mardi 09 février 2016
Prévention
du suicide
Parce qu’il faut
en parler
Par
Stéphane Martin
La semaine
nationale de prévention du
suicide s’est terminée à
Sorel-Tracy par la
présentation d’un
atelier-conférence au Centre
culturel vendredi dernier. Une
soixantaine de personnes
s’étaient fixé rendez-vous pour
entendre l’exposé de
Marie-Claude Lacasse (à droite),
directrice adjointe et
responsable clinique du Centre
de prévention du suicide
Pierre-De Saurel.
Présenté comme,
une passionnée des relations
humaines et une femme active sur
le terrain avec des gens en
situation de crise, Madame
Lacasse a pris le taureau par
les cornes en abordant ce sujet
délicat qu’est le suicide.
« Il y
a plein de belles choses à faire
un vendredi soir que de parler
de suicide, mais vous êtes là !
Vous savez qu’on peut tous faire
une différence. Selon ce qui est
répertorié, trois personnes par
jour qui s’enlèvent la vie et en
matière de science humaine, il
n’y a pas de réponse précise
quant à savoir pourquoi ».
Selon la
conférencière, un suicide
touche, de près ou de loin, 100
connaissances dans l’entourage
de la personne disparue.
« Quand
on apprend le suicide d’une
personne, on se pose plein de
questions. On tente de refaire
le casse-tête, mais il faut
savoir que la personne qui est
partie a gardé des morceaux
cachés. Je voudrais m’adresser
aux personnes qui ont perdu un
proche par suicide, on ne le dit
pas trop fort, parce que c’est
gênant. Ces gens sont souvent
stigmatisés, ils ont souvent
peur d’en parler. La société
fait qu’il faut trouver un
responsable et un coupable.
Quand on entend parler de ce
qu’il faut faire et de ce qu’il
ne faut pas faire, cela génère
de la culpabilité. Si vous avez
perdu quelqu’un par suicide, il
faut reconnaitre la souffrance
qu’il y a autour de ça ».
Différentes
initiatives ont eu lieu toute la
semaine dans la région.
Puisqu’une bonne façon de
prévenir le suicide est dans
parler, la parole a été donnée
aux citoyens via l’activité
«
Porteur de paroles »
qui se tenait aux Promenades de
Sorel. La population était
invitée à se prononcer sur la
question en complétant la phrase
suivante : Le suicide pour moi
c’est…
« Il était important de
recueillir ce que les gens en
pensent, et ce, sans jugement.
Chacun a sa vision des choses.
Personne, qu’importe ses
compétences, ne peut prétendre
aborder les choses de façon
complètement objective. Parce
que tout est une question de
perception », ajoute
Marie-Claude Lacasse.
À
Sorel-Tracy, cette semaine de
prévention s’est déroulée sous
la présidence d’honneur du
médecin psychiatre,
Jocelyn Aubut (à droite).
Ce dernier a amené un point de
vue différent sur les préjugés
rencontrés encore aujourd’hui.
« Il y
a des gens qui pensent que le
suicide est un geste lâche. On
n’a pas à culpabiliser les gens
parce qu’ils pensent ça, on doit
leur proposer d’autres manières
de voir les choses. On a tous un
rôle a jouer sans se
culpabiliser. La famille, les
amis, les institutions, il faut
se parler, s’interpeler les uns
les autres. Il faut se parler
pour diminuer les souffrances
directes et les souffrances
collatérales ».
La soirée s’est
terminée avec des témoignages et
des échanges entre l’assistance
et les ressources en place.
Certains ont trouvé une bonne
écoute des élus sur place qui
étaient interpelés par la
question. Notons la présence du
maire de Sorel-Tracy, Serge
Péloquin, du conseiller Alain
Maher et le député de Richelieu,
Sylvain Rochon.
« La
région de Sorel-Tracy se
distingue tristement par un taux
élevé de suicides chez les
femmes. Je ne sais pas si des
études ont été faites pour
expliquer ce phénomène.
Mais ce que je peux vous dire,
c’est qu’au bureau de
circonscription, nous sommes en
mesure de constater les
conditions de vie pitoyables de
plusieurs d’entre elles. Des
conditions qui contribuent
possiblement à mener certaines à
penser qu’il n’y a plus de
raisons de vivre. Il faudrait
peut-être songer à y réfléchir
ensemble. Sur ce taux de suicide
et plus largement sur la
situation des femmes dans la
région. Prévenir le suicide est
la responsabilité de chacun
d’entre nous, individuellement
et collectivement »,
commente Monsieur Rochon.
En tout temps, si
vous avez besoin d’aide pour
vous ou pour un de vos proches,
vous pouvez contacter l’équipe
du Centre de prévention du
suicide la Traversée au
450-746-0303.
Lors de
cette soirée, on a également
souligné les 13 années de
travail comme adjointe à la
direction de madame Ginette Côté
au Centre de prévention du
suicide Pierre-De Saurel.
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