lundi 25 janvier 2021
Réforme en santé-sécurité
Se mobiliser
pour vraiment protéger tout le
monde
Parce que pour la CSN et le
Conseil central de la Montérégie
– CSN (CCM – CSN), la
santé-sécurité au travail, c’est
vital, nous demandons au
gouvernement Legault de corriger
sa réforme. Cet automne, Québec
a déposé le volumineux projet de
loi 59, attendu depuis des
décennies, pour dépoussiérer
deux vieilles lois en
santé-sécurité. Le ministre du
Travail qualifie sa réforme de
progressiste, féministe… et
prétend qu’elle va protéger 94 %
des travailleuses et des
travailleurs québécois.
« Il
faut absolument bonifier PL-59
avant qu’il ne devienne loi.
S’il y a des avancées véritables
que nous saluons, nous dénonçons
par ailleurs les importants
reculs », nuance
Jacques Létourneau, président de
la CSN.
«
Les mécanismes de prévention
prévus pour les groupes
prioritaires — notamment le
secteur de l’industrie lourde —
ont permis des avancées en
matière de prévention. Selon le
projet de loi, ces mécanismes
seront étendus à d’autres
secteurs. Toutefois, pour les
groupes actuellement
prioritaires, ces mécanismes
seront affaiblis. Le ministre
Boulet propose des reculs pour
ces travailleuses et
travailleurs, c’est reçu comme
une gifle »,
s’indigne Annette Herbeuval,
présidente du CCM – CSN.
En effet, dans ces milieux
prioritaires à risque modéré ou
élevé, PL-59 réduira le temps
alloué aux représentants à la
prévention pour procéder aux
inspections et aux enquêtes. En
contrepartie, dans les milieux
jugés à risque faible par le
gouvernement, comme l’éducation
ou certains secteurs de la santé
— majoritairement féminins — les
minutes octroyées à la
prévention seront nettement
insuffisantes.
« Le
gouvernement élargit enfin
l’application des mécanismes à
l’ensemble des secteurs.
Toutefois, il n’accorde pas les
ressources et le temps
nécessaires. De plus, les
critères selon lesquelles sont
établis les risques laissent à
désirer. Comment peut-on
expliquer en pleine pandémie que
les établissements de santé
présentent un faible niveau de
risque ? Ces miettes sont-elles
un véritable gain ? »
se questionne Jean Philippe
Dell’Aniello, vice-président du
CCM – CSN.
L’épuisement professionnel :
grand oublié de PL-59 En matière
de santé psychologique, le
projet de loi reconnaît enfin
l’existence de risques
psychosociaux et le stress
post-traumatique. Toutefois,
rien n’est prévu concernant
l’épuisement professionnel.
Pourtant, n’est-ce pas une cause
fréquente d’absentéisme dans nos
milieux de travail ? Tout le
monde sait que cette forme
d’épuisement résulte souvent
d’une accumulation d’irritants
et non des conséquences d’un
choc post-traumatique. Le
gouvernement doit adapter sa
réforme pour reconnaître cette
réalité.
Accroissement
inquiétant des pouvoirs de la
CNESST
Les travailleuses enceintes ou
qui allaitent se retrouvent
aussi parmi les perdantes de la
réforme. Leur retrait préventif
serait assujetti à des
protocoles administratifs de la
Commission des normes, de
l’équité, de la santé et de la
sécurité du travail (CNESST).
Or, les médecins traitants et
les professionnelles de la santé
sont les mieux placés pour
continuer de protéger les
femmes.
Enfin, la CNESST disposerait
d’un pouvoir réglementaire
additionnel pour restreindre les
soins et les moyens à déployer
afin de permettre la
réadaptation entière d’un ou
d’une accidenté-e du travail.
D’ailleurs le ministre prévoit
que son projet de loi permettra
d’importantes économies.
«
Est-ce excessif de demander que
cette réforme soit repensée afin
d’améliorer la santé et la
sécurité des travailleuses et
travailleurs? Est-ce trop
demander qu’elle soit envisagée
en termes humains plutôt qu’en
termes économiques ? »
insiste M. Dell’Aniello.
La CSN et ses organisations
affiliées partout au Québec,
incluant le CCM – CSN, font de
l’amélioration de cette réforme
leur cheval de bataille.
« Le
Québec ne doit pas rester
dernier de classe en
santé-sécurité au travail. Pour
longtemps, la réforme aura un
impact majeur sur la vie des
travailleuses et des
travailleurs. Nous n’avons pas
le droit d’en oublier en chemin.
Il faut vraiment protéger tout
le monde », conclut
Jacques Létourneau.
SOURCE :
Conseil central de la Montérégie
–
CSN |