Dossier de
la Baie Lavallière :
Les
producteurs se disent victime de
14 ans d’inertie
Par
Stéphane Martin
Une
quinzaine de producteurs
agricoles en compagnie, à
l'arrière, de Martin Caron,
Sylvain Joyal et Christian
Saint-Jacques
Une quinzaine
d’agriculteurs du secteur de la
Baie Lavallière ainsi que des
dirigeants de l’Union des
producteurs agricoles et la
Fédération de l’UPA de la
Montérégie étaient réunis mardi
matin afin de dénoncer une
situation qu’ils disent endurer
depuis 14 ans.
Les travaux d’aménagement,
effectués dans les années 80,
rendent l’agriculture de plus en
plus difficile à pratiquer. Des
inondations surviennent à
n’importe quel moment de l’année
faisant en sorte que l’eau ne
s’écoule plus et la terre
n’offre plus le rendement
nécessaire à la récolte.
Sylvain
Joyal, Martin Caron et Christian
Saint-Jacques
Les dirigeants de
l’UPA rappellent qu’un ouvrage
de retenue des eaux à la
confluence du fleuve
Saint-Laurent, de la rivière
Yamaska et du bassin versant de
la baie de Lavallière, dans la
MRC de Pierre-de Saurel, cause
des problèmes majeurs aux
producteurs agricoles de ce
secteur. Ils ont engagé Miroslav
Chum, un ingénieur expert en
cours d’eau. Selon ce dernier,
cet ouvrage (digue, déversoir et
barrage) serait la principale
cause des inondations répétées.
« Ce
qu’on demande, c’est que le
barrage et la digue soient
éliminés pour permettre
l’écoulement des eaux dans la
rivière. On a fait faire des
études par un spécialiste et le
résultat nous prouve que c’est
le barrage qui a causé la
situation catastrophique que les
agriculteurs vivent depuis
plusieurs années »,
commente le président de la
Fédération de l’UPA de la
Montérégie, Christian
Saint-Jacques.
C’est maintenant
par des moyens judiciaires
qu’ils comptent faire avancer
les choses. Martin Caron est le
2e vice-président de l’UPA :
« Ce
que l’on veut, c’est faire de la
pression sur notre gouvernement,
le Ministère de la Faune, le
MAPAQ et la MRC. Suite à l’envoi
d’une mise en demeure, ils
doivent aviser légalement leurs
assureurs. Il faut défaire le
barrage et on exige qu’un
entretien de cours d’eau se
fasse dans la prochaine année
afin que le milieu redevienne
naturel. Nous demandons
également un dédommagement pour
les pertes encourues au cours
des dernières années. Le premier
outil d’un producteur, c’est la
terre. Quand tu n’es pas capable
de semer, quand tu n’es pas
capable de cultiver, c’est
inacceptable. Les producteurs
aujourd’hui sont là pour des
gestes concrets. On fait face à
14 ans d’inertie. On exige de
notre gouvernement qu’il prenne
les décisions nécessaires afin
de rendre la terre aux
travailleurs ».
La
situation n’affecterait pas que
les producteurs agricoles, mais
aurait également un impact sur
la faune du secteur. Brandissant
une plaque représentant
l’échantillon d’un érable,
l’acériculteur Georges
Dutil (à droite)
prévient que le temps est compté
pour la forêt avoisinante :
« L’eau
s’en va dans les boisées, j’ai
une sucrerie 5 000 érables et
vous pouvez voir dans quel état
ils sont. J’ai fait expertiser
le bois par firme de Lavaltrie,
ils disent que nos arbres
souffrent d’un stress hydrique.
Si rien n’est fait pour retirer
l’eau du sol, la survie des
arbres est menacée sur une
échelle des dix prochaines
années. Dans dix ans, tout le
bois aux alentours de la Baie
Lavallière va mourir » !
« En 14
ans, on a donné trop de chances.
Il y a des entreprises qui vont
fermer. Ça représente des pertes
d’emploi pour la région. Si le
gouvernement ne veut pas faire
des gestes concrets, il portera
l’odieux de ces fermetures »,
conclut Christian Saint-Jacques.
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