La réforme du taxi
Le point de
vue d’un chauffeur de taxi
sorelois
Donald
Allard, un chauffeur de taxi
d’expérience de Sorel-Tracy
Par Annie Bourque,
jeudi 28 mars 2019
Chauffeur de taxi depuis 14 ans,
Donald Allard travaille environ
3 à 4 heures par jour. On sent
encore la passion pour son
métier.
« Un permis de taxi, dit-il,
c’est l’équivalent d’un
commerce; on n’achète pas les
produits sur les tablettes, mais
bien la clientèle. »
Ici à Sorel-Tracy, il y a 9 ans,
certains ont déboursé 65 000 $
pour un permis. Récemment,
d’autres ont payé 75 000 $, 83
000 $.
« J’en connais qui ont des
paiements de 1500 $ par mois et
même 2000 $. La réforme est
injuste pour ceux-là car
dorénavant (si la loi est
approuvée), quelqu’un va pouvoir
s’enregistrer à la Commission
des transports et payer 75 $
pour obtenir son permis de taxi
annuel. »
Est-ce la faute à Uber ?,
demande ma fille Fannie au
chauffeur.
« Ce n’est pas la concurrence
qui est dommageable. À Montréal,
il manque de chauffeurs de
taxis. »
41 chauffeurs de taxi
La ville de Sorel-Tracy compte
41 chauffeurs de taxi pour une
population de 35 000. En
comparaison, Saint-Hyacinthe,
avec une population de 72 000
résidentes en dénombre 36
chauffeurs.
«
Toutes les villes ont environ
une voiture de taxi pour environ
2000 de population. Le taxi est
populaire l’hiver et durant les
grosses chaleurs en été. »
Soutien de la population ?
Les chauffeurs de taxi ont-ils
le soutien de la population ?
« Non,
les gens ne comprennent pas
notre situation. La population
n’est pas d’accord à ce qu’on
paie plus de 500 millions, un
demi-milliard, c’est beaucoup
d’argent qui va servir à payer
nos permis. »
Des frais astronomiques
Être chauffeur de taxi entraîne
des dépenses substantielles.
« Moi,
ça me coûte en frais d’essence
entre 7000 $ et 8000 $ par
année. Mes plaques
d’immatriculation coûte 1042 $
par année et mes assurances,
1300 $. »
Depuis plusieurs années, les
chauffeurs de taxi sorelois
souhaitent se doter d’une
application virtuelle.
« Sur
leur téléphone, les gens
pèseront sur une icône et
n’auront même pas besoin de
parler au téléphone. »
Le hic ? La mise en place de
l’application coûte 40 000 $.
« C’est
beaucoup d’argent pour des gens
qui gagnent 10 $ de l’heure et
le gouvernement ne nous aide pas
pour ça. »
Avenir
M. Allard est convaincu que le
métier de chauffeur de taxi
comme bien d’autres est voué à
la disparition.
« On
voit l’arrivée des voitures
autonomes et regardez à San
Francisco, dans certains
magasins, il n’y a même plus de
caissier. »
Un ordinateur ou une machine ne
remplacera jamais le contact
humain que recherche de plus en
plus les gens rivés à leur
téléphone, tablette ou Netflix
de ce monde.
Taxer Uber ?
Commentaire d’Annie
Bourque
Dans sa chronique du
Journal de Montréal,
Michel Girard
suggère que le
gouvernement Legault
impose à Uber une
taxe spéciale sur
ses revenus au
Québec.
« Fallait-il
accepter en 2014 que
la multinationale
Uber envahisse le
Québec avec sa
plateforme
électronique, et ce,
sans avoir à
débourser un cent
pour acquérir des
permis de taxi et
ainsi respecter la
réglementation du
taxi en vigueur? »,
écrit-il.
Le problème est là.
Le gouvernement
Couillard a légalisé
la percée d’Uber au
Québec par son
projet pilote.
« Aujourd’hui,
ajoute le
chroniqueur, le
gouvernement Legault
« ubérise »
l’industrie du taxi
avec une réforme qui
réduit à zéro la
valeur des permis. »
Un non-sens. Le
premier ministre
Legault a promis de
gouverner avec le
GBS (le gros bon
sens).
« Moi, ce que je
souhaiterais, c’est
qu’on ait un
gouvernement qui se
préoccupe davantage
du gros bon sens »,
a soutenu François
Legault dans une
publicité de la
Coalition avenir
Québec (CAQ) avant
qu’il soit élu.
Le gros bon sens
c’est aussi
considérer ce couple
de chauffeurs
sorelois Daniel
Pintal et sa femme
qui ont fait
l’acquisition de
permis de taxi. Lui
a payé 83 000 $ et
elle, 75 000 $. Ils
conduisent des
véhicules neufs qui
valent entre 30 000
$ et 40 000 $.
Tous conviennent que
le système de
permis, tel qu’on
l’a toujours connu,
est totalement
archaïque.
Cependant, ce n’est
pas à de braves
citoyens qui ont du
cœur au ventre et un
esprit
entrepreneurial de
payer pour ça. Déjà
aux prises avec une
dette considérable,
ces gens ont besoin
de l’appui de tous
et surtout du
gouvernement. |
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