujourd’hui que de
le démolir.
Il s’en fallut de peu pour que
la Colonie des Grèves au complet
ne connaisse le même sort. Sans
le courage des élus de
Contrecoeur et des membres du
conseil d’administration qui en
2006 ont pris la décision de
redonner le site à la population
plutôt que de le privatiser, la
Colonie était menacée de
fermeture. Une relance s’est
alors amorcée, toujours soutenue
par les élus de Contrecoeur,
rejoints par ceux de Sorel-Tracy
et de toute la région, en plus
de la population de la
Montérégie et du milieu des
affaires.
En 7 ans,
c’est près de 1 million de
dollars, provenant pour
l’essentiel de la région, qui
ont été injectés dans les
infrastructures principales de
la Colonie, pour rafraîchir les
lieux et offrir des
installations confortables à une
nouvelle clientèle. Afin de
pouvoir revaloriser les
pavillons qui servent
directement la mission,
l’entretien du manoir fut mis en
suspends en attendant un
financement plus important, qui
ne vint malheureusement jamais,
forçant maintenant
l’administration à prendre la
difficile décision de le
sacrifier, afin d’embellir le
site et de réinvestir l’argent
dans la pérennité des Grèves.
Malgré tout, par différentes
actions symboliques, la Colonie
se fera un devoir de commémorer
l’esprit et l’architecture du
manoir, afin de préserver dans
les mémoires la trace de son
prestige, plutôt que la
cicatrice de son déclin.

M. Mario Gervais,
conseiller municipal de la ville
de Contrecoeur, M. Yves
Beaulieu, directeur général de
la ville de Contrecœur et membre
du conseil d’administration de
la Colonie des Grèves, M. Marcel
Fafard, vice-président du c.a.
de la Colonie des Grèves, M.
François Turcotte, président du
c.a. de la Colonie des Grèves,
Mme Nancy Annie Léveillée,
directrice générale de la
Colonie des Grèves et M. André
Gosselin, conseiller municipal
de la ville de Contrecœur et
membre du c.a. de la Colonie des
Grèves. Photo prise devant le
clocher du manoir Olier 31 mars
2014.
Les travaux seront rendus
possibles grâce à la
collaboration d’entrepreneurs
locaux qui acceptent de donner
temps et effort gracieusement,
en tout ou en partie. On
souligne l’exceptionnelle et
généreuse participation
d’entreprises locales, dont
A.J.L. Bourgeois de Contrecoeur
et Grue Guérin de Sorel-Tracy,
entre autres. Il reste quelques
détails et collaborateurs à
trouver, mais nous sommes
confiants que le projet se fera
à coût minime.
Fondée en 1912, la Colonie des
Grèves de Contrecoeur est un
organisme à but non-lucratif (OBNL),
qui s’est donné pour mission
d’offrir à tous les enfants, et
a leur famille, un endroit de
loisirs et de culture, sans
égard à leur situation
financière. Les Grèves, c’est
aussi l’un des derniers grands
domaines naturels, facilement
accessible, donnant un accès
privilégié sur le fleuve
Saint-Laurent et sur une forêt
centenaire.
Membre du Parc
régional des Grèves, la Colonie
est ouverte à toute la
population et offre des
activités de plein air
gratuites, des locations de
salle et d’hébergement pour
toute la famille et les groupes
de tout genre. Il s’agit d’un
lieu touristique important sur
le territoire de la Communauté
métropolitaine de Montréal (CMM)
en plus d’être une entreprise
d’économie sociale qui participe
significativement au
développement régionale.
Forte de sa relance, la Colonie
regarde son avenir avec
optimisme et projette une
troisième phase de travaux qui
consolidera définitivement sa
progression. Pour ce faire, la
participation des élus de tous
les paliers, de la population
régionale et du privé sera
nécessaire afin de conserver ce
lieu accessible à toute la
population. À une époque où le
déficit nature de nos jeunes est
criant, que l’obésité atteint
des niveaux record, où les
jeunes familles demandent des
accès à des lieux de loisirs et
où l’environnement et le
développement durable deviennent
des enjeux incontournables, une
institution comme la Colonie des
Grèves devient indispensable.
La démolition
du manoir annonce la fin d’un
chapitre, mais pas la fin de
l’histoire. C’est un
avertissement que sans un
soutien unanime et significatif,
la plus ancienne colonie de
vacances francophone en Amérique
du Nord pourrait connaître le
même sort. La population
régionale s’attend à ce que les
instances régionales et
gouvernementales réagissent et
participent à l’essor des
Grèves.
Source : Colonie des Grèves de
Contrecoeur |