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Le tramway dans le plan vert?
Par : Paul Martin
 

En parcourant le plan vert qui vient d’être publié par le gouvernement du Québec, on note que le mot « tramway » n’apparaît vaguement qu’à quatre reprises et ce, pour souligner le projet existant pour la ville de Québec. Avec l’avis défavorable du BAPE, on ne voit pas le jour pour la finalisation de ce projet. Mais alors, pourquoi avoir élagué le tramway de ce plan vert en sachant que ce mode de transport fonctionne à l’électricité ?

 

Alors que dans la plupart des pays, on produit de l’électricité à partir des énergies fossiles que sont : le charbon, le pétrole et le gaz ; au Québec, la production de l’électricité demeure l’une des plus propres au monde. En effet, au Québec près de 95% de l’électricité est produite par l’hydraulique alors qu’ailleurs dans le monde on n’a que 6% de l’électricité qui provient de cette forme d’énergie[1]. Par conséquent, l’électrification des transports au Québec devient encore plus significative du point de vue de la lutte contre les changements climatiques. Le discours politique laisse entendre que l’électrification des transports se résume aux autos électriques, une vision trop restrictive. Non, quand on parle de l’électrification des transports, on doit aussi se référer au transport collectif.

 

On a déterminé le besoin en énergie pour un individu qui parcourt un kilomètre en ville selon le mode de transport utilisé. C’est avec la voiture que le besoin en énergie est le plus grand alors que le tramway remporte la palme devant le métro et l’autobus avec une consommation 10 fois moins que l’auto[2]. On retrouve le tramway dans presque toutes les grandes villes d’Europe alors qu’au Québec, il fait un peu parent pauvre.

Au Québec, on a souvent peur d’agir parce que l’on croit à certains mythes. D’ailleurs, plusieurs mythes concernent le retour du tramway.


Le mythe des hivers québécois

On entend parfois dire que le tramway n’est pas fait pour les hivers québécois. Les personnes qui disent cela sont encore jeunes ou ont perdu la mémoire. En effet, le tramway électrique circulait à Montréal et à Québec jusqu’à la fin des années 50. Il existe un tramway dans la plupart des grandes villes du nord de l’Europe : à Moscou en Russie, à Varsovie en Pologne, à Helsinki en Finlande, à Stockholm en Suède, à Berlin en Allemagne, etc. Ces endroits ont-ils des hivers moins rigoureux qu’au Québec ? On voit bien que cet argument qui freine l’implantation du tramway ne tient pas la route.


Le mythe des Québécois qui boudent le transport collectif

Le tramway ne s’arrête que pour débarquer ou embarquer des passagers ; il n’y a pas de feux de circulation ou de panneaux d’arrêt pour l’immobiliser. Donc, si l’offre de services du tramway est fiable et démontre que cela prend moins de temps pour se déplacer, il y a fort à parier que l’achalandage du transport par ce moyen augmentera.


Le mythe de l’augmentation du trafic

Si on installe des tramways dans nos rues, cela augmentera le trafic. D’une part, disons que les rails du tramway peuvent être installés dans les terre-pleins de boulevard. D’autre part, les rails se fondent dans le pavée et n’empêchent pas la circulation automobile.


Le mythe du coût d’implantation

À court terme, on doit pouvoir compter sur l’aide du fédéral pour l’implantation de projets d’infrastructure afin de financer les réseaux de tramway. Le tramway coûte beaucoup moins cher à implanter qu’un métro. De plus, cela devrait créer de nombreux emplois au Québec puisque l’on compte l’équipementier de réputation internationale Alsthom. On prévoit que le tramway de Québec coûtera 3,3 milliards de dollars. Pourtant, le plan d’acquisition des avions de chasse et des frégates pour les forces armées canadiennes coûtera environ 90 milliards. La part du Québec, qui est d’environ 25%, reviendrait à 22,5 milliards ; un montant qui serait mieux utilisé dans l’électrification des transports si on conçoit que la lutte aux changements climatiques est une priorité par rapport à une supposée guerre à venir !


Le mythe du coût pour le fonctionnement

À plus long terme, les dépenses de fonctionnement seront moindres que celles pour les déplacements en auto puisqu’il s’agit du moyen de transport requérant le moins d’énergie. De plus, l’achat de l’électricité fait tourner l’économie québécoise alors que la dépense de pétrole entraîne plus tôt un transfert de notre argent vers les autres provinces et les autres pays.

 

Mais alors comment expliquer que le plan vert ne prenne pas en considération le tramway ?

 

Paul Martin, ing, Ph.D.

 


 

[1] Chevalier, Jean-Marie et Pastré, Olivier (2015). L’énergie en état de choc, Paris, Groupe

                Eyrolles, p.24.

[2] Dessus, Benjamin (2014). Déchiffrer l’énergie, Paris, éd. Belin, p.12.

 

 

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