La sergente Lucie Poirier à quelques jours de la retraite
Par Stéphane Martin

Après 33 ans de carrière dont 6 à titre d’agente de relation avec la communauté, la sergente Lucie Poirier prendra sa retraite de la Sûreté du Québec à compter du 22 mars. Au cours des dernières années, elle s’est fait connaitre pour ses nombreuses implications dans le domaine communautaire, dont la tenue de l’Arbre de joie qui assure de donner des cadeaux aux enfants dans le besoin lors de la période des fêtes.

« Mes futurs projets : repos, vélo, bateau et voyages. Après avoir été dans le feu de l’action si longtemps, je veux faire un premier 6 mois où je prends du recul de tout. J’ai la satisfaction du devoir accompli, étant fière d’avoir réussi à concilier travail et famille, étant avec mon conjoint depuis 36 ans et ayant deux beaux garçons dans la vingtaine munis de diplômes universitaires », lance Madame Poirier. C’est le Sergent François Monetta qui assurera l’intérim le temps de lui trouver officiellement un remplaçant.

L’influence de son père

Étant jeune, Lucie Poirier rêvait d’un travail où elle pourrait aider les gens tout en étant à l’extérieur, elle ne voulait pas d’un travail cloîtré dans un bureau. « En 1976, alors que je suis en 5e secondaire, mon père me montre le Journal de Montréal sur lequel il y avait un article sur la première femme policière engagée dans la métropole. C’est là que le déclic s’est fait, je voulais devenir policière », commente celle qui allait devenir en 1983, la première femme policière de Sorel alors que le service policier était effectué par la Sûreté municipale.

« Il y a eu un peu de discrimination à mon égard. Une majorité de policiers à l’époque n’avaient pas de formation académique, ils étaient engagés en priorité pour leur force musculaire et lorsque certains m’ont vu, une femme de 1,60m pesant 110 lbs, ils se demandaient bien ce que j’allais faire avec eux. J’ai dû leur démontrer, par mes interventions, que la communication entre autres, était un avantage lors d’une intervention ».

Lucie Poirier se souvient de quelques anecdotes qui la font bien rire aujourd’hui : « À l’une de mes premières interventions, une conductrice interceptée pour un arrêt non effectué m’a dit que ce n’est pas vrai qu’elle se ferait arrêter par une femme. J’ai tout de même persévéré et j’ai eu une très belle carrière ».

Elle raconte également un événement qui lui a valu beaucoup de respect de ses partenaires et de la population. « J’ai fait l’arrestation d’un élu municipal à l’époque, que je ne nommerai pas, mais il a été reconnu coupable de conduite avec les facultés affaiblies. Il m’avait dit : Tu ne sais pas qui je suis tite-fille. Je m’en fais encore parler aujourd’hui. »

Une carrière diversifiée

De ces 33 années, Lucie Poirier a occupé différents postes au cours de sa carrière. Elle a travaillé 13 ans sur la patrouille avant d’être promue sergente-détective aux enquêtes criminelles où elle a obtenu la spécialisation des enquêtes en abus sur les enfants et les agressions sexuelles.

En 2008, elle a accepté un poste d’agente de liaison judiciaire, qui consistait à assurer la liaison des dossiers et documents jusqu’en Cour criminelle, de la dénonciation jusqu’à la sentence des criminels.

Finalement, c’est en 2010 qu’elle a commencé un remplacement au poste d’agente de relation avec la communauté, poste qu’elle occupera jusqu’au moment de tirer sa révérence des services policiers.

Ce que ses collègues avaient à dire

Le métier obligeant l’anonymat, certains collègues de Lucier Poirier ont tout de même tenu à témoigner leur reconnaissance. Voici quelques commentaires recueillis.

« J’ai toujours trouvé Lucie très professionnelle dans son travail. Je l’ai toujours vu s’investir à 100% dans les projets dans lesquelles elle s’impliquait. Je pense entre autres à l’arbre de joie pour les enfants de familles moins favorisées. Ce qui fait en sorte qu’à chaque fois que Lucie venait me voir afin que je m’implique, ainsi que les membres de mon équipe, dans des événements socio communautaire, nous nous investissions avec plaisir, car elle méritait totalement notre appui dans ses démarches ».

« J’ai travaillé avec Lucie au cours des dernières années dans le cadre de ses fonctions de sergente aux relations avec la communauté, c’est une personne qui s’est toujours beaucoup investie, qui prenait à cœur son travail et qui était toujours très motivée même à la veille de sa retraite !!! Ouverte aux autres et aux commentaires, serviable, joyeuse et disponible….voici en quelques mots comment Lucie se démarquait ».

« Ce que j’ai observé de Lucie au cours des nombreuses années à la côtoyer : le respect des confrères et des partenaires, son professionnalisme, sa fierté du travail bien fait et de son image professionnelle (minutieuse dans ses tâches à accomplir) et impliquée dans la défense des victimes, des enfants en difficulté ».