lundi 29 août 2016
La protection
de l’eau potable avant les
hydrocarbures
Appel à la
mobilisation de toutes les
municipalités québécoises et des
citoyens pour s’opposer au
projet de loi 106
Montréal, le 26
août 2016. Huit maires et
mairesses provenant de diverses
régions du Québec lancent un
appel à toutes les municipalités
québécoises pour s’opposer au
projet de loi sur les
hydrocarbures du gouvernement du
Québec, qui menace les sources
d’eau potable au Québec et qui
retire les compétences
municipales. Réunis en
conférence de presse à Montréal,
les maires d’Anticosti, de
Ristigouche Sud-Est, d’Austin,
de Batiscan, de
St-Antoine-de-Tilly, de
Sorel-Tracy, de Lanoraie et de
Nantes invitent également les
citoyens du Québec à se
mobiliser pour défendre leur
droit de propriété et leur accès
à l’eau potable qui sont
compromis par le projet de loi.
Les municipalités
assument tous les risques et ne
sont pas consultées
« Le
projet de loi sur les
hydrocarbures donne carte
blanche aux promoteurs et
augmente les risques de
contamination de nos sources
d’eau potable. Les municipalités
n’ont pas un mot à dire. Les
citoyens non plus. On nous
demande d’assumer tous les
risques et nous n’avons aucun
droit au chapitre. C’est
inadmissible. »
affirme Serge Péloquin, maire de
Sorel-Tracy, en précisant que le
gouvernement du Québec a déjà
accordé de nombreuses licences
d’exploration d’hydrocarbures en
Montérégie et plus spécialement
dans la Vallée du St-Laurent.
Le gouvernement
n’a pas la volonté de protéger
l’eau potable
Les municipalités rappellent que
le règlement sur le prélèvement
des eaux et leur protection (RPEP)
adopté par le gouvernement en
2014, sans consulter les
municipalités, est insuffisant
et inadéquat et n’assure aucune
protection réelle des sources
d’eau potable.
« Et
depuis 2 ans, plus de 330
municipalités au Québec,
représentant près de 1,2
millions de citoyens, font des
démarches pour obtenir une
dérogation à ce règlement afin
d’augmenter les distances entre
les forages et les sources
d’eau, mais le gouvernement n’a
pas encore bougé. Et maintenant,
on nous arrive avec le projet de
loi 106, qui en plus d’augmenter
les risques du RPEP, vient
charcuter nos compétences
municipales en regard de la
protection de nos territoires.
C’est inquiétant »
ajoute Gérard Jean, maire de
Lanoraie et porte-parole du
Comité de pilotage de la
Démarche commune des
municipalités qui réclament une
dérogation au RPEP.
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Des compagnies
pétrolières qui ont plus de
droits que les municipalités
Pour le maire de
Ristigouche-sud-est, François
Boulay
« Le gouvernement du Québec n’a
pas la volonté de faire valoir
les intérêts des citoyens. Et
les compagnies pétrolières
abusent déjà de leur pouvoir
pour nous imposer leurs projets.
Notre municipalité de 168
habitants fait l’objet d’une
poursuite de 1,5 millions $ de
la pétrolière Gastem parce que
nous avons adopté un règlement
pour protéger notre eau potable.
Et le gouvernement du Québec est
incapable d’intervenir. Et le
projet de loi 106 va empirer la
situation en donnant priorité
aux promoteurs, qui pourront
passer par-dessus la volonté
municipale. »
Même écho du côté
d’Anticosti où le maire John
Pineault explique que malgré
l’opposition de la municipalité,
de la MRC de la Minganie et la
démarche de la nation Innue qui
conteste les certificats
d’autorisation émis par le
MDDELCC pour faire de la
fracturation hydraulique sur
l’île, la compagnie Pétrolia va
aller de l’avant avec des
forages exploratoires.
« La
pétrolière va puiser 30 millions
de litres d’eau dans nos
rivières à saumon. Et le
gouvernement donne son aval à
cette folie. Avec le projet de
loi 106, ça va être encore pire
puisque les droits des
compagnies vont avoir préséance
sur les schémas d’aménagement et
de développement des
municipalités. On va perdre tous
nos droits. »
Des municipalités
qui manquent déjà d’eau potable
Pour Christian Richard, maire de
Saint-Antoine-de Tilly, la
protection de l’eau potable est
un enjeu réel
« Notre
municipalité connait des
épisodes de pénurie d’eau
potable à chaque été. Après 10
ans de recherches et des
milliers de dollars investis,
nous venons enfin de trouver une
nouvelle source souterraine pour
nous approvisionner. Avec le
projet de loi sur les
hydrocarbures, cette source
pourrait se retrouver compromise
par des projets d’exploration et
d’exploitation de gaz. C’est
très inquiétant. »
« À
Batiscan et dans toute la
région, la protection de nos
sources d’eau potable est déjà à
risque avec les trains et les
mégas pétroliers. Et la menace
est bien réelle, nous n’avons
qu’à penser au cas de Lévis,
avec la contamination de la
rivière Chaudière, qui a obligé
la ville à s’approvisionner
ailleurs pendant plusieurs mois.
Le projet de loi 106 sur les
hydrocarbures vient augmenter
les risques de contamination. »
ajoute Sonya Auclair, mairesse
de Batiscan.
Le projet de loi
106 dépouille les citoyens de
leurs droits
« Non
seulement le projet de loi
sabote nos compétences
municipales et met en péril la
protection de notre eau potable,
mais il donne un droit
prioritaire aux compagnies
pétrolières d’entrer sur les
terrains de nos citoyens, qui ne
peuvent s’y opposer réellement.
Les compagnies auront même le
droit d’exproprier les citoyens
en phase de production des
hydrocarbures. C’est scandaleux.
Le gouvernement du Québec ne
peut dépouiller les citoyens de
leur droit pour favoriser le
développement des hydrocarbures
et protéger les intérêts des
pétrolières »
s’indigne Jacques Breton, maire
de Nantes.
Appel à toutes
les municipalités pour rejeter
le projet de loi sur les
hydrocarbures
« Des
municipalités ne se sont
peut-être pas senties encore
interpellées vu l’absence d’une
menace directe sur leur
territoire, mais elles doivent
connaître la menace réelle que
pose la loi 106 sur les
compétences municipales. Nous
les invitons à venir s’informer
et à prendre la pleine mesure de
ce qui est en jeu, le 17
septembre à Drummondville, lors
d’une grande rencontre qui
portera sur ce projet de loi et
sur tous les projets touchant le
développement de la filière des
hydrocarbures au Québec. L’eau
potable, c’est vital et nous
devons nous unir pour la
protéger. » conclut
Lisette Maillé, mairesse
d’Austin. |