lundi 03 mars 2014
L’agrile du
frêne menace de nombreuses
villes québécoises
Par
Bruno Chicoine, ingénieur
forestier
L’annonce de l’abattage de plus
de 450 frênes en raison de
l’agrile à Montréal survient
quelques jours avant la tenue
d’un sommet sur la question le
10 mars prochain. Nous
apprenons en même temps que la
Ville de Gatineau consacrera 1,2
million de dollars en 2014 dans
ce dossier. Sa présence a
également été détectée dans de
nombreuses municipalités de la
Montérégie, à Laval, à
Boisbriand et plus récemment à
Terrebonne. La Ville de Québec
est aux aguets. L’Association
des biologistes du Québec est
préoccupée.
L’agrile du frêne est un petit
insecte venu d’Asie, qui
s’installe discrètement sous
l’écorce de l’arbre et le mène
progressivement à la mort. Il a
été découvert dans le sud de
l’Ontario et au Michigan en
2002. Il a depuis causé la perte
de plus de 100 millions de
frênes, engendrant des dépenses
de plusieurs milliards de
dollars pour les contribuables
et les propriétaires de frênes.
Sa progression est
exponentielle.
Montréal compte 200 000 frênes
sur le domaine public, Gatineau
en compte plus de 30 000, sans
oublier les propriétaires privés
et les boisés naturels. Le coût
de remplacement d’un frêne
infesté peut varier de 1 500 $
pour un petit arbre à 10 000 $
pour un grand arbre situé dans
une zone difficile d’accès! Sans
oublier les conséquences
négatives sur la valeur des
propriétés privées concernées.
Cela dit, l’agrile du frêne est
un tsunami autant écologique que
financier. Certaines rues
bordées de frênes se
retrouveront à nu à la suite de
cette infestation. L’influence
de la qualité de l’air sur la
santé humaine est largement
démontrée. Dans plusieurs villes
américaines, on a même observé
un accroissement des décès
humains attribuables aux
maladies cardiovasculaires
lorsque les précieux arbres
urbains se sont mis à
disparaître en raison de ce
ravageur.
La meilleure option est de
ralentir sa progression.
Effectuer du dépistage précoce
sur l’ensemble du territoire, de
façon à neutraliser le bois
infesté le plus tôt possible,
traiter préventivement les
frênes à conserver et amorcer le
remplacement des autres. On peut
ainsi étaler les coûts et
atténuer l’impact de l’agrile
sur notre milieu. L’expérience
de l’Ontario a démontré qu’il
est moins dispendieux d’investir
à l’avance que de se faire
rattraper par une mortalité des
arbres excédant notre capacité
de réaction.
Nous devons encourager les
efforts de lutte des villes
québécoises pour limiter les
dommages qu’occasionnera
l’infestation de cet insecte
ravageur.
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