jeudi 27 octobre 2016
Tribunal de
l’insécurité sociale : 3 ans
plus tard, qu’en est-il ?


Le 27 octobre
2016 – Le Regroupement des
chômeurs et chômeuses de la
région Sorel-Tracy participait
hier, à Montréal, au lancement
national du bilan des trois
premières années d’existence du
Tribunal de la sécurité sociale
(TSS) produit par le Mouvement
autonome et solidaire des
sans-emploi (MASSE), dont il est
membre. Les constats que l’on
peut dégager de ce bilan sont
extrêmement préoccupants sur le
plan de l’accès à la justice et
de l’atteinte aux droits des
chômeurs et chômeuses.
On se souviendra qu’en 2012 le
gouvernement fédéral a procédé à
une réforme majeure du régime
d’assurance-emploi qui fut
qualifiée de véritable saccage.
Face au mécontentement
populaire, on se rappellera
également que le Parti Libéral
du Canada s’était engagé, en
campagne électorale, à abolir la
réforme Harper. Pour
Marie-Hélène Arruda,
coordonnatrice du MASSE :
« Bien
qu’en juillet dernier le
gouvernement Trudeau ait
respecté une partie de sa
promesse en faisant marche
arrière sur la question de la
définition d’un emploi
convenable, il reste que son
gouvernement n’a encore rien
fait par rapport à l’autre
élément central et controversé
de la réforme de
l’assurance-emploi, le Tribunal
de la sécurité sociale. ».
Avec son bilan, le MASSE
souhaitait vérifier si les
craintes exprimées lors de la
création du TSS il y a plus de
trois ans s’étaient
concrétisées. Force est de
constater que oui.
La création du TSS a fait perdre
aux personnes qui veulent
contester une décision leur
droit d’appel de plein droit
puisqu’un décideur peut rejeter
une cause sans l’avoir entendue
(rejet sommaire) et qu’en
deuxième instance le droit
d’appel est assujetti à une
autorisation préalable. Au
regard des données obtenues, le
MASSE a fait le constat alarmant
que dans les quelques cas où des
rejets sommaires ont été
contestés, la moitié d’entre eux
ont été renversés, illustrant
ainsi une utilisation abusive de
cette mesure qui enlève le droit
d’être entendu aux chômeurs et
chômeuses. Par ailleurs, à la
division d’appel, près de la
moitié des personnes ayant
demandé à ce que leur cause soit
entendue, n’en ont pas obtenu
l’autorisation (195 refus sur
427 permissions demandées).
Autre nouveauté amenée par le
TSS, les audiences peuvent se
tenir de différentes façons.
Ainsi, les groupes de défense
des droits des chômeurs et
chômeuses craignaient que
l’audience en personne, qui
était la norme, devienne plutôt
l’exception. Et bien cette
crainte s’est hélas avérée
fondée. À la division générale,
pour l’année 2014-2015, 68,5 %
des audiences ont été tenues par
téléphone. Les audiences en
personne ne représentent plus
que 16,4 % des audiences en
première instance. Pour Mme
Arruda, il s’agit là d’un enjeu
non négligeable :
«
Certains croient que le fait de
tenir des audiences par
téléphone ou par vidéoconférence
ne change rien. Mais les études
et l’expérience démontrent qu’il
a y a un effet certain sur le
niveau de stress et d’inconfort
des appelants, que la
crédibilité peut être difficile
à évaluer virtuellement et que
cette distance joue négativement
sur l’empathie d’un décideur. ».
C’est sans parler des délais et
de la complexité de la procédure
qui ont pour effet de décourager
les chômeurs et chômeuses à
contester. En effet, le nombre
d’appels a diminué drastiquement
(environ 17 000 appels de moins
par année à la division
générale) alors que les délais
de traitement des appels, quant
à eux, ont explosé (en moyenne
262 jours à la division générale
du TSS et 395 jours à la
division d’appel pour
2014-2015).
« Ça
n’a pas de bon sens de devoir
attendre plus d’un an pour qu’un
tribunal détermine si tu as
droit à des prestations
d’assurance emploi. C’est urgent
! Pendant ce temps-là, les
chômeurs, eux, sont sans aucun
revenu et peuvent difficilement
réintégrer le marché du travail
! », renchérit Alain
Turgeon, coordonnateur du RCCST.
Pour le RCCST et le MASSE, le
gouvernement Trudeau doit
respecter ses promesses
électorales et agir rapidement
en remettant en place les
structures décisionnelles qui
prévalaient avant la réforme de
l’assurance-emploi.
MOUVEMENT
AUTONOME ET SOLIDAIRE DES
SANS-EMPLOI
REGROUPEMENT DES CHÔMEURS ET
CHÔMEUSES DE LA RÉGION
SOREL-TRACY |