jeudi 29 mars 2018
Lettre ouverte :
Le Syndicat
des enseignantes et enseignants
du Cégep de Sorel-Tracy dénonce
la décision de la direction de
suspendre les inscriptions en
Techniques d’éducation à
l’enfance
Un programme innovateur en
péril au Cégep de Sorel-Tracy
L’avenir du programme de
Techniques en éducation à
l’enfance au Cégep de
Sorel-Tracy est menacé. Le
Syndicat des enseignantes et
enseignants du Cégep de
Sorel-Tracy dénonce publiquement
la décision de la direction du
Cégep de ne pas démarrer de
nouvelle cohorte en Techniques
d’éducation à l’enfance à
l’automne 2018, car nous croyons
que cette décision soulève des
enjeux régionaux importants.
Il s’agit d’une suspension qui,
pour l’instant, ne concerne que
les nouvelles inscriptions de
l’automne 2018, mais nous savons
combien il est difficile de
relancer un programme après une
suspension. Dans les faits, nous
redoutons une fermeture
définitive d’ici deux ans. La
suspension met donc en péril le
caractère unique du programme à
Sorel-Tracy, soit l’approche
pédagogique avec la nature et
l’animal. Depuis cinq ans, les
enseignantes du programme ont
travaillé d’arrache-pied avec
leur étudiantes et leurs
partenaires pour développer
localement cette approche
innovatrice et unique. À l’heure
où ce travail commence à germer
et éclore en projets concrets,
on y met fin avant qu’il ait pu
s’épanouir à son plein
potentiel.
Disons-le clairement : le
programme d’éducation à
l’enfance au Cégep de
Sorel-Tracy est un programme
d’avant-garde, qui a le
potentiel de devenir un fleuron
pour notre région. Nous nous
désolons que la situation
actuelle mette en péril la
possibilité pour les enfants de
notre région de bénéficier
d’éducatrices et d’éducateurs
formés à cette approche
innovatrice avec la nature et
l’animal.
La formation des éducateurs et
éducatrices à l’enfance : un
choix de société, une réalité
régionale
Pour justifier sa décision, la
direction évoque la baisse des
admissions en techniques
d’éducation à l’enfance en
Montérégie, phénomène observable
dans presque tous les cégeps.
Nous croyons que cela doit être
mis en perspective, alors que la
profession figure au «Top 10 des
professions de la formation
collégiale (DEC) dont la «valeur
carrière septembre» est la plus
élevée, selon le Palmarès des
carrières 2017»[1] et que le
taux de placement y dépasse les
96% (100% au Cégep de
Sorel-Tracy en 2016)[2]. Quant
aux admissions pour l’ensemble
du Cégep, notons qu’en dépit des
prévisions fatalistes à notre
endroit, un dynamisme admirable
a permis de les maintenir à la
hausse depuis plusieurs années.
En se dotant d’un réseau public
de services de garde abordables
et de qualité, le Québec a fait
un choix de société, qui passe
notamment par le choix d’avoir
des éducatrices et éducateurs à
la petite enfance répondant aux
plus hauts standards de
formation. Nous considérons que
l’enseignement collégial a un
rôle à jouer dans ce choix de
société et que les futurs
travailleurs et travailleuses en
petite enfance de chez-nous
devraient pouvoir se former dans
leur région.
Est-ce c’est une question
d’argent ?
On se doute bien qu’il y a des
considérants financiers dans la
décision de notre direction. En
effet, le mode de financement de
l’enseignement collégial fait en
sorte que les programmes à
petits effectifs, comme on en
voit souvent en région, coûtent
plus cher à offrir et arrivent
parfois difficilement à une
viabilité financière. C’est le
cas du programme de Techniques
d’éducation à l’enfance à
Sorel-Tracy dans les dernières
années.
Nous déplorons toutefois que le
Cégep décide de suspendre le
programme maintenant, alors que
des solutions ont été mises sur
la table par le Syndicat des
profs pour tenter d’améliorer
cette situation à moyen terme. À
court terme, les enseignantes et
enseignants de l’ensemble du
secteur régulier avaient même
convenu collectivement et
démocratiquement d’absorber la
plus grande partie des coûts en
compressant leurs propres tâches
pour l’année 2018-2019. Question
d’argent, donc ? Ce n’est pas si
clair pour nous.
À l’origine de notre
colère
Considérant le potentiel de
rayonnement régional du
programme et de son approche
pédagogique avec la nature et
l’animal, considérant
l’importance sociale et
économique de la profession
d’éducatrice et éducateur à
l’enfance, considérant l’impact
sur les étudiantes ayant déjà
entrepris leur formation et
finalement considérant la
solidarité démontrée par
l’ensemble du corps enseignant
pour le programme de Techniques
d’éducation à l’enfance, nous
dénonçons la décision de notre
direction. Nous sommes en
colère, car nous considérons ne
pas avoir reçu de justifications
satisfaisantes pour appuyer
cette décision pourtant lourde
de conséquences. Nous sommes
également inquiets de la façon
dont le Cégep accompagnera les
étudiantes du programme, car
nous considérons qu’elles n’ont
pas à absorber les impacts d’une
décision à laquelle elles n’ont
pu prendre part.
Nous déplorons le choix de ne
plus soutenir ce programme dans
lequel tous ont investi tant
d’efforts et d’espoirs. Cette
décision aura pour effet
d’envoyer de futures
travailleuses et travailleurs se
former à l’extérieur de la
région, avec les conséquences
que l’on peut imaginer. Nous
sommes exaspérés du manque
d’ouverture à la discussion dont
a fait preuve la direction du
Cégep dans ce dossier : c’est ce
qui nous pousse aujourd’hui à
prendre position publiquement.
Encore une miette d’autonomie
régionale qui prendra la route
de Longueuil et St-Hyacinthe ?
Source :
Syndicat des enseignantes et des
enseignants du Cégep de
Sorel-Tracy
________________________________________
[1] Cégep de Sorel-Tracy [
www.cegepst.qc.ca/programmes-etudes/programmes/programmes-techniques/techniques-education-enfance
]
[2] Ibid.
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