lundi 10 août 2020
Des riverains
du Saint-Laurent lancent une
action collective suite au refus
d'Ottawa d'assumer ses
responsabilités pour protéger
les berges bordant le chenal de
la voie maritime

Printemps
2020 : À Verchères, un ouvrage
de protection des berges détruit
par l’action des vagues et un
talus riverain en érosion

Montréal, le 10 août 2020 -
Les riverains de Varennes,
Verchères et Contrecœur ont
essayé à maintes reprises de
sensibiliser le gouvernement
fédéral face à l’érosion des
berges causée par le transport
maritime. Ce type de transport,
à cet endroit du fleuve
Saint-Laurent, a été rendu
possible par l’aménagement de la
voie maritime et de son chenal
par le gouvernement canadien.
Après avoir mené une panoplie
d’actions politiques,
individuelles et collectives, un
regroupement de riverains a
déposé une action collective à
la Cour supérieure du Québec.
Le Comité pour la protection
des berges du Saint-Laurent (CPBSL)
s’attend à ce que de cette
action collective permette de
réparer l’injustice que vivent
plusieurs riverains qui doivent
parfois débourser l’équivalent
de la valeur de leur maison pour
assurer la protection de leur
terrain face aux vagues des
navires. Selon les informations
recueillies à ce jour par le
CPBSL, environ 50% des terrains
riverains des trois
municipalités seraient touchés
par l’érosion. Le montant
demandé dans le cadre de ce
recours pourrait atteindre les
50 millions $. Micheline
Lagarde, présidente du CPBSL,
mentionne que :
« Les
citoyens ne sonnent plus
l’alarme: ils appellent à
l’aide; des maisons sur le point
d’être endommagées, des terrains
minés, un stress qui rend les
gens malades et menace de les
ruiner tant les travaux sont
dispendieux. Chaque fois qu’on
voit passer des bateaux on
s’inquiète, et c’est la colère
qui monte chez les riverains car
le gouvernement ne fait rien. »
L’action collective sera
menée par Me Olivier Laurendeau
du cabinet Laurendeau Rasic
S.E.N.C. Selon Me Laurendeau,
« Les
dommages subis par les
propriétaires riverains ne sont
pas que de simples inconvénients
subis par les occupants de ces
propriétés riveraines. Il s’agit
d’une véritable attaque contre
leur propriété. En l’absence
d’ouvrage de protection adéquat,
les vagues enlèvent du terrain,
année après année, et peuvent
même aller jusqu’à menacer
d’effondrement les
constructions, parfois des
habitations, qui se trouvent à
proximité. Ces terrains doivent
être protégés par des ouvrages
solides capables de résister,
année après année, à l’action
des vagues causées par la
navigation commerciale. »
Ce recours légal est une
conséquence inévitable suite à
plusieurs années de négligence
du gouvernement fédéral. Après
avoir présenté à la Chambre des
Communes en mai 2019 une
pétition parrainée par le député
Xavier Barsalou-Duval et signée
par 2,300 personnes, le CPBSL
avait mentionné qu’une réponse
négative du gouvernement ne
laisserait d’autre alternative
qu’un recours légal. La
réduction volontaire de vitesse
des navires qui a été invoqué
par le gouvernement fédéral
s’avère nettement insuffisante
pour solutionner le problème.
Selon Micheline Lagarde,
« Il
est encore temps pour le
gouvernement fédéral de trouver
une entente et de poser des
gestes bien concrets pour
protéger les berges, les
citoyens, la faune et la flore.
Mais sa réponse à date ne nous
laisse pas le choix d’aller de
l’avant ! ».
«
Depuis plus de vingt ans, les
innombrables tentatives d’ouvrir
un dialogue avec Ottawa ont
frappé un mur. Le gouvernement
canadien n’a pas seulement fait
preuve de négligence en laissant
dépérir la situation, mais aussi
de déni à l’égard des
responsabilités qui lui
incombent. Pendant toutes ces
années, les citoyens ont dû
subir les conséquences de
l’érosion de leurs berges avec
une impassibilité totale face à
leurs doléances. Force est de
constater qu’ils ont épuisé tout
espoir d’obtenir une
collaboration et qu’ils n’ont
d’autre choix que de le
confronter via les tribunaux le
gouvernement qui devrait
pourtant être à leur service, »
déplore Xavier Barsalou-Duval,
député de Pierre-Boucher-Les
Patriotes-Verchères et
porte-parole en transport pour
le Bloc Québécois.
Pour Carine Durocher,
vice-présidente du CPBSL,
« C’est
une injustice trop longtemps
méconnue qui doit cesser! Face
aux vagues générées par les
bateaux sur cette autoroute
qu’est devenue la voie maritime
du Saint-Laurent, les berges se
sont beaucoup détériorées. Par
exemple, aujourd’hui il y a
certains endroits des talus de
trois mètres de haut. L’ampleur,
la complexité et les coûts des
ouvrages de protection qui sont
nécessaires vont bien au-delà
des moyens et de la
responsabilité de simple
citoyen. »

Les vagues
des navires marchands grugent
les berges des îles de Varennes
qui servent de refuge à la
faune. |