dimanche 06 décembre 2015
Loi pour
renforcer la lutte contre le
tabagisme
Les
commerçants de cigarettes
électroniques écopent
Par Stéphane
Martin
Le projet de loi
44 pour renforcer la lutte
contre le tabagisme adopté à
l’unanimité la semaine dernière
laisse un goût amer dans la
bouche des commerçants de
cigarettes électroniques. Leur
réalité a changé du jour au
lendemain et aucune période de
transition ne leur a été
accordée. Manuel Lavallée,
propriétaire des boutiques Evape
à Sorel-Tracy et Contrecoeur n’y
échappe pas.
Toute forme de
fumée est désormais interdite
dans les lieux publics, faisant
en sorte que les clients ne
peuvent plus essayer les
produits avant de les acheter ou
encore tester l’équipement
acheté.
« Encore cette semaine, une
cliente de plus de 70 ans est
venue me voir, car elle n’est
pas capable d’ajuster sa
batterie. C’est de l’équipement
électronique, il y a des boutons
et elle a de la difficulté.»
« Habituellement, elle vient
ici, on lui ajuste, elle prend
une touche et si c’est trop fort
ou pas assez et on lui rajuste.
Là, on ne peut plus faire ça. Il
faudrait que je l’envoie chez
elle pour essayer le produit et
qu’elle revienne, ça n’a pas
d’allure ! C’est comme demander
à quelqu’un de réparer un
ordinateur, mais qu’il n’ait pas
le droit de l’allumer »,
commente Monsieur Lavallée.
Ce dernier
soutient que la majorité de ses
clients ont cessé le tabagisme
avec la cigarette électronique.
Il craint maintenant que ses
nouveaux clients retournent au
tabac puisqu’ils ne peuvent
tirer le meilleur de leur
expérience d’achat.
«
Lorsqu’un nouveau client entre
ici et veut cesser de fumer, on
doit l’orienter comme il faut.
Nous devons savoir quelle
quantité de cigarettes il fumait
pour ajuster le taux de nicotine
dont il a besoin. Il doit
également l’essayer pour
confirmer son choix. Maintenant,
il faut procéder par essai et
erreur. Le client qui retourne
chez lui et qui n’est pas
satisfait va retourner à la
cigarette traditionnelle ».
Site
internet fermé et tablettes
vides
Encore la
semaine dernière, ces tablettes
étaient garnies de produit à
essayer. Désormais, on n’y
retrouve qu’un simple catalogue
pour indiquer les saveurs
disponibles.
Manuel Lavallée
n’a pas l’intention d’être
rebelle et de ne pas se
conformer. Pour lui, la loi,
c’est la loi et il compte la
respecter. Ainsi depuis jeudi
dernier, il a vidé les tablettes
qui contenaient des échantillons
de saveurs à essayer et il a
fermé son site internet.
« Une
page web, c’est un gros
catalogue. Si on dit qu’on a
plus le droit de faire de la
publicité, il faut la fermer. Le
problème, c’est que nos produits
entrent maintenant dans la loi
du tabac, mais il n’y a pas de
tabac dans nos produits. Pour
combattre la dépendance au
tabac, il y a de la nicotine
dans nos liquides, mais il y a
aussi d’autres liquides sans
nicotine. Essentiellement, on
parle de glycérine que l’on
retrouve en pharmacie, de
saveurs artificielles que l’on
retrouve à l’épicerie et de
propylène glycol que l’on
retrouve dans plein de produits
à la maison. Nous ne sommes pas
un produit du tabac ».
La commission
parlementaire qui a mené à
l’aboutissement du projet de loi
44 aura permis de faire entendre
différents spécialistes de la
santé sur la cigarette
électronique. Parmi eux, les
docteurs Gaston Ostiguy et
Martin Juneau, respectivement
pneumologue et cardiologue ont
plaidé en faveur du vapoteurs.
Ce qui désole Manuel Lavallée,
c’est que le gouvernement semble
avoir fait la sourde d’oreille
face à ces experts.
«
Ils n’ont pas retenu une seule
recommandation des spécialistes
de la santé. Le docteur Martin
Juneau travaille avec les gros
fumeurs qui ont des maladies
cardiaques. Il voit les effets
de la cigarette et il a été
catégorique en disant que plus
les gens vont vapoter, plus ils
délaissent le tabac. Aujourd’hui
le gouvernement dit que plus les
gens vont vapoter, plus ils vont
sévir. Ils n’ont rien compris.
Nous avons la meilleure
alternative au tabac et nous
nous faisons mettre des bâtons
dans les roues comme si nous
étions un produit du tabac ».
Dans les
prochaines semaines,
l’Association canadienne du
vapotage va tenter de faire
pression sur le gouvernement
pour assouplir la réglementation
pour ses commerçants.
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