samedi 20 février 2016
Louis Duhamel
: Conférencier à la Chambre de
commerce et d’industrie de
Sorel-Tracy
Une vision et
une stratégie pour le secteur
manufacturier
Par Annie
Bourque
Face à la
morosité économique, les
entreprises n’ont pas le choix
de se réinventer afin d’être
compétitives. L’État, selon
Louis Duhamel,
conseiller stratégique chez
Deloitte Consultation, a un rôle
à jouer en développant une
stratégie pour le secteur
manufacturier.
Conférencier invité hier par la
Chambre de commerce et
d’industrie Sorel-Tracy, M.
Duhamel a dressé le portrait
d’un secteur qui représente 14,1
% du PIB (Produit intérieur
brut), 90% des exportations
québécoises et générant 69
milliards en retombées
économiques.
La Montérégie, rappelle-t-il,
est un fleuron de la métallurgie
au Québec avec ses 33 000
travailleurs et 757
établissements.
Dans une vidéo, on peut voir les
entreprises qui s’illustrent aux
États-Unis dont MDA à
Sainte-Anne-de-Bellevue,
spécialisée dans les composantes
de satellites ou encore cette
PME de Montmagny, Ressorts
Liberté qui fabrique des
ressorts métalliques destinés à
l’industrie automobile.
« Une voiture sur deux en
Amérique du Nord possède ces
springs dans leur voiture. Même
Daniel Craig (James Bond) dans
sa voiture Astom Martin en a »,
a illustré M. Duhamel.
Leur réussite est grandement
attribuable à leur performance
au niveau opérationnel grâce à
l’automatisation qui a un impact
sur l’augmentation de leur
productivité.
Ces entreprises ont saisi des
opportunités aux États-Unis.
Notre voisin, selon M. Duhamel,
vit une véritable renaissance.
« On
constate un retour des
entreprises qui viennent s’y
établir. » Sur la
vidéo, on aperçoit plusieurs
exemples dont la suédoise IKEA
ou la Japonaise Motorola
implantée au Texas.
Le plus important problème
À l’heure actuelle, les
entreprises sont confrontées à
plusieurs problèmes dont la
baisse des prix des métaux.
D’autres font face à une
diminution d’investissements, de
productivité, de pénurie de
main-d’œuvre.
« Le
plus grave problème au Québec,
dit M. Duhamel, c’est notre
productivité par heure
travaillée. Chez nous, cela
représente 51 $ alors qu’aux
États-Unis, ce chiffre est de 76
$ et en Corée du Sud, ce nombre
s’élève à 39 $. »
Imaginons l’image de
travailleurs qui fabriquent des
grille-pain. Un employé
québécois produira l’équivalent
de 51 $ de grille-pain ou de
biens et services en heure de
travail. Son cousin américain
fera la même chose pour 76 $ en
une heure. En Corée, le montant
est dérisoire en raison de leur
avance technologique.
« En
Corée, là-bas, on parle d’un
véritable robot land. La
solution est dans la
robotisation pour augmenter la
productivité et la compétitivité
des entreprises », a
ajouté M. Duhamel.
Solutions
Outre la robotisation et
l’automatisation, M. Duhamel
estime important que les
travailleurs répondent aux
besoins des entreprises. «
Encore aujourd’hui, les
entreprises sont ancrées dans
l’habitude des procédés maisons
et éprouvent une aversion aux
risques. »
Un plan de match
M. Duhamel estime que les
gouvernements sont souvent
intervenus chez les grandes
nations industrialisées.
« Il
faut développer une stratégie
manufacturière pour nos
entreprises comme Barack Obama
l’a fait aux États-Unis. »
«Le
gouvernement, dit-il, doit
adopter des mesures pour aider
la compétitivité des entreprises
autres que celles du crédit
d’impôt. »
« Il
faut un plan de match afin que
notre environnement d’affaires
soit compétitif. Il faudrait que
nos entreprises manufacturières
obtiennent des incitatifs pour
l’automatisation. Ce n’est pas
juste aux entreprises à prendre
ces risques-là»,
conclut-il.
Secteur
manufacturier
-14.1% du PIB en
2013 (2e en
importance dans
l’économie)
-69 milliards de
retombées
-90 % des
exportations
québécoises
PIB au Québec : 44
428 $
PIB aux États-Unis :
63 414 $
Les États-Unis
affichent un niveau
de vie de 43% plus
élevé que celui du
Québec, soit de 18
896 $ de plus par
habitant.
Source : Centre sur
la productivité et
la pro |
Louis Duhamel,
consultant chez Deloitte estime
que l’État doit s’investir pour
aider le secteur manufacturier
au Québec. Crédit : Annie
Bourque
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