La maison brûle. Tant pis!
Par Yves
Fortin
Alors que les partis prétendent
lutter contre les changements
climatiques, il importe
d’évaluer leurs promesses
en examinant les a priori de
leurs choix passés et présents.
Tout, tout, tout ce que vous
possédez, utilisez ou faites
(logis, repas, moyens de
transport-électrique ou pas-
ordi, cellulaire, emploi,
vacances, études), tout cela
sans exception n’est possible
que grâce aux machines qui sont
à notre service, de véritables
esclaves énergétiques. Des
machines que l’on doit d’abord
fabriquer et ensuite faire
fonctionner… grâce à une
quantité croissante d’énergie.
Or, plus de 80% de l’énergie
consommée sur cette planète est
d’origine fossile non
renouvelable, source de
croissance unique du niveau de
vie depuis plus de 150 ans…,
mais également de pollution, de
destruction du vivant et des gaz
à effets de serre (GES), racines
de la crise planétaire actuelle.
Depuis le rapport Brundtland,
Notre avenir à tous
(popularisant la notion de
développement durable) rédigé en
1987
sous l’égide de l’ONU, cette
croissance mythique que l’on
veut infinie dans un monde fini
que l’on mesure avec le PIB, n’a
jamais été remise en question
par aucun des différents sommets
internationaux ni par nos
gouvernements canadiens,
québécois ou locaux.
Que penser de cette stratégie de
poursuivre la croissance tout en
luttant contre les changements
climatiques alors que
selon l’Agence
internationale de l’énergie
(AIE), les émissions de CO2
sont en continuelle progression
malgré la Convention-Cadre des
Nations Unies sur les
Changements Climatiques adoptée
en 1992 et qu’une forte hausse
des GES est attendue en 2021, et
ce, malgré la progression de la
production d’énergie solaire et
éolienne. En fait, les énergies
renouvelables ne se substituent
pas aux fossiles, les
économies d’énergie initialement
prévues sont compensées suite à
une augmentation de l’offre qui
elle permet une augmentation de
la consommation.
LUTTER RÉELLEMENT CONTRE LES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES, C’EST
OBLIGATOIREMENT PARLER DE
DÉCROISSANCE.
Or, quel que soit le
positionnement de nos
politiciens sur l’échiquier et
leurs prétentions pour réduire
les GES, tous carburent avec des
promesses (toujours plus, plus…)
qui nécessitent de la
croissance, base d’un avenir
radieux, source de bonheur
durable et de richesse pour
financer supposément des moyens
lilliputiens et totalement
inefficaces de lutte aux GES.
Pensons à la plantation de deux
milliards d'arbres promis par
Trudeau en 2019.
Prisonniers du mythe de la
croissance, les politiciens font
l’autruche, des promesses sans
impacts réels, des déclarations
qui donnent l’illusion de…
s’attaquer au problème mais qui
justifient la course à
l’augmentation du PIB (relance)
pour satisfaire notre soif de
consommation, obtenir notre vote
et maintenir ce système toxique
dont les impacts sont de plus en
plus visibles (180 000 incendies
en août).
Est-ce à dire que le politique
n’a aucun rôle alors que les
élus arbitrent trop souvent les
conflits et les choix d’intérêt
collectif en fonction de ceux
qui ont le plus de pouvoirs de
nuisances face à leur
réélection. Malgré cet état de
fait désespérant et source de
cynisme, on ne peut baisser les
bras. Il faut exiger des
candidat.e.s qu’ils fassent
preuve de courage et qu’ils
cessent de « ménager la chèvre
et le chou » car comme le disait
Jacques Chirac, président
français, lors du Sommet de la
Terre en 2002 :
« Notre maison brûle et nous
regardons ailleurs ».
Yves Fortin,
ex DG, CLD du
Bas-Richelieu
ex coordonnateur du plan de
développement durable (Agenda
21) de Sorel-Tracy |