Le décès de la Mamma
Mardi le 27
juillet 2010
Nicole Bergeron a
attendu son anniversaire de
naissance pour mourir. Pour
cette cheffe de clan – on parle
toujours du « clan Bergeron »
quand on parle des siens – les
événements festifs tenaient une
place privilégiée dans sa vie,
car ils étaient rassembleurs.
Nicole rassemblait d’abord sa
famille, bien sûr, mais elle
amenait aussi sous son giron ses
amis, les gens seuls et ceux qui
voulaient ressentir la chaleur
de son accueil.
Nicole savait en
donner, de la chaleur et de
l’amour. De l’amitié. Des
conseils, quelques petites tapes
sur l’épaule, et même à
l’occasion, un petit soufflet
pour vous remettre dans le droit
chemin.
Nicole Bergeron,
c’était la mamma de son clan et
aussi la mamma de ses nombreux
amis, qui constituaient son clan
élargi. Nicole, c’était une
fille entière qui a donné toute
sa vie à sa famille, ses amis et
à sa communauté.
Rassembleuse,
voilà une qualité qui résume ce
qu’a été le fil de vie de
Nicole, cette femme passionnée
et passionnante, cette boule
d’énergie et véritable bulldozer
qui savait défoncer les portes,
cette femme pleine d’idées
nouvelles et audacieuses. Mon
dieu qu’elle mordait dans la
vie, cette Nicole qui a toujours
vécu à 100 à l’heure !
Je suis allée la
voir, mardi dernier. Moi qui vis
actuellement une période de
grand bonheur, j’avais de la
peine à la voir se préparer à
partir. Le décalage était si
grand ! Je lui signifiais cette
injustice d’être heureuse devant
elle qui souffrait.
Lucide,
généreuse, elle m’a répondu,
« c’est ok ma belle, je suis
heureuse que tu sois heureuse,
c’est ça la vie, moi je suis
rendue au bout de la mienne mais
je pars en paix. »
Gros mottons
dans la gorge.
Toujours
généreuse jusqu’à la fin : c’est
ce beau cadeau qu’elle m’a
légué avant de partir. Celui de
vivre ma vie comme elle l’a
vécue : appeler le bonheur,
l’attirer vers soi, se
l’approprier, le vivre
pleinement, l’exprimer et le
propager comme elle l’a fait
toute sa vie auprès de ceux
qu’elle considérait comme les
siens. Ils sont nombreux, les
siens, qui ne pourront oublier
cette mère et amie généreuse qui
savait aussi nous aider à
repousser nos limites.
Bye, Nicole, je
t’aime et je t’embrasse. Dis
bonjour à ma mère et à mon père,
si c’est possible.
Je vous laisse
sur les paroles de la chanson
« La Mamma », de Charles
Aznavour, qui résume un peu la
place que prenait Nicole auprès
des siens :
Ils sont venus
Ils sont tous là
Dès qu'ils ont entendu ce cri
Elle va mourir, la mamma
Ils sont venus
Ils sont tous là
Même ceux du sud de l'Italie
Y a même Giorgio, le fils maudit
Avec des présents plein les bras
Tous les enfants jouent en
silence
Autour du lit ou sur le carreau
Mais leurs jeux n'ont pas
d'importance
C'est un peu leurs derniers
cadeaux
A la mamma
On la réchauffe de baisers
On lui remonte ses oreillers
Elle va mourir, la mamma
Sainte Marie pleine de grâces
Dont la statue est sur la place
Bien sûr vous lui tendez les
bras
En lui chantant Ave Maria
Ave Maria
Y a tant d'amour, de souvenirs
Autour de toi, toi la mamma
Y a tant de larmes et de
sourires
A travers toi, toi la mamma
Et tous les hommes ont eu si
chaud
Sur les chemins de grand soleil
Elle va mourir, la mamma
Qu'ils boivent frais le vin
nouveau
Le bon vin de la bonne treille
Tandis que s'entrassent
pêle-mêle
Sur les bancs, foulards et
chapeaux
C'est drôle on ne se sent pas
triste
Près du grand lit et de
l'affection
Y a même un oncle guitariste
Qui joue en faisant attention
A la mamma
Et les femmes se souvenant
Des chansons tristes des
veillées
Elle va mourir, la mamma
Tout doucement, les yeux fermés
Chantent comme on berce un
enfant
Aprés une bonne journée
Pour qu'il sourie en s'endormant
Ave Maria
Y a tant d'amour, de souvenirs
Autour de toi, toi la mamma
Y a tant de larmes et de
sourires
A travers toi, toi la mamma
Que jamais, jamais, jamais
Tu nous quitteras... |