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L'opinion exprimée dans le cadre de
cette chronique,
est celle de son auteur
et ne reflète pas nécessairement
l'opinion, ni n'engage le SORELTRACY
MAGAZINE.
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De
meilleures solutions qu’un pont
inutile
Par Jacques
Patenaude
Ça fait au moins 40 ans qu’on
débat du projet de construire un
pont sur le St-Laurent à la
hauteur de Sorel-Tracy. Cette
idée ne s’est jamais réalisée et
il est temps de se demander quel
en serait l’intérêt alors que la
région dispose de projets plus
avantageux pour notre
développement.
À quoi servirait un tel pont?
Qui aurait intérêt à l’utiliser?
Bien sûr les gens de Sorel-Tracy
qui désirent se rendre dans
Lanaudière y trouveraient un
avantage s’il n’est pas payant.
Mais nous circulons plutôt vers
Montréal et la rive sud, y
trouverait-on un certain
intérêt? Pour Montréal? La
congestion sur la rive nord
n’est pas moindre que celle sur
la rive sud! Vers Trois-Rivières
ou Québec? Il y a des ponts à
ces endroits. Pour le
développement économique de la
région? Le Québec s’étant
développé dans l’axe du fleuve,
la circulation des marchandises
est dans un sens qui ne convient
aucunement à un tel pont.
Pourquoi un camion qui doit se
rendre à Sept-Îles
utiliserait-il un tel pont?
Les entreprises qui opèrent des
entrepôts sont situées
principalement le long de
l’autoroute 20. Celle-ci mène
directement à Québec. Dites-moi
quels avantages auraient les
routiers à faire un détour par
ici? Bref au-delà des quelques
routiers qui doivent franchir le
fleuve entre Berthier et
Sorel-Tracy le volume du trafic
routier à incidence économique
ne serait pas supérieur.
Une autre raison milite en
faveur de l’abandon d’un tel
projet: Il date d’une autre
époque, celle du « tout à l’auto
». La mobilité aujourd’hui doit
se penser autrement: finit la
construction débridée de routes
toujours plus congestionnées au
fur et à mesure qu’on les
construit. On doit maintenant
revoir le transport autrement.
Un projet porteur d’avenir
en développement
Si jamais le gouvernement avait
la somme requise pour bâtir un
pont à dépenser dans notre
région, l’utiliser autrement
pour le bénéfice de la région et
du Québec serait beaucoup plus
porteur de développement
économique, j’en suis certain.
Il y a beaucoup mieux à
développer si on veut sortir du
cul de sac routier de notre
région.
Dans la nouvelle réalité de
mobilité durable Sorel-Tracy
possède un avantage : le Fleuve.
Notre région possède une forte
expertise dans la fabrication
particulièrement de pièces de
grande dimensions et le
transport de telles pièces pose
un problème important pour le
réseau routier: À titre
d’exemple un seul camion passant
par le réseau routier est
l’équivalent de plusieurs
milliers d’automobiles qui
passeraient au même instant sur
cette route. Réduire le nombre
de camions circulant sur les
routes constituerait une
économie gigantesque pour le
ministère des transports en plus
d’améliorer l’état du réseau
routier.
La circulation par bateau suit
l’axe principal de la
circulation au Québec. De plus
un bateau pouvant contenir des
charges équivalentes à de
nombreux camions, l’émission de
gaz à effet de serres est
fortement réduite pour le
transport d’une charge
équivalente. Dans le passé nous
avons bénéficié de cet avantage
de « l’autoroute liquide ». Fer
et Titane est venue s’établir
ici parce qu’elle pouvait
transporter par bateau son
minerais à partir de Havre
St-Pierre. Un exemple plus
récent : des pièces
surdimensionnées fabriquées ici
pour le pont de l’autoroute 30,
érigées à Valleyfield, elles ont
été livrées par le fleuve.
Aussi, ce qui n’est pas connu
c’est que le traversier
Sorel-St-Ignace sert parfois la
nuit pour permettre à des pièces
surdimensionnées de traverser le
fleuve car certaines ne peuvent
circuler sur un pont : la
hauteur libre au-dessus de la
chaussée du pont ne le permet
pas. De telles pièces fabriquées
ici doivent souvent être livrées
le long du fleuve. Une
infrastructure portuaire adaptée
aux contraintes du transport
mixte route-fluvial réglerait
facilement le problème tout en
offrant à nos entreprises un
avantage concurrentiel
important.
Enfin le transport de
marchandises vers la Côte nord
représente un problème majeur
sur la seule route qui s’y rend.
Le transport de marchandise
endommage gravement cette
chaussée au point de la rendre
souvent inutilisable pour
plusieurs jours. L’alternative
la plus avantageuse identifiée :
le transport par bateau sur le
fleuve (le cabotage).
Sorel-Tracy serait un endroit
tout désigné pour en être le
point de départ. Ceci, d’autant
plus que l’entretien de barges
effectuant déjà un tel cabotage
est réalisé ici-même.
De plus le projet du port de
Montréal dédié au transport de
conteneurs y trouverait un
complément idéal situé à
proximité.
Le projet de port serait
infiniment plus structurant
qu’un pont que le volume de
circulation entre les deux rives
ne justifie pas. Il me semble
qu’il est temps de cesser de
défendre ce miroir aux alouettes
né d’une vision dépassée et se
mobiliser pour que l’on
développe un port dédié au
cabotage et à certaines
marchandises spécialisées. Nos
entreprises y trouveraient un
avantage compétitif majeur et ça
favoriserait la création
d’emploi dans les domaines de
fabrication, où plus qu’ailleurs
au Québec, nos jeunes se
forment. Ce port étant déjà en
projet, je crois que nos
politiciens seraient bien mieux
avisés de focaliser sur ce
projet, que de maintenir par
électoralisme cette chimère d’un
pont inutile.
Jacques Patenaude |
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