Jocelyn Mondou où
le respect des contribuables
Par Claude
Himbeault
Le 13 avril 2021, je publiais
une lettre ouverte : La
légitimité de Serge Péloquin au
terme d’un mandat de 8 ans.
Je questionnais alors sa
capacité et celle de son conseil
municipal à engager notre ville
sur le long terme, à la vieille
des élections municipales de
novembre 2021. Je m’interrogeais
notamment sur la nature de
l’empressement que se donnait
Sorel-Tracy à signer un
protocole (alors à venir) avec
le groupe GIB (GIB ci-après) à
l’horizon 2025, maintenant fixé
à 2,1 M$.
Ce
protocole ayant été signé, j’en
ai légalement obtenu une copie.
Voici donc quelques remarques où
mon gros bon sens de
contribuable a été mis à rude
épreuve. Au préalable, je tiens
à mentionner que je suis un
ancien membre du conseil
d’administration du
Festival de la gibelotte,
un nostalgique de ce nom. J’ai
toujours à cœur cet événement
comme j’en suis convaincu, tous
ces bénévoles qui y ont
travaillé avec fierté, durant
des années.
La première
chose qui frappe dès les
premières lignes du protocole,
c’est que le GIB, un organisme à
but non lucratif par définition,
se cherche des occasions de
croissance à la manière d’une
organisation privée. Il y a là
une confusion des genres qui
laisse songeur où le GIB
argumente de sa croissance pour
demander encore plus de
subventions à la ville. C’est
comme un cercle vicieux et on se
demande où cela va-t-il
s’arrêter ?
De même, le
« pouvoir ayant horreur du
vide », on se demande quand
le GIB remplacera définitivement
le service des Loisirs de la
ville de Sorel-Tracy, l’Office
de tourisme, la Corporation des
événements de Sorel-Tracy et le
RIRÉRST (Statera) pour qu’enfin,
nous puissions cesser de payer
pour toutes ces organisations
qui manifestement, se dédoublent
dans le même « créneau de
marché ».
Mais il y a plus. En annexe du
protocole, on retrouve la
mention suivante : « Mettre
en place du contenu moderne et
technologique, permettant des
expériences immersives… »
Incroyable, le GIB se lance
aussi dans la technologie. Ce
qui requerra de nouveaux moyens
financiers. Sommes-nous en train
de créer le « GIB monstre »
comme on voulait le faire avec
Écomonde-Statera ?
Saviez-vous que le GIB et
Sorel-Tracy sont maintenant
partenaires d’une philosophie
commune : « Sorel-Tracy,
ville en changement » ?
On se demande bien ce que cela
veut dire si on considère
qu’encore récemment, le
président de Développement
économique Pierre-De Saurel,
M. Luc-André Lussier admettait
sur les ondes de CJSO que
Sorel-Tracy était une ville en
mode stagnation économique ; à
l’image de l’Indice de
vitalité économique de l’Institut
de la statistique du Québec
qui nous positionne en mode
déclin depuis 2013. À moins que
cette philosophie soit le thème
de la campagne électorale de
Serge Péloquin en vue de la
prochaine élection ? Auquel cas,
il faut conclure qu’il s’agit
d’un amalgame douteux et
inapproprié tant pour un OBNL
comme le GIB que pour un
protocole signé par le greffier
de notre ville.
L’une des grandes surprises de
ce protocole, c’est que dans
l’hypothèse où Sorel-Tracy, avec
un nouveau conseil municipal en
poste en novembre 2021 changeait
de philosophie de gestion, elle
ne peut résilier ce contrat
(art.9). Mais nous pouvons lire
(art. 9.2) : « Le GIB peut
résilier, en tout temps, la
présente entente, pour quelque
raison que ce soit. » On
voit mal pourquoi le GIB
résilierait ce protocole. Mais
on a de la difficulté à
comprendre pourquoi Sorel-Tracy
s’est attaché ainsi, sans issue
de sortie.
Ce que l’on appelle une
incongruité (art. 10.4) : «
La Ville n’assume aucune
responsabilité reliée à un
déficit ou aux dettes de
l’organisme en lien avec la
présente entente. » Mais à
l’annexe 1 : « Démontrer une
bonne situation financière afin
de retirer totalement le
cautionnement de la Ville envers
l’Organisme d’ici la fin de
l’entente ». Explication
requise concernant cette
contradiction majeure ?
En matière de contrôle financier
et de gouvernance, c’est un peu
le party. Ainsi, on
demande de numéroter les billets
à des fins de contrôle, sans
spécifier les mécanismes de
contrôle afférents et surtout,
indépendants. Mais bon, il y
aura des numéros sur les
billets.
En matière d’achat, le protocole
exige d’ : « Envoyer des
demandes de prix pour tous les
contrats ayant une valeur
au-delà de 5 000 $, auprès d’un
minimum de deux (2)
fournisseurs… » Mais on sait
intuitivement que plus de 80 %
des achats se situent dans la
catégorie des petits achats
c.-à-d. de moins de 5 000 $.
Ici, c’est une ouverture vers
l’arbitraire et les raccourcis
dans la gestion des
approvisionnements.
Une perle : « Porter une
attention particulière aux
services offerts durant les
Événements et qui pourraient
entrer en compétition avec
l’offre commerciale existante. À
cette fin, une consultation doit
être réalisée annuellement par
l’organisme, et ce auprès des
commerçants et restaurateurs du
centre-ville ». Comment
interpréter : « Porter une
attention ? » Cela n’a
aucune portée. Par ailleurs et
par définition, une consultation
n’impose aucune obligation.
Bref, c’est comme si le GIB
prenait le contrôle de l’espace
commercial du centre-ville de
Sorel-Tracy. C’est inconcevable.
Pourtant, n’est-il pas de la
responsabilité de la ville de
Sorel-Tracy de protéger nos
commerces déjà en place ?
On remarque aussi, une absence
de rigueur concernant les
exigences liées à la
gouvernance. Ainsi, un document
aussi important que le présent
protocole aurait dû être
approuvé en Assemblée générale
annuelle (AGA), comme l’exige
les façons de faire habituelles
en de telles circonstances. Ce
qui ne semble pas avoir été le
cas. D’ailleurs, l’AGA de 2019 a
été tenu entre initiés, sans
aucune annonce publique. Qu’en
sera-t-il de celle de 2020 ?
2021 ?
Par ailleurs, pourquoi ce
protocole n’exige-t-il pas une
séparation des pouvoirs comme
les bonnes pratiques de gestion
le prescrivent, entre les postes
de directeur général du GIB et
celui du président de son
conseil d’administration ?
Est-ce que cette façon de faire
a été approuvée en AGA en toute
connaissance de cause ? Même
Pierre Karl Péladeau,
actionnaire de contrôle de
Québecor n’est pas le président
de son CA.
Même s’il est fondamental pour
une ville de tenter de prévoir
son développement sur le long
terme. On comprend mal l’urgence
de vouloir se peinturer dans un
coin jusqu’en 2025 avec le GIB.
Une année, celle de 2021, aurait
été largement suffisante en ces
temps de pandémie pour permettre
de voir venir.
Enfin, le libellé de ce
protocole est tellement peu
pertinent et contradictoire sur
ses aspects fondamentaux, que
l’on doit s’interroger sur les
intentions des membres du
conseil municipal qui l’on
approuvé, surtout en cette
période électorale ; à moins que
simplement, cette approbation
ait relevé du simple « rubber
stamping » sans lecture ni
compréhension des tenants et
aboutissants.
En bout de piste, seul le
conseiller Jocelyn Mondou du
Vieux-Sorel s’est opposé à ce
protocole. La question qui se
pose est de savoir s’il était le
seul « bon père de famille
» dans la salle du conseil.
Claude
Himbeault
Citoyen engagé et respectueux de
la démocratie
Ex-membre du conseil
d’administration du Festival de
la gibelotte
Sorel-Tracy |