À qui
appartient le Fleuve ?
La conférence de
Serge Bouchard a fait salle
comble
La conférence de
Serge Bouchard organisée par le
Regroupement citoyen contre
les bitumineux le 23
septembre dernier a été
un franc succès. L’auditorium du
Cégep était rempli, les 220
billets disponibles ayant tous
été vendus.
Lors de sa
conférence, M.Bouchard a su
captiver son auditoire. Il nous
a donné des pistes de réflexion
fort intéressantes et a posé des
questions pertinentes.
Il nous a parlé
du Fleuve, ce «parchemin de
nos souvenirs», que nous
avons malmené aux cours des
siècles derniers en l’utilisant
comme égout pour transporter
tous nos rejets, en faisant
disparaître plusieurs marais,
en le réduisant à être une voie
de transport maritime. Nous en
avons fait «un fleuve
utilitaire, nous avons
instrumentalisé le Fleuve»
sans égard à sa beauté, à la vie
qu’il abrite. « Nous n’avons
aucun orgueil du Fleuve»
nous a-t-il dit.
Puis, il a fait
un retour dans le passé, au 19e
siècle, alors que nous vendions
notre territoire à des
compagnies étrangères. Nous
avons vendus des centaines de
kilomètres de forêt, nos lacs et
nos rivières à des compagnies
privées pour qu’elles les
exploitent. Croyait-on agir dans
l’intérêt de la population en
«donnant le pays» ? Croit-on
agir dans l’intérêt des
Québécois en donnant nos
ressources, notre eau potable
pour qu’elle se vende en
bouteille, en donnant notre
Fleuve …, car aujourd’hui, nous
faisons la même chose qu’il y a
150 ans, nous donnons notre
territoire. Nous donnons le
Fleuve aux compagnies pour en
faire un instrument de
transport. Pourtant, le Fleuve
c’est beaucoup plus que cela,
c’est l’eau potable de 3
millions de Québécois, c’est le
cœur du Québec, et nous sommes
en train de le donner. M.
Bouchard a utilisé une belle
formule en nous disant que
lorsqu’ il prenait plaisir à
regarder le Fleuve, il voyait «passer
le temps de tout ce qui allait
nous échapper.»
Il nous a aussi
fait remarquer qu’aujourd’hui
nous ramenons tout à la
dimension économique, que ce
soit l’éducation,
l’environnement, la santé,
l’aménagement du territoire,
etc., ce qui nous empêche
d’avoir de véritables débats de
fond sur ce que nous voulons
faire avec le pays que nous
habitons, ce qui nous empêche
d’avoir un véritable projet de
société qui pourrait nous faire
rêver et nous réunir.
Enfin, il nous a
offert une piste de réflexion
intéressante en demandant si
nous sommes capables de «créer
de la richesse sans détruire le
monde». «Pourquoi ne
pourrions-nous pas nous donner
une charte du Fleuve? Pourquoi
ne pourrions-nous pas nous
donner une charte de l’eau ?»
Serait-ce là un bon moyen
pour décider collectivement de
ce que voulons faire de notre
Fleuve et de notre eau, un bon
moyen de protéger notre trésor
national et d’indiquer
clairement que non, notre Fleuve
n’est ni à donner, ni à vendre.
Que notre Fleuve est beaucoup
plus qu’un instrument
économique.
Denis Robillard
Pour le Regroupement citoyen
contre les bitumineux |