mercredi 10 août 2016
À
Contrecoeur
Ouverture d’un
3e restaurant pour Zak Khuon
Par Annie
Bourque
L’honnêteté,
c’est un passeport
pour la vie-
Sak Khuon
|
Sak Khuon pose
fièrement devant
l’enseigne de
son restaurant à
Contrecoeur qui
porte le nom de
Sakina, prénom
de sa f |
Il souhaitait un
emplacement sur la 132. Un
chiffre symbolique pour celui
qui a ouvert son premier resto
sur la 132 à Cacouna, près de
Rivière-du-Loup. C’était en
1997. Sak Khuon avait alors 23
ans. Histoire d’une réussite
d’un immigrant qui a travaillé
sans répit pour atteindre son
objectif.
En cette fin d’après-midi d’été,
en face de la Marina de
Contrecoeur, les visiteurs
admirent la beauté du site.
Accoudés sur la passerelle, ils
peuvent voir les bateaux à
moteur s’aventurer sur le
fleuve.
De l’autre côté
de la rue, les automobilistes
aperçoivent une nouvelle
enseigne « Sakina » plantée en
face de l’ancien restaurant
français Le Château qui a été
vendu en février dernier en
raison de la retraite des
propriétaires, Michel et Michèle
Baril.
« J’ai
sauté sur l’occasion. Le
restaurant est bien spotté »,
dit Sak, en reprenant
l’expression québécoise bien
connue. Avec un brin de fierté,
il montre l’endroit.
« Ici,
juste en face, il pourrait y
avoir l’an prochain une terrasse
avec des tables et des chaises.
»
Juste en face, on aperçoit
cette superbe vue de la Marina
de Contrecoeur
Son enfance
Son parcours est
particulièrement inspirant.
L’homme d’origine cambodgienne
est arrivé au Canada au début
des années 80. Il avait sept ans
et demi. Il ne parlait aucun mot
de français.
« Je
viens d’un régime de génocide
dans lequel j’ai perdu mes
parents »,
raconte-t-il.
Entre 1975 et 1979, son pays est
dirigé par les Khmers rouges *
qui privent les Cambodgiens de
leur liberté de déplacement et
de commerce. Toutes les
démonstrations d’affection ou de
colère de même que les
plaisanteries sont strictement
interdites. Le régime
totalitaire dépasse
l’entendement. On interdit même
aux parents d’aller voir leurs
enfants malades à l’hôpital !
Proche de sa famille
En arrivant au Québec, dans les
années 80, Sak a toujours compté
sur l’appui inestimable de sa
famille d’origine cambodgienne.
« J’ai
été capable de réussir grâce au
soutien de mes beaux-frères et
de mes belles-sœurs »,
explique-t-il.
En 2004, il se rapproche de
notre région en ouvrant un
restaurant à Verchères.
Régulièrement, il accueille
alors des clients originaires de
Sorel. Ces derniers l’incitent à
venir s’établir dans la région.
Voici la façade du restaurant
Sakina à Contrecoeur
Trois commerces
Aujourd’hui, plusieurs
l’appellent par son prénom, Sak.
Les habitués le tutoient. Fidèle
à sa clientèle, il tente d’être
présent dans ses trois
établissements situés sur le
boulevard Fiset, sur la rue
Prince et depuis le 15 juin, sur
le boulevard Marie-Victorin, à
Contrecoeur.
À 42 ans -il les aura le 10
août- Sak est aussi le papa de
deux enfants âgés de 10 et 2
ans. Sa conjointe est enceinte
d’un troisième. Il tente de
concilier travail-famille.
« Mon
plaisir, dit-il, c’est de voir
mes enfants heureux quand on
roule ensemble en voiture. »
Ce grand sensible est
particulièrement ébranlé par les
images d’enfants du Tiers monde
qui vivent dans des conditions
difficilement tolérables.
« Je
l’ai vécu cette misère-là.
J’aimerais un jour pouvoir aider
ces enfants des pays
défavorisés. »
Son inspiration
En affaires, Sak dit être
inspiré par le parcours du
pharmacien Jean Coutu qui a
ouvert son premier commerce en
1969. Aujourd’hui, le réseau
compte 380 succursales.
Dans le domaine de la
restauration, il est important
de bien s’entourer. Que
représente un bon employé pour
Sak ? Ce sont des gens qui
s’investissent avec cœur et
passion.
« Un bon employé c’est aussi
quelqu’un qui est capable
d’avouer ses erreurs et de se
corriger par la suite.
L’honnêteté, c’est un passeport
pour la vie. »
Contexte économique
Au moment de l’entrevue, Sak
parle du contexte économique
actuel.
« Il y a une certaine
saturation de restaurants
asiatiques. En même temps, le
pouvoir d’achat des gens n’est
plus le même qu’avant. Je
constate que les gens sont plus
stressés. »
Le sympathique restaurateur a
décidé de saisir une opportunité
d’affaires en acquérant l’ancien
restaurant Le Château. À
Contrecoeur, la population est
en pleine croissance.
« Je
rencontre ici de nouveaux
clients qui viennent de
s’installer dans la région. »
L’avenir s’avère prometteur avec
le projet d’agrandissement du
terminal portuaire à Contrecœur.
Un développement synonyme de
création d’emplois et de
l’arrivée de nouvelles familles.
Quoi de demander de mieux ?
*
Le Programme d'Étude sur le
génocide cambodgien de
l'université Yale évalue le
nombre de victimes à environ 1,7
million, soit plus de 20 % de la
population de l'époque. Chassés
du pouvoir au début de 1979 par
l'invasion vietnamienne du
Cambodge, les Khmers rouges
mènent ensuite une nouvelle
guérilla, jusqu'à leur
disparition à la fin des années
1990.
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