samedi 28 septembre 2019
Un plan
développé en Montérégie pour
contrer les fugues dans les
centres jeunesse
La
conseillère-cadre à la DPJ de la
Montérégie, Sophie Dubuc, la
directrice de la Protection de
la jeunesse de la Montérégie,
Josée Morneau et l'intervenante
à l'application des mesures dans
Pierre-De Saurel, Kathleen
Tessier.
Par Stéphane Martin,
samedi 28 septembre 2019
Le dépôt du bilan annuel des
Directeurs de la protection de
la jeunesse (DPJ) la semaine
dernière a été l’occasion de
mettre en lumière une expertise
développée en Montérégie afin de
faire diminuer les fugues en
centre de réadaptation.
Selon les statistiques établies
avant la mise en place de ces
nouvelles mesures, 1 jeune sur 4
expérimentait la fugue lors d’un
séjour en centre de
réadaptation. Alors que la
majorité des fugueurs
expérimentent l’expérience un
maximum de 3 fois, 20% d’entre
eux sont considérés des fugueurs
chroniques.
« On a
décidé d’analyser la situation
pour trouver des façons
innovantes de travailler à ce
niveau. Souvent, les jeunes
fuguent en début de placement
parce qu’ils sont fâchés, parce
qu’ils se laissent influencer
par les autres ou parce qu’ils
ne sont pas contents des
décisions qui sont prises, mais
ça se replace ensuite. La
problématique est au niveau des
jeunes qui sont placés dans le
réseau depuis des années, qui
ont un tissu social effrité, pas
beaucoup de contact avec leurs
parents, pas d’espoir, ça ne va
pas bien à l’école, ils ont de
la difficulté à se trouver un
emploi et ils savent qu’à 18 ans
ils vont devoir être autonomes
et ne sont pas nécessairement
équipés et prêts à ça. C’est
souvent ces jeunes-là qui vont
se mettre à fuguer de façon
chronique », explique
la conseillère-cadre Sophie
Dubuc qui a eu la chance de
piloter le projet.
« Au
niveau de la fugue, on était
toujours en mode réaction alors
qu’il y a moyen de travailler en
prévention. Dès l’arrivée d’un
jeune en centre de réadaptation,
on s’assoit avec lui et ses
parents pour discuter de ce qui
arriverait et de la façon que
l’on travaillerait s’il faisait
une fugue. Nous dressons avec
lui un plan d’intervention dans
lequel on convient tout de suite
de ce qui se produirait advenant
une fugue. Ça ne servira
peut-être jamais, mais on sait
qu’il y a des jeunes qui sont
parfois tannés d’être en fugue,
mais qui ne reviennent pas parce
qu’ils ont peur des conséquences
et représailles. Donc le jeune
est au courant dès le départ de
ce qui arriverait en cas de
fugue. »
L’initiative prévoit aussi une
façon de communiquer avec un
jeune qui commet une fugue.
« On a
équipé nos unités de cellulaires
intelligents avec la fonction
Messenger. Parce qu’en 2019 les
jeunes n’appellent plus, mais
ils textent. Pendant qu’ils sont
en fugues, nos unités leur
envoient des messages pour avoir
de leurs nouvelles et leur dire
que nous sommes inquiets pour
lui. Curieusement, les jeunes
répondent. On est capable de
garder le lien, savoir s’ils
sont en sécurité et leur offrir
la possibilité de se confier et
de les rencontrer pour les faire
revenir le plus rapidement
possible », ajoute
Madame Dubuc.
À la première année du projet,
les autorités ont pu constater
une diminution de 35% des fugues
chez les fugueurs chroniques. Le
projet pilote sera appelé à se
déployer partout en province.
Déjà, les régions de la
Côte-Nord, de l’Estrie, de
l’Outaouais et de Québec ont
emboité le pas. |