Colloque sur la
santé mentale
Les signes à
reconnaître et les actions à
prendre
Par
Annie Bourque
«Si un employé ne
va pas bien, c’est
sa responsabilité
d’aviser son
employeur»-
Dr Louis Lavergne,
médecin au CLSC
Gaston-Bélanger
«Les gens ont
peur d’entrer en
arrêt de travail.
Pour plusieurs, le
travail, c’est
souvent le dernier
endroit où ça va
bien dans leur vie»-
Dr Michèle Cinq
–Mars, médecin chez
Rio Tinto Fer et
Titane.
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Au Québec, 1
personne sur 4 souffre d’un
problème de santé mentale.
Comment dépister ces
travailleurs aux prises avec une
dépression, l’alcoolisme ou
dépendances au jeu ou aux
drogues? Quelles sont les pistes
de solutions pour les
employeurs? Ces questions ont
été abordées lors d’un colloque
sur la santé mentale qui s’est
tenu vendredi matin.
Organisé par la
Chambre de commerce et
d’industrie de Sorel-Tracy, ce
déjeuner-rencontre a permis aux
employeurs d’échanger sur la
problématique de la santé
mentale, un sujet encore tabou,
aujourd’hui.
La
vice-présidente aux opérations à
la laiterie Chalifoux, Mélanie
Chalifoux a animé avec brio ce
colloque mettant en lumière les
principaux enjeux.
«Personne n’est à l’abri d’une
maladie mentale, affirme-t-elle.
En tant qu’employeur, il faut
travailler à supporter les
employés qui ont ce genre de
problème.»
Le Dr Louis
Lavergne, médecin au CLSC
Gaston-Bélanger a commencé son
allocution en citant le célèbre
homme d’affaires Richard Branson
qui a déjà dit :
«Soignez vos employés et ils
soigneront votre entreprise.»
Dr Lavergne a
expliqué les différentes
pathologies liées aux problèmes
de santé mentale: dépression,
anxiété, phobies, troubles
obsessifs-compulsifs, abus et
dépendance à l’alcool, aux
drogues, cyberdépendance,
troubles bipolaire. Il a abordé
aussi le Trouble déficitaire de
l’attention avec ou sans
hyperactivité (TDAH), un trouble
neurologique qui s’accompagne
souvent d’anxiété, dépression et
de dépendance.
Les signes
Comment
reconnaître les symptômes d’une
maladie mentale chez les membres
de son personnel?
«D’abord, l’employé aura de la
difficulté à planifier et
organiser son travail, bref à
donner son plein rendement.»
L’employeur
constatera aussi de nombreuses
absences ou des retards dans la
livraison du travail.
Concrètement, cela se traduit
par l’accumulation d’erreurs ou
d’accidents.
Dr Lavergne a
parlé du phénomène du
présentéisme, un mal insidieux.
«La
personne est présente au
travail, mais elle ne donne pas
son plein rendement.»
Au plan physique,
des changements sont
perceptibles. La femme ou
l’homme aura tendance à négliger
son apparence ou sa tenue
vestimentaire.
Au plan du
caractère, l’employé a tendance
à changer.
«Jean-Marc le pacifique
devient plus agressif et s’en
prend à ses collègues.»
D’autres, habitués à faire des
blagues deviennent tristes ou
taciturnes.
Dans son
allocution, Dr Lavergne a parlé
de l’importance d’agir
rapidement dès le constat d’un
problème.
«L’employeur doit alors
parler avec intention –savoir ce
qui se passe – et avec
attention, soit écouter la
personne. »
Traitements
Dès que la
personne est prise en charge, il
existe plusieurs traitements
possibles dont une médication
dans certains cas ou une
psychothérapie.
Dans sa
présentation, le médecin du CLSC
Gaston-Bélanger a parlé de
responsabilisation.
«Si un
employé ne va pas bien, c’est sa
responsabilité d’aviser son
employeur.»
Plus tard, sa
collègue médecin chez Rio Tinto
Fer et Titane, le Dr Michèle
Cinq-Mars a eu un autre son de
cloche.
«Les gens ont peur d’entrer
en arrêt de travail. »
Pour plusieurs, il s’agit d’une
bouée.
«Le travail, c’est souvent
dernier endroit où ça va bien
dans leur vie. »
En période de coupures,
plusieurs craignent aussi de
perdre leur emploi s’ils avouent
à leur employeur un problème lié
à la santé mentale.
Dr Lavergne
recommande aux employeurs d’être
créatifs et de mettre en place
une procédure pour emmener
l’employé à recevoir de l’aide
rapidement.
Le retour au travail est aussi
une période importante.
«Quand
l’employé revient au travail,
c’est assez rare qu’il soit
accueilli avec des ballons,
ironise-t-il. Il faut mettre en
place un retour au travail
progressif. »
«Au retour, a ajouté sa collègue
Cinq-Mars, on n’est pas obligé
de parler de notre dépression à
nos collègues. »
Baisser les bras
oui ou non
Dans la salle,
une chef d’entreprise a laissé
entendre qu’elle avait «tout
essayé avec un employé. Faut-il
baisser les bras?
«Oui,
mais ce n’est pas souhaitable»,
a répliqué le docteur Lavergne.
«Le travail ressemble à une
situation en couple. Si on se
bute à un problème avec son
conjoint. On peut faire cet
exercice: C’est quoi tes
besoins, tes attentes? Quels
changements peut-on
entreprendre? »
Certains vont
préférer prendre la fuite et
quitter son travail. Parfois, il
suffit juste un changement de
poste pour régler un problème.
«La
personne n’est pas dans la bonne
job», a-t-on dit.
Durant la
table-ronde, Annick Richer
propriétaire chez Tim Hortons, a
expliqué être démunie face aux
problèmes qui affectent certains
de ses employés.
«Un
employé est allé à l’urgence qui
l’a référé au CLSC»,
a-t-elle raconté.
Des pairs aidants
Dans son mot de
la fin, la médecin de l’usine
Rio Tinto Fer et Titane, le Dr
Michèle St-Marc a parlé de la
mise sur pied d’un comité de
pairs aidants formé d’employés
qui vient en aide aux autres.
De son côté,
Robert James Borris, chef
d’administration des programmes
de santé mentale et dépendances
au CISSS ME a parlé des
ressources existantes. Il a
terminé son allocution en
mentionnant un numéro de
téléphone qui est la porte
d’entrée pour de l’aide :
450-746-4545 poste 5133. En
cas de pensées suicidaires, il
existe aussi le Centre de
prévention suicide Pierre de-Saurel
qui est devenu La Traversée. Des
intervenants accueillent les
gens au téléphone ou pour un
court séjour : 450 746-0303
Ligne d’intervention provinciale
: 1 866
APPELLE (1 866 277-3553
Signes à reconnaître
pour les employés
qui tentent de
surmonter un
problème de santé
mental.
-Difficulté de
concentration, de
supporter la
pression le stress
et rencontrer le
respect des
échéanciers et
l’horaire de
travail.
-Incapacité
d’accomplir
plusieurs tâches à
la fois.
Quoi
faire du côté de
l’employeur
-Évaluer les
habiletés et
expertises de
l’employé.
-Mettre en place une
mesure ou un plan
qui s’avère la plus
efficace pour
traiter l’employé.
-Assurer un suivi
auprès de l’employé.
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Saviez-vous que ?
- Les
troubles mentaux
incluant
l’alcoolisme et la
toxicomanie comptent
parmi les plus
importantes causes
d’absentéisme au
travail.
-Selon des calculs
qui tiennent
comptent des coûts
indirects,
l’économie
canadienne perdrait
jusqu’à 30 milliards
de dollars par année
à cause des
problèmes de santé
mentale et
toxicomanie. |
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