Sorel-Tracy : Alerte à la dette
Par : plusieurs signataires
C’est en 2012
sous Réjean Dauplaise, que la
Politique de gestion de la dette
de Sorel-Tracy a été adoptée.
Au 31 décembre 2013, au début du
premier mandat de l’actuel maire
sortant, notre endettement total
net à long terme s’élevait à
62 M$. Au début de 2021, c’est
58 M$.
Outre ses
variations naturelles, si on
réalisait une étude de
l’évolution de cette dette, en
considérant l’inflation, la
baisse des taux d’intérêt des
dernières années, certaines
entrées spéciales d’argent
(ex. : droits de mutation de
plusieurs M$ pour la nouvelle
prison en 2016) et le 4 M$
annuel que nous versons sous
l’item « Dette Sorel-Tracy »
de nos comptes de taxes, nous
pourrions conclure que le niveau
de notre endettement est stable.
Certains diront
que c’est déjà ça de pris.
D’autres mentionneront que nous
payons annuellement, plus de
1 M$ en intérêt et que notre
situation financière ne
s’améliore pas. C’est
l’éternelle question du verre
d’eau : est-il à moitié vide ou
plein ? Mais nous
signataires, on se demande bien
où est passé tout cet argent en
regard de l’état de stagnation
de notre ville, depuis plusieurs
années.
À notre avis,
notre dette municipale n’est pas
réellement gérée avec une
direction claire quant à son
évolution. Mais, si nous ne
voulons pas que celle-ci nous
explose au visage, il faudrait y
voir, sachant que certaines
grenades sont déjà
dégoupillées.
Dans ce
contexte, il existe un
scénario vraisemblable où nous
pouvons d’ores et déjà estimer
notre dette d’ici 3 ans, au
minimum, à 74,56 M$, en hausse
de 28,6 %. Laquelle sera
composée du 58 M$ préalablement
mentionné, que nous traînons,
plus un minimum de 16,56 M$
supplémentaire, dont :
1) La nouvelle
piscine intérieure (10,8 M$)
La subvention
demandée pour cet équipement
était égale à l’estimation de
base, prépandémie, c.-à-d.
30,8 M$. Or, nous avons obtenu
20 M$, d’où le 10,8 M$ de fonds
propres qui est dorénavant
requis. Le tout, sous forme de
dette, dans l’hypothèse où aucun
commanditaire ne montre
d’intérêt pour ce projet.
Mises en garde :
Les coûts actuellement annoncés
sont des estimations en mode
électoral et basées sur des
données de prix, prépandémie. Le
30,8 M$ est donc un minimum avec
un 20 M$ fixe de subvention. De
plus, la ville de Sorel-Tracy
est présentement en appel
d’offres pour obtenir un devis
de performance. Ce qui indique
un retour à la page blanche,
après avoir dépensé en pure
perte des dizaines de milliers
de dollars en plans, dessins
d’architecture et vidéo haute
définition.
De plus, pour
accélérer la cadence dans un
projet dont le financement n’est
toujours pas bouclé,
Sorel-Tracy envisage de sauter
l’étape des plans et devis
pour aller directement à la
phase construction, sur la base
d’un prix fixe et ferme de
30,8 M$. C’est une façon de
faire intéressante dans le
contexte d’un bien normé,
comparable d’un fournisseur à
l’autre. Mais on se demande bien
comment cela est réaliste pour
un équipement dont chacun des
soumissionnaires aura sa vision
propre, différente par
définition.
2) Terrain de
soccer synthétique (1,76 M$)
Annoncé en août
2020, Sorel-Tracy a décidé de
financer seul par anticipation,
cet équipement au coût
prépandémie de 2 M$. Selon les
informations disponibles, la
ville est en attente de
certaines autorisations
gouvernementales pour aller de
l’avant.
Côté
financement, monsieur le maire
sortant s’était engagé
formellement en juin 2020 à
livrer 1,2 M$ des profits de
Parc éolien Pierre-De Saurel
pour ce projet. Il n’en a
finalement obtenu que 239 532 $.
Le différentiel devrait venir de
subvention ou par endettement.
Il manquerait
donc pour l’instant au minimum,
1 760 467 $. Dans l’état actuel
des choses, ce montant
deviendrait éventuellement en
dette, considérant que le
conseil municipal de Sorel-Tracy
est impatient à l’approche des
élections, de voir des « bulldozers ».
3) Statera
(4 M$)
Depuis ses
débuts, Statera refuse de
dévoiler ses États financiers.
On sait que la ville de
Sorel-Tracy est autorisée à
garantir les emprunts de Statera
jusqu’à concurrence de
4 255 000 $. On sait aussi que
Statera n’a attiré pour ses
2 premières années d’opération,
qu’environ 15 000 visiteurs
payants sur les 67 000 prévus
c.-à-d. 22 %.
Au 12 juillet
2021 à la veille de la période
de pointe des vacances, selon
Statera, plus de 6 125 billets
auraient déjà été vendus. Sur
cette base et à l’observation
visuelle par différentes
sources, directement sur le quai
Catherine-Legardeur, il apparaît
que le niveau de fréquentation
de la présente saison sera
équivalent à 2018 et 2019 ; d’où
un déficit d’opération anticipé
avec un impact à la hausse sur
sa dette.
En ce sens, la
dette minimum de Statera estimée
à 4 M$ nous apparaît réaliste et
elle est en croissance avec au
moins, 108 000 $ d’intérêts
annuellement ; l’équivalent de
3 130 visiteurs en forfait
famille. On voit mal comment
cette dette, équivalente à
396 M$ s’il s’agissait du budget
de Montréal, pourrait se
résorber d’elle-même. En cas de
faillite, elle sera directement
additionnée à la dette de la
ville de Sorel-Tracy.
4) Inconnu
(dette à venir)
Sorel-Tracy nous
présentait le 5 juillet 2021,
son Plan Triennal
d’Immobilisation (PTI),
2022-2024, lequel soulève
plusieurs interrogations. Par
exemple, pour 2024, on retrouve
un discret 2 M$ (57 $/citoyen)
en surplus du 30,8 M$ ci-haut,
pour un « Chemin d'accès du
futur complexe aquatique »
c.-à-d. défaire pour refaire des
travaux récemment réalisés. Rien
sur l’entretien de la piscine
actuelle ni sur la
transformation de celle-ci,
censée accueillir Altigym ; un
vague énoncé de « Travaux de
restauration patrimoniale »
concernant l’Église Notre-Dame
devant accueillir la Société
historique Pierre-de-Saurel,
suite au départ d’Altigym. Sans
oublier le néant pour le 207 rue
Prince - la petite maison rouge
- une propriété de la ville
classée patrimoniale, dont les
rénovations étaient estimées à
plus de 300 000 $ au PTI 2020-2023.
En conclusion,
au taux moyen d’emprunt payé par
Sorel-Tracy de 3,44 % sur une
période de 25 ans, seulement
pour ce 16,56 M$ supplémentaire,
cela représente 67 $ de plus par
année, pour chacun de nos
14 800 comptes de taxes. Ainsi,
une fois que nous aurons payé
nos impôts fédéral et
provincial, les taxes de toutes
sortes, dont la TVQ et la TPS,
il nous faudra ajouter la TMS,
la Taxe du Maire Sortant.
Christian Albert, ing.
Yanick Caisse
Sophie Chevalier
René Cournoyer
Marcel Fafard, ing.
Claude Himbeault
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