mercredi 26 novembre 2014
La Maison
Halte Soleil est à bout de
souffle, financièrement
«Si ça ferme,
ça va être terrible !»
-Manon Durand, aidante naturelle
Par Hélène
Goulet
«La
Maison Halte Soleil, c’est ma
force de continuer. Si ça ferme,
je ne serai pas capable de
continuer, je vais être trop
épuisée. C’est simple, si ça
ferme, ça va vouloir dire deux
placements en institution pour
ma sœur et moi!»
C’est
en ces termes que Manon Durand,
qui agit comme aidante naturelle
auprès de sa sœur handicapée, a
voulu lancer un appel dans le
but de sensibiliser la
population et le gouvernement
sur l’importance d’offrir à la
Maison Halte Soleil un
financement substantiel.
Ce financement
lui permettrait de continuer à
agir comme ressource de
répit-dépannage pour les
familles et les aidants de
personnes vivant avec une
déficience intellectuelle, avec
ou sans handicap physique.
Aujourd’hui, déplore le
directeur général de
l’organisme, Patrice Désilets,
Halte Soleil a dû réduire
considérablement les heures
d’accès au service de
répit-dépannage, maintenant
seulement accessible les fins de
semaines ainsi que les jeudis et
vendredis. Auparavant, la
ressource était accessible 24
heures par jour, sept jours par
semaine.
«On
reçoit présentement 120 000 $ du
Programme de soutien aux
organismes communautaires via
l’Agence de la santé et des
services sociaux de la
Montérégie. Cependant, le cadre
de référence de l’Agence indique
qu’un organisme tel que le nôtre
devrait être financé à la
hauteur de 2 555 001 $, jusqu’à
concurrence de 400 000 $»,
font savoir MM Désilets et
Clément Delisle, trésorier de
l’organisme.
Ces
derniers estiment qu’une
subvention récurrente de 400 000
$ serait nécessaire pour
maintenir ce service unique dans
la région, qui, précisons-le,
demeure beaucoup moins onéreux
que l’utilisation des services
institutionnalisés (CSSS).
«Sans
un rehaussement significatif de
notre financement à la mission
globale, il est difficile, pour
le moment, de savoir quand nous
serons en mesure de reprendre
pleinement nos activités et
services», précise M.
Désilets.
«Cette
baisse de services constitue une
perte énorme pour la population
de notre MRC, car sans une
ressource alternative, les
familles devront maintenant se
retourner vers leur CSSS. Est-ce
vraiment la solution ?»
demande Clément Delisle.
Au printemps dernier, on
espérait recevoir un financement
supplémentaire de l’Agence, mais
les élections au Québec ont
changé la donne. M. Désilets dit
avoir rencontré la ministre
déléguée à la Réadaptation, à la
Protection de la jeunesse et à
la Santé publique, Lucie
Charlebois, qui lui aurait
déclaré qu’il pourrait
éventuellement y avoir du
financement disponible d’ici
deux ans.
La
Maison Halte
Soleil est située au 404, rue
Filiatrault à
Saint-Joseph-de-Sorel
Un répit nécessaire pour les
familles
«Si ça
ferme, je ne sais pas où mon
fils va aller», a
déclaré pour sa part une autre
aidante, Mme Richard, qui a été
hospitalisée à plusieurs
reprises depuis quelques mois et
qui doit l’être encore dans les
semaines à venir. Son fils
Gabriel ne peut pas rester seul
plus d’une heure et se dit très
heureux de pouvoir fréquenter la
Maison, tout comme Serge Danis,
un jeune homme de 20 ans qui a
témoigné de sa joie de
fréquenter Halte Soleil :
«J’aime
ça venir ici, ça passe très
vite!», a-t-il
déclaré.
Halte Soleil est une ressource
unique dans la région, où on
offre un service d’hébergement.
Actuellement, trois personnes
salariées se partagent le
travail. L’organisme est
également soutenu par des
bénévoles, qui doivent suivre
des formations pour pouvoir
mieux intervenir auprès de la
clientèle, qui nécessite des
soins particuliers.
«Ce
n’est pas évident de former des
bénévoles, ça demande un grand
savoir-faire de la part du
bénévole», note de
son côté Martin Legault,
éducateur au Centre de
réadaptation en déficience
intellectuelle de la Montérégie
(CRDI). Et quand ils sont
formés, ils partent, laisse
tomber une autre intervenante.
Fondée en 1986, la Maison Halte
Soleil a d’abord été soutenue
par la congrégation des Sœurs
St-Joseph, avant que l’Agence de
santé et de services sociaux
finisse par subventionner
l’organisme dans le cadre de son
programme de Soutien aux
organismes communautaires, en
2001.
À cette époque, la subvention
était de 12 000 $ et a été
haussée jusqu’à 120 000 $, ce
qui n’est pas encore suffisant
pour combler tous les besoins
actuels. L’utilisation de
bénévoles, de moins en moins
nombreux, ne peut plus non plus
permettre d’offrir des services
continus.
|