SorelTracy Magazine - Jeudi, 21 novembre 2024

Mardi 6 février, 2024

Par Jean-Luc Gouin

« Binarité de genre » : de Wikipédia au Devoir

De Wikipedia au Devoir. Ou désormais le terreau de tous les bourrages ?
Un cas de figure : La « Binarité de genre »

(la recherche d’une Gauche débêtisée en filigrane,

mais non sans un léger détour par la patrie d’Albert Camus)

 

« Si vous êtes fidèle au logiciel de la gauche – le social, l’éducation, la nation, l’universel, la laïcité -,
vous trouvez de la sympathie au Figaro mais vous vous faites mal voir dans Le Monde. »

 

le fort et bel esprit Jacques Julliard, peu avant son décès l’automne dernier

 

 

La binarité de genre, dis-je.

Ou le « couple » féminin / masculin entendu comme simple croyance

 

Dit autrement :

 

Quand Wikipedia ne présente plus factuellement un « dossier » (avec les nuances qui s’imposent d’office, d’une part, ainsi que les opinions divergentes, d’autre part, qui, les cas échéants, y sont associées), mais devient plutôt le théâtre de la propagande d’une idéologie qui – qui l’eût cru ? – se présente sous le mode de la certitude.

Je n’ai jamais été, pour ma part, un fervent du concept extrêmement plastique – pour ne pas dire cytoplasmique – de Wikipedia. Il reste qu’avec des « prestations » pareilles — où la bien-pensance, la science infuse auto-proclamée et, surtout, la culpabilisation tout azimut et infantile d’un point de vue, disons, moins « hétérodoxe » (pour le dire dans le corset de la litote) — on chemine sans détour, à l’évidence, vers le discrédit généralisé de la sympathique, à ses origines en tout cas, aventure wikipédienne.

Un peu à la manière du Devoir post-Bernard Descôteaux, par exemple.

Avec notamment ses Aurélie Lanctôt et ses «E»milie Nicolas (j’allais écrire : ses homélies ex cathedra), qui carburent systématiquement au mépris, à la suffisance et à la violence verbale devant tout ce qui ne s’insère pas tout spontanément dans les petites cases mentales de leurs certitudes, à la fois lits douillets de toutes les obsessions et réservoirs inépuisables d’un fanatisme militant imbu de sa vérité résolument indiscutable, par définition, ou encore sa responsable des pages Idées / Opinions (également éditorialiste !), qui relaie en continu, en celles-ci, des textes d’une maturité intellectuelle, sociale ou politique qui dépasse rarement le niveau d’un enfant-roi/reine de dix-sept ans déjà persuadé, sans autre forme, à l’exemple des chroniqueuses sus-nommées à l’instant, de nager dans les eaux réconfortantes, et nullement troubles, de la vérité de son Moi « ressenti » gonflé à bloc au cube.

C’était autre chose, il faut bien l’admettre, avec le « regretté » Robert Dutrisac, précédemment titulaire des mêmes responsabilités (dont d’ailleurs on goûterait bien la plume de nouveau, en quelque espace d’écriture où le ridicule n’aurait pas encore totalement chassé la réflexion). Autre chose, en clair, qu’une groupie à l’horizon intellectuel en entonnoir s’abandonnant tout naturellement aux lubies à la mode du temps.

Bref. Il y a maintenant long de temps (très exactement huit ans, de fait, à quelques jours près) qu’il n’y a plus – de Jean-François Lisée à Michel David ou Christian Rioux et Louis Cornellier, et deux ou trois autres claviers réfléchis – qu’une infime poignée de chroniqueurs « résistants » pour préserver, en ces lieux, et pour ainsi dire à bout de bras, le bébé joufflu et pétant de santé d’Henri Bourassa du déshonneur qui « imprime » depuis lors le directorat ainsi que l’essentiel de l’équipe de rédaction.

De ce Devoir, dirai-je aussi (stupéfiant clone de cette Presse toujours bien ancrée dans ses ornières bétonnées de toujours / Gesca ou pas), où même le doyen éditorialiste septuagénaire nous farcit en permanence des copier/coller juvéniles dignes d’un stagiaire de Sciences Po-UQÀM (ou… Grenoble) chez les commissaires politiques de Libération. Ou Médiapart.

Et dire que ce Devoir aura été jusque-«là», en Québec, en termes d’excellence, ce que Le Monde de Beuve-Méry aura longtemps été pour la France. Or les deux grands quotidiens de naguère ressemblent désormais de plus en plus à des journaux-étudiants de cégep. Ou de lycée.

Peut-être Stanislas sur Notre-Dame-des-Champs excepté…
(bien que cet Établissement ne sache pas toujours, il est vrai, que ‘collège’ se libelle avec la diacritique sur sa voyelle centrale)

Mais nom de nom !

Où est donc disparue cette Gauche tout à la fois réfléchie, généreuse et de bonne foi, d’inspiration jauressienne, et capable de discuter intelligemment avec le « divers » sans troquer constamment l’argument pour l’injure, ni s’arroger le monopole du vrai, du bien et de la vertu en renvoyant à l’extrême-ultra-droite – tel un mantra circulant en boucle, à l’image d’un moteur tournant à vide – ce qui ne participe pas de son aveuglement (ce mélange déraisonnant de suffisance cléricale, d’ignorance primaire, de culture de potiron et de malhonnêteté intellectuelle) tout content-content de lui-même.

BHL et Frédéric Bérard compris
(« Il y a des gens qui ne s’instruisent que pour ajouter à leurs préjugés » / dixit le défunt Albert Brie. Dit « Le silencieux » du… Devoir)

 

Jean-Luc Gouin
Québec, 5 février 2024

 

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