Élaine Zakaïb
explique un
point de vue des
finances
gouvernementales
Par Jean Doyon -
30 octobre 2015
Même si elle
n'est plus dans
le giron
politique,
l'ancienne
ministre
déléguée à la
Politique
industrielle et
à la Banque de
développement
économique du
Québec, sous le
gouvernement de
Pauline Marois,
Élaine Zakaïb,
surveille tout
de même ce qui
se passe dans
l'actualité.
Aujourd'hui
vice-présidente
des Boutiques
Jacob, madame
Zakaïb a publié
hier sur sa page
Facebook, une
explication ou
un point de vue
comptable en
matière des
finances
gouvernementales
en lien avec le
dernier
investissement
du gouvernement
du Québec chez
Bombardier.
J'avoue que
j'ai trouvé cela
intéressant !
Voici ce qu'elle
a écrit :
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En réponse à plusieurs statuts que je viens de lire, je vais prendre quelques lignes pour tenter d'expliquer la différence entre "l'argent" investi en éducation et "l'argent" investi dans Bombardier du point de vue des finances gouvernementales. C'est un concept abstrait, mais une réalité pour ceux qui gèrent les finances publiques.
Je tiens à préciser d'entrée de jeux que je suis de celles qui croient fermement qu'une dépense en éducation est un investissement dans notre avenir collectif; mon propos n'est malheureusement que comptable et les règles que j'explique ne sont pas décidées par le gouvernement, elles régissent tous les gouvernements, partout dans le monde.
Le budget du gouvernement se résume ainsi : les revenus d'une année mois les dépenses de cette année. Si le résultat est positif, on a un surplus si il est négatif, un déficit. Mais qu'est-ce qu'une dépense? Je vous évite tous les détails, mais les salaires, les services, les intérêts sur la dette, entre autres, sont des dépenses. La très grande majorité des dépenses du gouvernement se situe en santé, en éducation et en intérêts sur la dette.
Quand on construit un actif : une école, un hôpital, etc. ou quand on acquiert des actions d'une compagnie, on a un bien en échange. Alors l'argent utilisé pour payer cet actif n'est pas considéré comme une dépense puisqu'on remplace l'argent par un bien. Il n'affecte donc pas le déficit de l'année. Ainsi, par exemple, si le gouvernement investit un milliard dans Bombardier, ça n'est pas pris en compte dans le calcul du déficit.
Alors vous me direz, mais on prend quand même de l'argent pour acheter ces actions, et vous avez raison. On emprunte cet argent. On ajoute à notre bilan (et non au budget) un bien (un actif) et on ajoute une dette au passif. On augmente la dette, donc on devra payer plus d'intérêts qui, eux, entrent dans le déficit.
Quand le gouvernement investit dans Bombardier, il ne paiera que les intérêts sur la dette qu'il ira chercher sur les marchés à un taux très avantageux. La question financière qu'il doit donc se poser : mon investissement me rapportera-t-il plus que le coût de la dette? Financièrement, mes actions de Bombardier me rapporteront-elles plus que cet intérêt. Ça, l'avenir nous le dira. Mais la question fondamentale se résume à : le Québec peut-il se permettre de perdre les emplois de Bombardier et de toutes les entreprises en aéronautique qui ont été créées autour de Bombardier? Poser cette question est y répondre. Bien sûr que non. Je ne peux me prononcer sur la qualité de la structure de financement mise en place, car je ne la connais pas, mais il est pour moi évident que le gouvernement devait agir. |