lundi 15 juin 2020
Recherche de logement au temps
de la COVID-19 :
Les ménages
locataires les plus pauvres sont
davantage discriminés


Montréal, le 10 juin 2020– À
trois semaines du 1er juillet,
le Regroupement des comités
logements et associations de
locataires du Québec (RCLALQ) et
le Collectif pour un Québec sans
pauvreté s’unissent pour sonner
l’alarme : si le gouvernement
Legault ne met pas en place
rapidement des mesures d’urgence
pour venir en aide aux ménages
locataires qui n’arrivent pas à
se trouver de logement, tout
porte à croire que plusieurs
personnes se retrouveront sans
logis dans les prochains jours.
Dans une enquête intitulée
«
Discrimination et logement : une
pandémie qui conduit au
mal-logement » qu’il
dévoile aujourd’hui, le RCLALQ
rapporte plusieurs témoignages
de locataires qui se font
refuser la location d’un
logement pour des motifs
discriminatoires quant à leur
source de revenus. L’enquête
révèle aussi des annonces de
logements à louer ouvertement
discriminatoires ainsi que des
propos de propriétaires invitant
à la discrimination retrouvés
sur les réseaux sociaux.
Subissant déjà les conséquences
de la crise du logement, les
locataires les plus pauvres sont
encore plus durement touchés par
les contrecoups de la pandémie.
« Les
personnes assistées sociales
sont particulièrement touchées
par la crise. En effet, si en
temps normal elles n’arrivent
pas à boucler leurs fins de
mois, en temps de crise
sanitaire leur situation de
pauvreté est exacerbée. D’une
part, le prix des aliments et de
certains produits d’hygiène a
augmenté, d’autre part, la
possibilité de gagner un petit
revenu supplémentaire en
travaillant est, pour ainsi
dire, disparue »,
déclare Virginie Larivière,
porte-parole du Collectif pour
un Québec sans pauvreté.
« Le
gouvernement du Québec sait très
bien que les personnes assistées
sociales reçoivent une
prestation si basse qu’elle ne
leur permet pas de couvrir
l’ensemble de leurs besoins de
base, dont ceux de se loger et
de se nourrir. Pourtant, le
gouvernement continue d’ignorer
leur sort, c’est inacceptable! »,
de conclure madame Larivière.
Avec la crise économique que
s’apprête à traverser le Québec
dans les prochains mois, le
nombre de locataires
bénéficiaires de l’aide sociale
risque de monter en flèche. Ces
ménages sont malheureusement
ceux qui sont les plus touchés
par la discrimination lorsqu’ils
sont à la recherche d’un
logement.
« En raison de la pénurie,
dès la publication d’une annonce
de logement à louer, les
propriétaires reçoivent
rapidement plusieurs dizaines de
demandes. Ils ont le beau jeu
d’écarter toutes les personnes à
faible revenu, sans prendre la
peine d’évaluer leur candidature
», dénonce Marjolaine
Deneault, porte-parole du RCLALQ.
S’il est en droit de vérifier la
capacité de payer d’un futur
locataire, un propriétaire ne
peut pas refuser la location
d’un logement en raison de la
condition sociale d’une personne
en vertu de la Charte des droits
et libertés de la personne.
« Avec
la COVID-19, de nombreux
locataires ont perdu leur emploi
et se retrouvent bénéficiaire
d’une prestation gouvernementale
(PCU, AE) qui viendra
inévitablement à sa fin. Sans
preuve d’emploi, on leur refuse
systématiquement la location
d’un logement. Si le
gouvernement ne met pas en place
des mesures d’urgence pour venir
en aide à ces personnes, il ne
leur restera que la rue »,
se désole la porte-parole.
Des moyens plus efficaces
réclamés pour mettre fin à la
discrimination
Les locataires qui se voient
refuser la location d’un
logement pour des motifs
discriminatoires peuvent porter
plainte à la Commission des
droits de la personne et de la
jeunesse (CDPDJ). Un agent peut
alors intervenir rapidement et
entrer en contact avec le
propriétaire fautif. Si ce
dernier refuse de modifier sa
décision, le locataire devra
toutefois faire une plainte
formelle et la Commission fera
enquête.
« Ce processus est long et ne
redonne pas un logement au
locataire victime de
discrimination. On peut
comprendre pourquoi peu de
locataires portent plainte et
pourquoi autant de propriétaires
ne se cachent pas de discriminer
aussi ouvertement »,
mentionne madame Deneault.
Afin de mettre fin à la
discrimination dans le processus
de location d’un logement, le
RCLALQ réclame que la CDPDJ
dispose de plus de moyens
d’intervention pour venir en
aide aux locataires qui en sont
victimes. De plus, le
Regroupement réclame que la
Régie du logement ait pleine
juridiction sur la totalité du
processus de location pour
enrayer la discrimination et
pour permettre l’émission de
dommages punitifs envers les
propriétaires fautifs.
Du côté de la MRC Pierre-De
Saurel, Nous avons reçu
plusieurs appels de locataires
ayant signés des baux pour un
logement et qui ont dû débourser
un montant de dépôt illégal afin
de ne pas perdre la location de
ses logements. Ces actions font
en sorte que les ménages à plus
faibles revenus ne peuvent se
permettre de donner ces sommes
et risquent de ne pas avoir
accès à des environnements sains
et salubres
Sources :
Collectif pour un Québec sans
pauvreté, Action Logement
Pierre-De Saurel |