Témoignage de Gerald Butts,
ex-conseiller de Justin Trudeau
Qui dit vrai ?
: Analyse pertinente du député
fédéral Louis Plamondon

On voit sur
la photo captée par les caméras
de Radio-Canada le député de
Bécancour Nicolet Saurel Louis
Plamondon a fait partie des
parlementaires qui ont siégé
devant le Comité permanent de la
justice. Photo : Courtoisie

Par Annie Bourque,
jeudi 07 mars 2019
Présent hier au Comité permanent
de la Justice, le député fédéral
de Bécancour Nicolet Saurel et
doyen du Parlement à Ottawa,
Louis Plamondon a entendu les
témoignages de Gerald Butts,
ex-conseiller principal de
Justin Trudeau, de la
sous-ministre Nathalie Drouin et
du greffier Michael Wernick.
STM : Que retenez-vous de
ces témoignages ?
LP : « On voyait deux
positions complètement
différentes pour les mêmes
faits. Je me suis même dit : si
j’étais un historien, j’écrirais
un livre sur cette crise-là. Je
suis certain que le titre serait
: « Pressions inappropriées ou
pressions appropriées? »
L’ancienne ministre Jody
Wilson-Raybould parle de
pressions inappropriées alors
que cela se fait régulièrement
qu’un premier ministre parle à
ses ministres pour voir l’état
des dossiers.
STM : Quelle est votre
analyse ?
LP : Le témoignage de Mme
Wilson-Raybould apparait très
affaibli alors que le précédent
avait l’air parfait. Si elle
avait des pressions
inappropriées, pourquoi
n’a-telle pas écrit au premier
ministre pour dire que c’était
inacceptable ? Elle aurait pu le
rencontrer et lui dire : je ne
veux pas de pression de
personne. Au contraire, elle a
continué à avoir des discussions
et des rencontres (12 réunions
en 4 mois) avec tout le monde.
Sa crédibilité est très
affaiblie.
STM : Pourquoi ?
LP : Dans son témoignage
précédent, on voyait une espèce
d’attitude entêtée, de tenir à
la poursuite et de ne pas tenir
compte du fait qu’il y a 9000
jobs en jeu. Ce nombre comprend
3800 emplois au Québec et plus
de 5200 au Canada, tous des
emplois fort bien rémunérés. Le
siège social de SNC Lavalin est
à Montréal et compte 50 000
emplois à travers le monde. Cela
demande réflexion. Surtout que
tous les anciens dirigeants
corrompus (de SNC Lavalin) sont
partis et ont été poursuivis. La
nouvelle direction acceptait
d’être supervisée.
STM : Est-ce de
l’ingérence ou non ?
LP : Je pense que la ministre
a pris sa décision rapidement
(de ne pas intervenir pour
demander à la directrice des
poursuites pénales (DPP) de
changer de cap). Mme Wilson-Raybould
aurait dû écouter sa
sous-ministre (Nathalie Drouin)
qui lui conseillait d’arpenter
d’autres avenues et d’avoir un
avis externe. D’ailleurs, le
premier ministre Trudeau devrait
faire appel à un autre avis et
obtenir un nouvel éclairage pour
son nouveau ministre de la
Justice.
STM Est-ce que le premier
ministre devrait expulser
l’ancienne ministre ?
LP : Il me semble que cela
devrait venir d’elle. Moi, je
n’étais pas d’accord avec Mme
Ouellette (Martine Ouellette,
l’ancienne Chef du Bloc
Québécois) et je suis parti.
D’un autre côté, cela ne veut
pas dire que le premier ministre
Trudeau a bien agit. Je pense
qu’il a manqué de leadership
parce qu’il aurait dû
immédiatement, en septembre,
s’informer comme il faut et
mettre les poings sur la table.
Il aurait pu dire : pour nous
9000 emplois, c’est important.
Il a étiré ça et a envoyé son
chef de cabinet, ses assistants.
Il pensait naïvement que la
décision (de Mme Wilson Raybould)
n’était pas prise.
STM : Cette crise
aurait-elle un impact sur les
prochaines élections ?
LP : C’est une crise majeure,
mais les gens oublient vite.
C’est difficile pour les gens de
comprendre les enjeux de droit,
d’ingérence, du rôle de ministre
de la Justice et de procureure.
Cela ne fait pas partie des
préoccupations des gens qui
retiennent seulement « M.
Trudeau se fait brasser. »
« On a deux versions et les
deux sont défendables. Je ne
pense pas que cela fera partie
d’un élément de la prochaine
campagne électorale. »

Photo :
Courtoisie
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