jeudi 24 mars 2016
Trottoir
écologique en expérimentation
cet été à Sorel-Tracy
Par Annie
Bourque
Jean-François Vermette et Hélène
Gignac. Au Québec, le
Cttéi est le seul au Québec à
posséder cet équipement inédit
qui s’appelle un pilote
d’oxydation en voie humide pour
la valorisation et le traitement
d’effluents et résidus
industriels. L’organisme
travaille aussi en collaboration
avec la Ville de Sorel-Tracy en
vue de l’évaluation de cette
technologie pour le traitement
des boues municipales.
En visitant hier
le Cttéi – Centre de transfert
technologique en écologie
industrielle -, le SorelTracy
Magazine a appris qu’un
projet de trottoir écologique
sera expérimenté cet été dans le
secteur de Tracy, soit juste en
face de la piscine
Laurier-Ménard.
En écologie industrielle, les
déchets n’existent pas.
« À
partir d’un mélange de résidus
provenant d’entreprises de la
région, nous allons tester
différentes recettes pour
expérimenter la fabrication d’un
trottoir écologique, un projet
qui est réalisé avec la Ville de
Sorel-Tracy », a
expliqué la présidente Hélène
Gignac, lors d’une entrevue.
Le maire de Sorel-Tracy Serge
Péloquin a commenté le projet.
« Des
matières résiduelles pour l’un
deviennent des matières
premières pour l’autre. C’est là
que la Technopole en écologie
industrielle prend tout son
sens. »
« Pour
nous, c’est la preuve qu’on veut
continuer à innover dans le but
de diminuer nos coûts car la
construction de trottoirs coûte
cher », a-t-il ajouté
lors d’un entretien au STM.
Visite
Les
membres de la Chambre de
commerce de Sorel-Tracy ont eu
la chance jeudi de visiter ce
centre où travaillent une
vingtaine d’employés. Dans le
hall d’entrée de l’édifice, on
aperçoit des objets fabriqués à
partir de matériaux recyclés
dont une table en verre. Le
lustre a été réalisé par
l’artiste Jocelyn
Parenteau. La
particularité ? On y trouve un
mélange de cordages et de
résidus de métaux qui ont été
entièrement recyclés.
Non loin, le plafond est jonché
de bouteilles de verres.
« Ce
sont des bulles de verre avec de
vraies plantes que l’on arrose à
tous les jours avec beaucoup de
zénitude », a ajouté
Mme Gignac, en souriant.
Plusieurs gains
Dans la grande bâtisse, on
retrouve les bureaux d’Innosphère
Solutions durables. Son
directeur Normand Gariépy a
expliqué son objectif aux gens
d’affaires.
« On
veut mobiliser et outiller les
entreprises d’ici qui veulent
intégrer l’écologie industrielle
et le développement durable. »
M. Gariépy a donné un exemple
concret sur l’adoption d’un
comportement éco-responsable.
« Chez
nous, avec seulement deux
employés, on ne fait plus de
chèques ce qui représente une
économie de 4000 $ sur cinq ans.
»
En adoptant le développement
durable, les compagnies peuvent
réaliser des gains au plan
économique, social,
environnemental et opérationnel.
M. Gariépy et son équipe
souhaite recruter de 8 à 10
nouvelles entreprises qui
veulent améliorer leurs
pratiques. Cela peut couvrir
plusieurs aspects dont des
changements au quotidien mais
aussi dans le processus
d’améliorations de pratiques
organisationnelles.
Des éco-produits
Pour sa part, le Cttéi travaille
avec une cinquantaine
entreprises localisées dans un
rayon avoisinant 100 kilomètres.
L’organisme est aussi implanté à
Victoriaville en raison de ses
mandats ailleurs au Québec. Le
but ? Valoriser les résidus
industriels notamment par le
développement d’éco-produits.
La chef de projets Symbioses
industrielles, Jennifer Pinna a
montré des exemples concrets
dont des moules entreposées dans
un verre.
« On peut extraire les
résidus de moules pour fabriquer
des Oméga-3 »,
a-t-elle illustré.
Le centre de recherche sorelois
a aussi des clients en Ontario
et en Europe.
« On
développe d’abord notre
expertise avec des partenaires
du Québec », a
précisé Hélène Gignac.
Expansion
En déménageant leurs pénates fin
2014 dans l’ancienne mairie de
Tracy, le Cttéi a plus que
doublé son espace en passant de
3000 pieds à une superficie de
10 000 pieds carrés.
Au sous-sol, le visiteur est
carrément impressionné. -Voici
le laboratoire de Fluides
supercritiques. Ici, on possède
des équipements uniques au
Québec qui permettent d’extraire
des contaminants sans utiliser
de solvant ni de matières
dangereuses, explique Mme
Gignac.
Dans certains cas, on peut même
extraire de l’huile essentielle
à partir de noyaux de pêche.
De son côté, le chef de projets
et biophysicien, Jean-François
Vermette a expliqué qu’ici même,
des gens travaillent avec un
groupe de pêcheurs de Gaspésie
et des Iles-de-la-Madeleine pour
développer des appâts
écologiques.
« On a
testé ces appâts ici même en
labo.»
Plus loin, dans le laboratoire
de minéralurgie, on peut voir
différents équipements dont un
calorimètre qui quantifie valeur
calorifique d’un matériau.
Les gens d’affaires ont écouté
attentivement les explications
du biophysicien. La propriétaire
des Auvents Simard, Julie Brun a
posé d’excellentes questions.
« Cela
me donne l’idée d’un projet pour
mes auvents »,
confie-t-elle au SorelTracy
Magazine.
Le but de la visite est
visiblement atteint.
« On
veut que les entreprises
embarquent avec la Technopole.
C’est un beau levier »,
a mentionné dans son allocution
Julie Collette, la présidente du
conseil d’administration d’Innosphère
Solutions durables.
«
L’idée pour notre Technopole,
c’est que l’ensemble des
entreprises soient des modèles
de développement durable »,
conclut Hélène Gignac, la
directrice du Cttéi.
Le biophysicien du Cttéi,
Jean-François Vermette montre un
équipement qui sert à
décontaminer des matières
résiduelles de façon écologique.
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