Famille reconstituée, version
féline
Mardi 13 juillet
2010
Une famille
reconstituée, ça peut être aussi
traumatisant pour les chats.
Mon chum et moi
avons en effet décidé de
rapatrier sa chatte Fillotte à
Sorel. On trouvait qu’elle
faisait pitié à vivre trop
souvent seule dans un appart de
Montréal en pleine canicule.
La question à 50
$, c’était ma Zézette. Comment
allait-elle prendre ça,
l’arrivée d’une belle-sœur ou,
plus précisément, une nouvelle
sœur par alliance parentale ?
Dan l’automobile,
installée dans une cage étroite,
Fillotte stressait dans
l’automobile, ignorant tout de
notre plan machiavélique. Elle a
même laissé un petit souvenir…
Quand nous sommes
arrivés à Sorel, Zézette était
dehors. Nous en avons profité
pour libérer Fillotte dans la
maison afin qu’elle puisse
prendre connaissance de sa
nouvelle demeure.
Bref, quand
Zézette est revenue, Fillotte
s’était déjà installée en reine
et maîtresse.
Pôvre Zézette !
Elle ne comprenait pas ! Et
Fillotte, elle, avait décidé que
c’était SON territoire.
Les deux chattes
se sont regardées comme des
chiens (!) de faïence. À 10
pieds l’une de l’autre, elles
s’observaient tels deux sphinx,
le regard impénétrable mais
lourd de sous-entendus et de
frustration d’avoir à partager
le même espace. Et puis Fillotte
a commencé à feuler, se
considérant déjà comme la boss
de la place.
On a décidé de
les laisser toutes les deux à
l’intérieur pour faire
connaissance… Quand nous sommes
rentrés, Zézette a pris la porte
sans demander son reste. Chassée
de sa maison.
Me sens
coupable. C’est ma fille après
tout.
Fillotte a pris
le contrôle du foyer sans
vergogne, sans même une once de
culpabilité. Elle a même mangé
dans le plat de Zézette.
Dire que j’avais
pitié d’elle en voiture !
Elles se sont
aussi chicanées à travers la
moustiquaire lorsque Zézette a
tenté un timide retour en
soirée. Après tout, c’est elle
qui s’avérait la plus pacifique
– ou la plus poltronne, c’est
selon !
- Aye, ma
moustiquaire, mes vous-autres !
- Ah… deux filles
dans même maison, a de son côté
laissé tomber mon chum. Hummm,
je suis passée près de feuler
après mon vieux matou, moi
aussi…
Nouvel essai vers
5h du matin lorsque Zézette a
miaulé par la fenêtre pour
entrer. Je lui ai donné des
petites gâteries de chat (celles
du chat qui passe à travers le
mur), JUSTE à ELLE.
Fillotte a
recommencé à feuler, à grogner,
à reculer derrière le divan.
- Bon, là ça va
faire, les filles.
- Écoute Fillotte,
je sais que c’est dur de venir
habiter dans une famille
reconstituée, mais là, là, y
faut faire ta part. Et toi
Zézette, tu es toujours chez
toi, alors prend ta place. Pis
là, je m’en vais me recoucher,
je veux que vous ayez réglé
votre contentieux avant mon
réveil ce matin.
Ça les a fait
réfléchir.
Et plus tard, au
réveil, Zézette était couchée à
mes pieds, comme à l’habitude.
Enfin rassurée de fait que je ne
l’avais pas remplacée.
Et Fillotte ? Par
terre, à peine un mètre à côté,
en-dessous du fauteuil de ma
chambre.
Tout le monde
dans même pièce.
Enfin, la paix
était revenue. |