C'est un portrait sombre qu'ont présenté trois conférenciers invités au
Souper/conférence de l'American Foundry Society (AFS), jeudi soir dernier à
l'Auberge de la Rive, dont le président pour le chapitre de l'EST du Canada, est
Michel Beaudoin, président de Minéraux Mart. Une conférence sous le thème
« La situation des marchés des métaux au Québec »,
qui nous a fait connaître plusieurs points de vue sur l'état actuel de ce marché,
durement touché par la crise économique.
Juste un peu avant de commencer les conférences, l'AFS rendait hommage à l'un
de ses membres, Jocelyn Baril, PDG de Technologie du Magnésium et de l'Aluminium (TMA),
de Trois-Rivières, pour son entreprise qui offre des pièces de prototypes et de
précisions, faites d'un alliage de magnésium et d'aluminium. Comme exemple de leur
savoir-faire, TMA a fourni, à une compagnie d'Israël des boîtiers de transmission
pour une automobile volante, en plus d'expédier 15 tableaux de bord à Ferrari et
qui serviront pour le F149, le premier « coupé cabriolet » de l'histoire de la
maison Italienne.

La fameuse pièce du tableau du bord qui servira au prochain modèle F149 de
Ferrari, en compagnie de Michel Beaudoin, Christine Brassard et Jocelyn Baril
L'AFS, c'est 47 chapitres en Amérique du Nord et la particularité de celle de
«l'Est du Canada», c'est qu'elle est francophone. L'AFS est très présente dans les
écoles et les universités, partout ou la formation est priorisée. Selon Michel
Beaudoin, la recette pour passer à travers de la crise; « Il
faut être créatif et ne jamais cesser d'innover ! »
Jean-François Turgeon cherche à rester optimiste
C'est devant plus de 275 convives de Sorel-Tracy, du Québec, de l'Ontario et
des États-Unis, à qui
s'est adressé en premier, le président de QIT-Fer et Titane
inc., Jean-François Turgeon, qui lui refuse de sombrer dans le pessimisme, mais
qui se devait de jeter un regard actuel sur le marché de la métallurgie et sur son
usine.
Il a parlé du marché de la fonte qui, grâce à son bas prix, est très utile dans
le secteur de l'automobile, mais aussi, qui est un élément important dans la
fabrication des éoliennes; LA lueur d'espoir de l'entreprise, selon M.Turgeon.
« On remarque une croissance de la fonte de 2002 à 2007, et
ça s'est maintenu en 2008. Cette croissance est due aux innovations, car
maintenant, on fait des pièces en fonte minces et légères qui sont capables de
concurrencer d'autres matériaux dans l'industrie automobile. Son avantage est son
bas prix ! »
M.Turgeon a aussi parlé du « Sorel Métal », une autre spécialité de l'usine de
Sorel-Tracy. « En Europe, les gens veulent faire des pièces
de qualité pour les éoliennes, pour que ça dure longtemps, et ils mettent de 50 à
60% de notre produit dans leur composé de fabrication. Cette partie là des
affaires va bien pour nous, soit les projets d'énergie verte ou de développement
durable. »
Questionné sur le fait que la Crise ne semblait pas encore avoir touché
Sorel-Tracy de façon significative, M. Turgeon expliquait que l'année 2008 a été
très bonne pour l'entreprise. « C'est en décembre, janvier
et février que tout s'est écroulé. C'est sûr qu'au cours des prochains jours, on
va regarder le portrait de nos clients dans le monde, analyser tout ça, adapter
nos besoins, se ressourcer et revoir nos stratégies, on a pas le choix en période
de crise d'utiliser ces moyens-là pour pouvoir passer au travers. »,
laissait-il tomber, en entrevue avec le STM, après la soirée.
Mais, Jean-François Turgeon se veut optimiste et il est revenu sur les défis du
marché en disant : « L'efficacité, la rapidité, la
flexibilité, la diversité et l'adaptation, les entreprises qui mettront ces
actions en avant s'en sortiront. On est capable d'être meilleur que n'importe qui
dans le monde. Il y a une
croissance de 12 % dans le marché des éoliennes et moi j'aimerais ça être
fournisseur de ce marché, donc je dois m'adapter à ça ! »
Chris Lisso
Ensuite, c'était au tour de Chris Lisso, de Elkem Metal Canada, de dresser un
bilan très noir de la situation actuelle et des perspectives, en s'appuyant sur
plusieurs statistiques alarmantes, brandissant même un tableau de comparaisons
avec la grande dépression des années 30. « Je crois-moi
aussi, en l'éolienne, mais la performance de notre dollar n'aide pas ! »,
déclarait-il.
Herbert Black
Mais, le passage remarqué fut sans contredit Herbert Black, président de
American Iron & Metal (AIM), qui a su se faire remarquer par de nombreuses
déclarations. M. Black disait d'entrée de jeu : « Je suis
optimiste en la vie, mais pas en l'économie ! », déclarait-il.
M. Black ne croit pas que la Chine va sauver le monde, même qu'il n'a pas,
sensiblement, une très haute estime de ce pays. « It still a
communist country !», rappelait-il. Mais il en ajoutait : « On ne peut pas faire
de business avec des gens qui ne respectent pas leurs ententes ! »,
laissait tomber amèrement Herbert Black, qui semble avoir vécu une mauvaise
expérience.
Puis, il a parlé des déboires d’American Express, du marché du cuivre qu'il
faut abandonner, suggérait-il, tout en constatant le privilège de vivre au Québec
et au Canada, prenant comme exemple la pauvreté en Inde et en Chine. Il a parlé
aussi de la tolérance canadienne: « Nous sommes tolérant au
Canada, car si quelqu'un ne paie pas ses impôts au Canada, il peut aller en
débattre et même s'en sortir, tandis qu'aux États-Unis, il est jeté en prison
directement ! »