Docteur Michel Robitaille
Il accroche
son stéthoscope après 42 ans en
pédiatrie
Par Stéphane Martin,
lundi 18 décembre 2017
Le 15 décembre dernier marquait
la dernière journée de travail
du pédiatre connu et apprécié de
tous dans la région de
Sorel-Tracy, Michel Robitaille.
Ce dernier a accepté de raconter
les grandes lignes qui ont
composé sa carrière au
journaliste du SorelTracy
Magazine.
Natif de Montréal, Michel
Robitaille aura choisi de
s’établir à Sorel en 1976 après
avoir fait ses études en
médecine pendant lesquelles il
s’est découvert une véritable
passion pour la pédiatrie.
« En 3e
année de médecine, j’avais fait
un stage en pédiatrie à
l’hôpital Notre-Dame. Cette
unité avait attiré ma curiosité.
Les pédiatres de Notre-Dame
travaillaient aussi à
Marie-Enfants qui était
spécialisée pour les cas lourds.
Ça m’avait beaucoup impressionné
et j’adorais l’esprit d’équipe
entre les pédiatres, c’est là
que j’ai eu la piqure pour la
pédiatrie. J’ai fait mes stages
à Sainte-Justine en 1972, 1974,
1975 et 1976. Cette dernière
année, j’étais chef du groupe de
résidents avec toutes les
responsabilités que ça incombait
», se remémore
Docteur Robitaille.
Outre le fait que sa
belle-famille provenait de la
région, Monsieur Robitaille aura
choisi de s’établir à Sorel
préférant les petites
institutions qu’aux grands
centres.
« Je voulais faire mes
preuves par moi-même alors je
cherchais une place en région où
je pouvais agir en toute
liberté. Dans les grandes
institutions, tout est
hiérarchisé et il y a beaucoup
de structures administratives.
Je ne voulais pas de ça, j’avais
envie de plus de liberté au plan
professionnel. Il y avait un
poste de libre à Sorel, car
malheureusement, un jeune
pédiatre qui commençait sa
pratique était atteint d’une
maladie qui l’a emporté. Alors
j’ai appliqué sur le poste et on
m’a accepté pour compléter
l’équipe de 3 pédiatres qu’il y
avait à l’époque ».
La pédiatrie étant un champ de
compétence très vaste, Michel
Robitaille y a développé
certains intérêts particuliers.
« Tout
ce qui touche aux soins des
nouveau-nés, les maladies
infectieuses, les désordres
métaboliques, les anomalies, la
neurologie dont l’épilepsie, les
malformations ou traits
particuliers d’origine
génétique. On faisait avec ce
que l’on avait à l’époque, la
génétique était beaucoup moins
évoluée qu’elle ne l’est
aujourd’hui. Quand j’ai commencé
les suivis de grossesse, les
écographies n’existaient pas.
Contrairement à aujourd’hui, il
y a beaucoup de problèmes qui ne
pouvaient être diagnostiqués
pendant la grossesse. On
s’apercevait des désordres à
partir de la naissance, il
fallait être entrainé pour faire
face à ça. Les prématurés à
l’époque étaient plus fragiles
et vulnérables. Aujourd’hui, on
sauve des enfants prématurés de
28 semaines de grossesse. On
était confronté plus souvent aux
décès à la naissance et lors des
premières semaines de vie ».
Dans les années
90, le collègue de Michel
Robitaille, le docteur Georges
Haddad, a introduit les services
de l’Opération enfant Soleil à
l’hôpital de Sorel. Depuis,
Monsieur Robitaille a épousé
cette cause. Il pose ici
fièrement devant une
photographie alors qu’il était
entouré de l’équipe de
Marie-Soleil Tougas.
En 42 années de service, le
docteur Robitaille a toujours
offert une présence en cabinet
privé comme pédiatre à
Sorel-Tracy. Il aura toutefois
pratiqué dans quelques
établissements de la métropole
et en périphérie. Ainsi, il
acceptait en 1984 la proposition
d’un collègue voulant rehausser
les effectifs à l’urgence de
l’hôpital Sainte-Justine.
« Tout en conservant ma garde à
Sorel, je faisais du temps
partiel à Sainte-Justine.
J’aimais ça à l’urgence, cela
représentait de nouveaux défis
avec une clientèle diversifiée.
J’ai terminé ma pratique là-bas
en 2005. En 2001, j’ai quitté
l’hôpital de Sorel pour
pratiquer à Pierre-Le Gardeur où
j’y ai travaillé jusqu’en 2006.
Par la suite, j’ai travaillé
jusqu’en décembre 2016 pour une
clinique externe spécialisée en
allergies que l’on a établie
avec les gens de Pierre-Le
Gardeur. Tout ça en conservant
ma clinique à Sorel-Tracy, je
peux vous dire que les gens du
traversier me connaissent bien »,
dit-il en riant.
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Un papa pédiatre
Michel Robitaille parle très peu
de sa vie privée, sans doute
parce qu’il est conscient de
l’image publique qu’il dégage
aux yeux de ses patients. Il a
tout de même trouvé amusante la
question posée : pour vos
enfants, c’était comment d’avoir
un papa pédiatre ?
« C’est
tout le contraire des nouveaux
parents qui s’inquiètent au
moindre rhume. J’étais capable
de relativiser et j’évitais la
surenchère. Au point où mes
enfants, lorsqu’ils devenaient
en âge de prendre conscience de
leurs problèmes de santé et
inconforts, me trouvaient
laxiste parce que je ne
m’inquiétais pas outre mesure.
Ils me le reprochaient souvent.
Disons qu’il y a des congés
d’école qui n’ont pas eu lieu ».
Le docteur
Robitaille pose en compagnie de
sa femme, Diane, qui accueillait
les patients dans la clinique de
la rue Cotnoir à Sorel-Tracy.
L’heure de la retraite a
sonné
Bien que les patients ne
défilent plus dans son bureau
depuis le 15 décembre dernier,
le travail administratif se
poursuit pour Michel Robitaille.
« On a
la garde légale des dossiers
médicaux et nous sommes tenus de
les garder pendant 5 ans.
Actuellement, il y a beaucoup de
travail à faire en rapport avec
le transfert des dossiers. Je me
réjouis, car le département
pédiatrique de l’hôpital de
Sorel-Tracy a recruté deux
nouvelles pédiatres qui
complètent l’équipe de la
docteure Daoud. Ces dernières
veulent implanter des cliniques
spécialisées qui viendront
répondre à un besoin dans la
région. La pédiatrie évolue
lentement, mais sûrement vers
une médecine de 2e ligne. La
première ligne sera laissée aux
généralistes et médecins de
famille qui eux, pourront
consulter un pédiatre au besoin
», estime Docteur
Robitaille.
Il estime avoir suivi entre 20
000 et 30 000 patients pendant
ses 42 ans de service. Il en
retire une grande expérience et
satisfaction personnelle.
« On
parle de deux générations, c’est
spécial d’avoir dans son bureau
des enfants que j’ai soignés et
qui sont devenus parents à leur
tour et qui me confient leurs
enfants. C’est un travail
gratifiant. Les enfants sont
surprenants. À travers leurs
émotions, leurs peurs, la
tristesse face à la maladie, les
hôpitaux, les médecins et le
personnel médical, ce que je
retiens c’est que dans leurs
yeux, il y a toujours l’espoir
et l’énergie de s’en sortir. Mon
rôle était de les accompagner
dans toutes les étapes de leur
évolution, j’étais toujours en
mode action. Je peux affirmer
que côtoyer la jeunesse m’a aidé
à me garder jeune »,
de conclure Michel Robitaille
qui profitera de sa retraite
bien méritée. |