« Lettre ouverte »
Le
développement culturel rural
sacrifié pour quelques sous
Par Suzanne
Lalande
Un débat, en apparence
administratif, a eu lieu lors de
la dernière séance du conseil de
la MRC de Pierre-De Saurel, sur
l’embauche d’une personne pour
assumer la coordination au
développement culturel de la MRC,
poste rendu vacant par le départ
de Caroline Cloutier : devait-on
conserver un poste permanent à
temps plein ou choisir un poste
à temps partiel.
La décision a été en faveur
d’un poste à temps partiel. Ce
que je déplore grandement
puisqu’une telle décision risque
de réduire le soutien aux
municipalités rurales et de
limiter ainsi l’accès de leur
population à la culture.
Administratif en apparence
seulement. Parce que derrière
des préoccupations budgétaires
et organisationnelles, ce dont
il est réellement question,
c’est d’une certaine conception
de la culture, de son
épanouissement sur l’ensemble du
territoire et surtout, de son
accessibilité pour tous et
toutes, quels que soient notre
âge, notre condition sociale ou
notre lieu de résidence.
Depuis environ un an, je suis
responsable bénévole de la
bibliothèque Saint-Aimé/Massueville.
À la demande des deux
municipalités, et avec leur
soutien, j’ai entrepris, comme
c’est le cas dans toutes les
bibliothèques du Québec, un
virage socio-culturel : la
bibliothèque n’est plus
seulement l’endroit où on va
chercher des livres, mais un
lieu de rencontres, d’échanges,
d’apprentissages et de
découvertes.
Un lieu qui permet – aux
jeunes surtout – de développer,
à travers des rencontres et des
activités artistiques et
culturelles, leur identité, leur
créativité et leur estime de
soi.
Comme les autres municipalités
rurales de la MRC, nos moyens
sont limités. Nous payons notre
quote-part à la MRC pour nous
aider à offrir à notre
population des services, des
ressources et des activités qui
donnent aux gens l’envie de
venir chez nous et d’y rester.
Le développement culturel est au
cœur de ces ressources et de ces
activités: fêtes et festivals;
artistes, artisans et
conférenciers invités; activités
dans le cadre de Foudl’art ou
des Journées de la culture…
Caroline Cloutier était là pour
nous conseiller et faire le lien
avec le ministère de la Culture
et des Communications, en nous
informant sur les programmes et
en nous mettant en contact avec
les personnes susceptibles de
nous aider.
Avec douze municipalités,
dont dix sont rurales, sur un
territoire de près de 600 km
carrés, Caroline avait peine à
répondre à la demande avec un
horaire à temps plein.
Comment une ressource à temps
partiel pourra-t-elle, malgré sa
compétence, malgré son
dévouement, nous apporter le
soutien dont nous avons besoin?
Cette décision inconsidérée,
adoptée malgré l’opposition de
sept maires et grâce aux quatre
votes dont bénéficie le maire de
la ville-centre, est un coup dur
pour le développement culturel
rural.
Pourquoi avoir adopté une
politique culturelle en 2011,
avoir tenu un forum culturel en
2017, avoir mis en place le
programme Foudl’art si c’était
pour en arriver là? Les
rendre quasi inaccessibles pour
une partie de la population.
Qui ou quoi doit-on blâmer?
Une méconnaissance de la réalité
rurale? Une vision trop étroite
de la culture? Un refus de
partager dans un réel esprit de
partenariat? Je l’ignore.
Mais je ne peux que déplorer une
réduction des ressources qui va
encore affaiblir les
municipalités rurales et priver
leur population.
Se donner des services de
proximité et faire front commun
pour les obtenir, ce n’est pas
juste valable pour la santé.
L’éducation et la culture sont
tout aussi vitales pour nos
communautés.
Suzanne
Lalande
Responsable, Bibliothèque
Saint-Aimé/Massueville |