jeudi 09 juillet 2020
La librairie
de Mario Bastiani menacée de
démolition
Le bâtiment
qui abrite la librairie mythique
de Mario Bastiani sera-t-il
sauvé du pic des démolisseurs ?
Le propriétaire Richard
Falardeau fait preuve de
collaboration afin de sauver son
édifice, a-t-on appris. Crédit :
Annie Bourque
Par Annie Bourque,
jeudi 09 juillet 2020
Implantée au centre-ville de
Sorel-Tracy depuis plus de 34
ans, la librairie de Mario
Bastiani est vouée à un sort
incertain en raison du mauvais
état du bâtiment qui
représenterait un risque pour la
sécurité des citoyens.
Lors de la séance du conseil
municipal en juin, la Ville de
Sorel-Tracy a adopté une
résolution afin que la bâtisse
du 60 rue Hôtel-Dieu fasse
l’objet de procédures
judiciaires afin de forcer le
propriétaire Richard Falardeau à
entreprendre des rénovations.
« Quand
un bâtiment est dangereux et
qu’il porte atteinte à
l’intégrité des gens qui y
habitent, on a le devoir
d’intervenir s’il n’y a pas
d’action de la part du
propriétaire» a
soutenu le maire Serge Péloquin
en répondant à une question
posée par le libraire Mario
Bastien, lors de la séance du 6
juillet.
En entrevue au SorelTracy
Magazine, le 17 juin, le
maire a précisé que plusieurs
visites ont été réalisées par
des inspecteurs de la Ville. Des
recommandations ont été envoyées
au propriétaire du bâtiment. En
l’absence de réponse et d’action
du propriétaire pour rendre le
bâtiment sécuritaire, la Ville
n’a pas eu le choix de recourir
au processus judiciaire.
« Cela
fait plusieurs années qu’on n’a
pas de réponse ni de suivi du
propriétaire», dit
Serge Péloquin.
En mode collaboration
Entretemps, le propriétaire
Richard Falardeau a réagi en
manifestant son désir de
collaboration afin d’éviter une
démolition. Il a dit souhaiter
obtenir les rapports
d’inspection concernant les
différentes évaluations.
« Notre
procureure de la Ville va
collaborer afin de transmettre
toutes les informations. Une
chose est sûre: on souhaite
parvenir à un règlement et que
le propriétaire dépose un plan
de redressement et de rénovation
», a affirmé le maire
Péloquin lors de l’assemblée
publique du 6 juillet.
Patrimoine culturel
Durant la séance, le public a pu
entendre 7 questions posées par
le libraire Mario Bastiani qui a
demandé si sa librairie est
considérée comme étant un
patrimoine culturel. Plusieurs
citoyens considèrent l’endroit
comme étant un lieu mythique qui
symbolise le cachet sorelois.
Quand on entre dans la
librairie, le visiteur remonte
dans le temps et déniche des
trésors de lecture dont
d’anciens volumes de la Comtesse
de Ségur.
Le maire n’a pas voulu commenter
en assemblée publique ce volet
ni les conseillers municipaux
Patrick Péloquin et Martin
Lajeunesse. Cela a fait
réagir M. Bastiani.
«
William Henry démolissait le
patrimoine québécois. L’immeuble
de ma librairie date de 1837.
Dans le sous-sol de l’immeuble,
il y a des arbres qui
soutiennent le plancher et il y
a un cerceau de fer autour »,
fait-il valoir.
Appuis à sa cause
«
Depuis des années, des gens de
partout, d’Ottawa, Gaspésie
viennent me rencontrer. Les
autres librairies indépendantes
au Québec ont l’intention de
m’appuyer. On ne peut pas
démolir une librairie de 34 ans
d’existence sans aucun préavis »,
a ajouté M. Bastiani.
Une pétition serait aussi sur le
point d’être lancée, a-t-on
appris.
Règlement sur les
démolitions des
bâtiments
À la séance du 6
juillet, le conseil
municipal de
Sorel-Tracy a adopté
une résolution au
sujet de l’adoption
d’un règlement
concernant la
démolition de
bâtiments.
« L’objectif du
règlement vise à
assurer un contrôle
de la démolition des
immeubles afin de
protéger les
bâtiments ayant une
valeur patrimoniale
et vise à encadrer
et ordonner la
réutilisation du sol
dégagé à la suite
d’une démolition
complète ou
partielle d’un
immeuble »,
a lu la conseillère
Dominique Ouellette.
Depuis le 6 juillet,
un comité a été
formé qui inclut 3
membres du conseil
municipal ainsi que
le Secrétaire qui
est le directeur du
Service de la
planification et du
développement urbain
et le Chef de la
Division de
l’urbanisme.
Huit critères seront
analysés avant une
éventuelle
démolition a
expliqué le
conseiller Patrick
Péloquin.
1. La valeur
patrimoniale de
l’immeuble.
« On se fiera sur
les rapports
d’experts pour en
déterminer sa valeur
», a
expliqué M. Péloquin
2. L’état de
l’immeuble sera pris
en considération.
3. La détérioration
de l’apparence
architecturale.
« Est-ce qu’il y
a une détérioration
apparente au niveau
de l’architecture,
de l’esthétisme ou
encore de la qualité
de vie du voisinage
? »,
ajoute-t-il.
4. Coûts de
restauration.
5. L’utilisation
projetée du sol
dégagé par la
démolition.
6. Préjudices. Y
a-t-il des
préjudices causés
aux locataires ?
Est-ce qu’il y a une
possibilité de
relogement des
locataires à
proximité?
7. Le bâtiment
peut-il être
récupéré ? On tient
compte des
opportunités de
récupération et de
valorisation des
matériaux et des
équipements du
bâtiment à démolir.
8. Y-a-t-il une
durabilité
environnementale ?
Les membres du
comité se poseront
la question à savoir
quelle l’utilisation
projetée du sol
après la démolition.
Les détails sur ce
nouveau réglement
est disponible est
sur le site Web de
la Ville de
Sorel-Tracy.
« En 1965, on a
démoli le Bureau de
Poste situé au coin
de Georges et
Prince. Pourquoi
a-t-il été démoli?,
a demandé le
conseiller Patrick
Péloquin. Parce
qu’il n’y avait pas
de règlement comme
celui-ci pour le
protéger. 55 ans
plus tard, on va
essayer de protéger
ce qui nous reste de
bâtiment historique
», a
soutenu le
conseiller municipal
Patrick Péloquin.
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