Le tramway dans le plan vert?
Par : Paul Martin
En parcourant le
plan vert qui vient d’être
publié par le gouvernement du
Québec, on note que le mot «
tramway » n’apparaît vaguement
qu’à quatre reprises et ce, pour
souligner le projet existant
pour la ville de Québec. Avec
l’avis défavorable du BAPE, on
ne voit pas le jour pour la
finalisation de ce projet. Mais
alors, pourquoi avoir élagué le
tramway de ce plan vert en
sachant que ce mode de transport
fonctionne à l’électricité ?
Alors que
dans la plupart des pays, on
produit de l’électricité à
partir des énergies fossiles que
sont : le charbon, le pétrole et
le gaz ; au Québec, la
production de l’électricité
demeure l’une des plus propres
au monde. En effet, au Québec
près de 95% de l’électricité est
produite par l’hydraulique alors
qu’ailleurs dans le monde on n’a
que 6% de l’électricité qui
provient de cette forme
d’énergie.
Par conséquent,
l’électrification des transports
au Québec devient encore plus
significative du point de vue de
la lutte contre les changements
climatiques. Le discours
politique laisse entendre que
l’électrification des transports
se résume aux autos électriques,
une vision trop restrictive.
Non, quand on parle de
l’électrification des
transports, on doit aussi se
référer au transport collectif.
On a
déterminé le besoin en énergie
pour un individu qui parcourt un
kilomètre en ville selon le mode
de transport utilisé. C’est avec
la voiture que le besoin en
énergie est le plus grand alors
que le tramway remporte la palme
devant le métro et l’autobus
avec une consommation 10 fois
moins que l’auto.
On retrouve
le tramway dans presque toutes
les grandes villes d’Europe
alors qu’au Québec, il fait un
peu parent pauvre.
Au Québec, on a
souvent peur d’agir parce que
l’on croit à certains mythes.
D’ailleurs, plusieurs mythes
concernent le retour du tramway.
Le mythe des hivers québécois
On entend
parfois dire que le tramway
n’est pas fait pour les hivers
québécois. Les personnes qui
disent cela sont encore jeunes
ou ont perdu la mémoire. En
effet, le tramway électrique
circulait à Montréal et à Québec
jusqu’à la fin des années 50. Il
existe un tramway dans la
plupart des grandes villes du
nord de l’Europe : à Moscou en
Russie, à Varsovie en Pologne, à
Helsinki en Finlande, à
Stockholm en Suède, à Berlin en
Allemagne, etc. Ces endroits
ont-ils des hivers moins
rigoureux qu’au Québec ? On voit
bien que cet argument qui freine
l’implantation du tramway ne
tient pas la route.
Le mythe des Québécois qui
boudent le transport collectif
Le tramway ne
s’arrête que pour débarquer ou
embarquer des passagers ; il n’y
a pas de feux de circulation ou
de panneaux d’arrêt pour
l’immobiliser. Donc, si l’offre
de services du tramway est
fiable et démontre que cela
prend moins de temps pour se
déplacer, il y a fort à parier
que l’achalandage du transport
par ce moyen augmentera.
Le mythe de l’augmentation du
trafic
Si on installe
des tramways dans nos rues, cela
augmentera le trafic. D’une
part, disons que les rails du
tramway peuvent être installés
dans les terre-pleins de
boulevard. D’autre part, les
rails se fondent dans le pavée
et n’empêchent pas la
circulation automobile.
Le mythe du coût d’implantation
À court terme,
on doit pouvoir compter sur
l’aide du fédéral pour
l’implantation de projets
d’infrastructure afin de
financer les réseaux de tramway.
Le tramway coûte beaucoup moins
cher à implanter qu’un métro. De
plus, cela devrait créer de
nombreux emplois au Québec
puisque l’on compte
l’équipementier de réputation
internationale Alsthom. On
prévoit que le tramway de Québec
coûtera 3,3 milliards de
dollars. Pourtant, le plan
d’acquisition des avions de
chasse et des frégates pour les
forces armées canadiennes
coûtera environ 90 milliards. La
part du Québec, qui est
d’environ 25%, reviendrait à
22,5 milliards ; un montant qui
serait mieux utilisé dans
l’électrification des transports
si on conçoit que la lutte aux
changements climatiques est une
priorité par rapport à une
supposée guerre à venir !
Le mythe du coût pour le
fonctionnement
À plus long
terme, les dépenses de
fonctionnement seront moindres
que celles pour les déplacements
en auto puisqu’il s’agit du
moyen de transport requérant le
moins d’énergie. De plus,
l’achat de l’électricité fait
tourner l’économie québécoise
alors que la dépense de pétrole
entraîne plus tôt un transfert
de notre argent vers les autres
provinces et les autres pays.
Mais alors
comment expliquer que le plan
vert ne prenne pas en
considération le tramway ?
Paul Martin, ing,
Ph.D.
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