Il y a un an, Johanne Leclerc
était suspendue
Les conditions
de travail toujours aussi
exigeantes
Le
président de la Fédération
interprofessionnelle de la santé
du Québec de la Montérégie-Est,
Jean-Michel Varin et
l'infirmière auxiliaire, Johanne
Leclerc.
Par Annie Bourque,
jeudi 24 janvier 2019
Le 26 janvier 2018,
l’infirmière-auxiliaire Johanne
Leclerc débute à minuit son
quart de travail. À 8 h, on lui
demande de faire du temps
supplémentaire. Elle refuse
d’obtempérer.
« Je
sentais que j’allais être un
danger pour les patients et
moi-même. J’avais de la
médication à prendre et je n’en
avais pas sur moi »,
avait-elle confié à notre
collègue Stéphane Martin.
(Ref.:
http://www.soreltracy.com/2018/fev/7f5.html
)
Son employeur l’a suspendue pour
son refus. La jeune femme a
dénoncé la situation sur son
compte Facebook qui a été
partagée des milliers de fois
par la suite. L’ancien ministre
Gaétan Barette promettait des
changements afin d’améliorer la
situation. Un an plus tard, le
SorelTracy Magazine fait
le point avec elle et
Jean-Michel Varin, président de
la Fédération
interprofessionnelle du
Québec-Syndicat des
professionnels de la Montérégie
est.
Q : Madame Leclerc, que
retenez-vous de votre geste ?
J.L :
J’ai bien fait de dénoncer la
situation, mais il y
a encore
beaucoup de chemin à faire.
J’aurais pensé que mon geste
aurait changé plus de choses. Un
an plus tard, la poussière a
retombé. En ce qui me concerne,
je n’ai pas eu de répercussions
et on ne m’a pas redemandé de
faire du temps supplémentaire.
Peut-être que l’occasion ne
s’est pas représentée.
Q. Est-ce que la situation
a changé depuis ?
J.L : Mes conditions sont restées les
mêmes. Cependant, dans certains
départements, le temps
supplémentaire occasionnel a
doublé depuis l’an dernier.
Q. Qu’est-ce que vous
ressentez aujourd’hui ?
J.L : Je
trouve cela vraiment dommage car
ce métier que nous aimons
pratiquer, cette vocation de
s’occuper des gens malades n’est
pas reconnue à sa vraie valeur.
Cela n’aide en aucun cas la
pénurie de main-d’œuvre dans le
domaine : la relève était encore
plus réticente à s’engager dans
les études en santé. Pour ma
part, je ne demande qu’à aider
mes patients et prendre soin du
mieux que je peux.
Le
syndicat veut qu’on
rembourse la journée
de salaire
En entrevue avec le
SorelTracy
Magazine, le
président de la
Fédération
interprofessionnelle
du Québec de la
Montérégie,
Jean-Michel Varin a
expliqué que son
syndicat est en
pourparlers avec
l’employeur de
Johanne Leclerc afin
de faire annuler la
suspension et aussi
lui rembourser la
journée de salaire
perdue.
« Mme Leclerc
n’était pas apte à
travailler et à
faire un autre quart
de travail de jour
puisqu’elle était
fatiguée. » |
Rien n’a vraiment changé
Un an plus tard, M. Varin avoue
que le travail est toujours
aussi exigeant pour les
infirmières dans nos hôpitaux.
« La
charge de travail est toujours
aussi lourde que ce soit pour
Mme Leclerc ou quelqu’un
d’autre. »
Peu d’améliorations ont été
apportées.
« On souhaite que la CAQ
puisse implanter des ratios
patients versus employés. Par
exemple, deux infirmières
s’occupent actuellement de 13
patients. »
La qualité des soins pourrait
être considérablement augmentée,
croit-il.
« Dans certains
hôpitaux, on a créé un ratio
patient-infirmière et cela a eu
des retombées positives. »
Les études à travers le monde
témoignent de l’importance de
réduire le nombre de patients
sous la responsabilité d’une
infirmière. Car si une
infirmière court d’un patient à
l’autre, elle n’a pas le temps à
observer les signes qui
permettent de détecter si un
état se dégrade.
« Quand
on a plus de temps à donner à un
patient, on a plus de temps à
observer, à encourager et à
créer une relation aidante »,
conclut M. Varin.
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