mardi 21 octobre 2014
Après le
passage du Minerva Gloria,
l’UNESCO appelée à protéger un
site du patrimoine mondial
En réaction au
premier passage du Minerva
Gloria sur le fleuve
Saint‑Laurent le mois dernier
transportant une cargaison de
bitume albertain, le Conseil des
Canadiens a envoyé une lettre à
l’Organisation des Nations Unies
pour l'éducation, la science et
la culture (UNESCO) l’exhortant
à intervenir pour protéger la
Réserve mondiale de la biosphère
du Lac-Saint-Pierre située sur
la route maritime.
L’UNESCO est déjà
intervenue par le passé pour
protéger des sites du patrimoine
mondial, notamment lorsque
l’exploitation minière menaçait
la pérennité de la Grande
Barrière de corail, en
Australie.
« Ces
cargaisons de pétrole extrait
des sables bitumineux passent
beaucoup trop près de l’une des
plus belles merveilles
naturelles du Québec »,
a déploré Maude Barlow,
directrice nationale du Conseil
des Canadiens.
« Nous
sommes extrêmement préoccupés
par les conséquences que
pourrait avoir un déversement au
Lac‑Saint‑Pierre et dans les
cours d’eau environnants. »
La Réserve
mondiale de la biosphère du
Lac-Saint-Pierre, établie en
2000, est située sur le fleuve
Saint‑Laurent à l’est de
Montréal, entre Sorel‑Tracy et
Trois‑Rivières.
Le 24
septembre, le Minerva Gloria
affrété par Suncor quittait le
port de Sorel‑Tracy, près du
Lac‑Saint-Pierre, avec à son
bord 700 000 barils de brut
lourd à destination de la
Sardaigne, en Italie. Le navire
de 250 mètres de long et de 44
mètres de large, chargé de
pétrole extrait des sables
bitumineux de l’Alberta et
acheminé au port pétrolier
québécois par train, a notamment
traversé la portion étroite et
peu profonde des eaux
intérieures du Lac‑Saint-Pierre.
Un deuxième navire en route pour
Sorel‑Tracy afin de récupérer du
pétrole des sables bitumineux a
notamment été interdit de départ
en raison d’une pompe à incendie
défectueuse.
Avec 90 pour cent
de son territoire encore à
l’état naturel, le
Lac‑Saint-Pierre serait dévasté
si un déversement devait se
produire. Les maires des
municipalités situées en bordure
du fleuve Saint‑Laurent, y
compris le maire de Sorel‑Tracy
monsieur Serge Péloquin, ont
prévenu qu’ils ne disposaient
pas des capacités techniques ou
financières pour nettoyer un
déversement. Toutefois, en dépit
d’un règlement fédéral exigeant
des sociétés pétrolières une
capacité de nettoyage pour tout
chargement de 10 000 tonnes et
plus, le Minerva Gloria en
transportait environ 15 fois
plus. La
lettre rédigée par Mme Barlow et
le directeur général du Conseil
des Canadiens Garry Neil
rappelle que tout accident qui
surviendrait dans les eaux du
Saint-Laurent mettrait
automatiquement en péril la
Réserve de la biosphère du
Lac‑Saint-Pierre ainsi que sa
désignation de site Ramsar.
«
Nous vous prions d’intervenir
pour demander à Suncor de cesser
le transport de brut lourd par
navire afin de protéger la
Réserve mondiale de la biosphère
du Lac-Saint-Pierre. Nous avons
demandé aux autorités du Canada
et du Québec de procéder à une
évaluation environnementale
exhaustive et de tenir une
consultation auprès de la
population. » |