Réflexion sur la gouvernance du développement économique
La bisbille vécue à la MRC pointée du doigt

PHOTO : COURTOISIE

Par Stéphane Martin, lundi 24 août 2020

Ce lundi avant-midi avait lieu la journée de réflexion sur la gouvernance du développement économique de la région de Sorel-Tracy. À l’initiative du député de Richelieu, Jean-Bernard Émond, une trentaine de gens du domaine économique se sont réunis à l’Hôtel de la Rive pour adresser leurs réflexions et livrer différents mémoires à l’élu.

Alors que tous semblent s’entendre sur le fait qu’il faille travailler ensemble et regarder dans la même direction, la bisbille vécue autour de la table de la MRC de Pierre-De Saurel aura été identifiée par plusieurs comme étant un frein au développement.

« La région ne pourra pas se développer tant qu’il y a des images de chicane. Quand un député veut vendre un projet et qu’il y a division, ça ne peut jamais marcher. […] Également, si l’on fait un guichet unique, il ne faut pas détruire ce qui fonctionne bien dans l’espoir de créer quelque chose qui va fonctionner », d’argumenter l’ancien député, Sylvain Simard.

Le commissaire agricole, Alain Beaudin, va dans le même sens. « Il va falloir travailler en commun plutôt qu’en attrition. On a souvent de la difficulté à être dans une zone d’inconfort dans la région, mais on n’aura pas le choix. Il faut regarder les intérêts de la communauté. […] La campagne ne peut pas se développer sans la ville-centre et la ville-centre ne peut pas se développer sans la campagne. »

Les participants étaient aussi amenés à s’imaginer où sera rendue la région dans une vingtaine d’années. « On n’a pas de plan de match régional pour savoir c’est quoi nos objectifs à atteindre. Il faut savoir ce que l’on veut pour le futur. Cela fait 9 ans que je travaille dans le domaine communautaire et j’observe beaucoup plus de pauvreté actuellement. S’il y a plus de pauvreté, c’est donc qu’on ne se développe pas comme communauté. […] Certaines MRC ont des préfets élus au suffrage universel, ce qui fait un élu qui n’a pas à défendre sa ville ou municipalité. C’est peut-être une solution à envisager par rapport à tout ce qui se passe actuellement à la MRC », s’est permis de faire remarquer le directeur général du Carrefour jeunesse-emploi et du Recyclo-Centre, Mario Fortin.

Le maire de Sorel-Tracy a quant à lui attiré l’attention sur la lourdeur de la machine lorsque vient le temps de parler de développement économique.  « Chaque organisme et municipalité a sa structure et son conseil d’administration. Cela multiplie le nombre de personnes qui doivent en arriver à un consensus pour une vision commune », a souligné le maire Serge Péloquin qui en a profité pour rappeler que lorsqu’une ville-centre est forte, c’est toute la région qui est forte.


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Le député de Richelieu, Jean-Bernard Émond, a conclu l’exercice en lançant un message d’appel à l’unité. « J’entends ce matin qu’il est possible que des projets puissent nous regrouper. Il est grand temps de passer à autre chose que les guerres intestines. Je vous invite à vous asseoir et discuter d’une vision commune. »

L’objectif de la démarche est d’éventuellement doter la région d’une structure de gouvernance économique faisant consensus dans l’identification des projets porteurs, afin de pouvoir agir rapidement, avec des interventions coordonnées et efficaces, lorsque les enveloppes budgétaires seront disponibles.

Certains ont gardé le silence

Présent tout au long de la consultation, le directeur général de la Chambre de commerce de Sorel-Tracy et maire de la Ville de Saint-Ours a préféré ne pas aller au micro pour prendre la parole. « J’étais plutôt en mode écoute, j’ai noté des points similaires à ceux que la Chambre de commerce a notés dans son mémoire. Je ne voyais pas la pertinence d’aller répéter les mêmes choses. La Chambre de commerce peut être un joueur important dans un exercice de relance économique, il reste à voir la place qu’on est prêt à lui faire dans tout ça », d’expliquer Sylvain Dupuis au SorelTracy Magazine.

Déception

L’ancien président à la SADC du Bas-Richelieu et organisateur communautaire au CLSC de Pierre-De Saurel, René Lachapelle, a assisté virtuellement à l’exercice tenu ce matin. Il déplore le peu de place donnée à la dimension sociale du développement.

« Je suis aussi très inquiet de la volonté d'élitisme qui se dégage de plusieurs interventions selon lesquelles ce sont les "compétences" qui devraient guider le développement et l'urgence de restreindre la démocratie pour y arriver. Ces arguments clés du néolibéralisme sont justement au coeur des problèmes actuels de développement. Bref, tout en partageant plusieurs points de vue, je reste fondamentalement sur mon appétit. Que la Ville de Sorel-Tracy n'ait pas encore compris que son centre n'aura de vitalité que dans la mesure où il sera habité me consterne », a-t-il fait savoir dans une missive envoyée au SorelTracy Magazine.

Les conclusions de la journée de réflexion sur la gouvernance du développement économique de la région de Sorel-Tracy seront communiquées prochainement par l’équipe du député Émond.

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