Les temps
modernes
Mardi 4 mai 2010
- Où t’en vas-tu comme ça avec
ton ordinateur portable ?
- Aux toilettes, m’en vais lire
mon journal.
Si Charlie Chaplin avait réalisé
son film Les temps modernes en
2010, ça aurait pu débuter par
cette scène qui illustre non pas
l’industrialisation et le
travail à la chaine, mais bien
la nouvelle ère du World-Wide-Web.
Je suis née en même temps que la
télévision, dans les années 50.
Pour moi, la télé a toujours
fait partie de ma vie, même
quand il neigeait dedans, que le
Pirate Maboule et le Capitaine
Bonhomme sévissaient à l’écran.
La télé en a traversé, des
tempêtes, avant d’en arriver à
la couleur, puis à la haute
définition sur des grands écrans
dignes des salles de cinéma.
Clo, ma progéniture, est née en
même temps que le four à
micro-ondes, le téléphone à
pitons, le Nintendo et les
vidéoclips de Mickael Jackson.
Ah, et j’oubliais, les premiers
ordinateurs domestiques.
La bête.
Je précise tout de suite ici que
j’aime les animaux, alors
n’allez pas vous imaginer que
j’exècre les ordis, au
contraire, je travaille
là-dessus à longueur de journée
et, à par la suite, je surfe sur
Internet ou je fais mon jeu de
patience pour me détendre.
Bref…
Au milieu des années 80, il
n’avait pas de disque dur dans
mon premier ordi.
Les jeunes, essayez d’imaginer
ça : une seule fente pour mettre
une disquette rigide. Chaque
fois que j’ouvrais l’ordi, je
devais insérer la disquette du
programme (Wordperfect, ancêtre
de Word), et un coup chargé,
j’enlevais la disquette du
programme pour insérer ma
disquette de données.
Et de temps en temps, il
fallait, je ne sais pas
pourquoi, réinsérer la disquette
du programme pour donner un
p’tit boost. De temps en temps,
la disquette se scrapait et j’ai
déjà perdu ainsi 90 pages de
texte… Évidemment, je n’avais
PAS fait de copie de sauvegarde.
Bon, ça évolue tellement vite,
ces patentes-là ! Un ordi de six
mois, c’est déjà admissible à
une classification patrimoniale.
Cela dit, apprivoiser cette
nouvelle façon d’écrire s’est
avéré une démarche exigeante.
Après tout, je partais de
l’écriture à la main, puis
l’utilisation de la dactylo IBM-Selectric
– ça, c’était la fine pointe de
la technologie en 1975 !
Mais j’y ai trouvé mon compte et
je ne saurais aujourd’hui me
passer de l’ordi pour écrire. Je
ne suis pas nostalgique de
l’écriture « à la main ». C’est
la tête qui écrit, pas la main.
Je me suis donc toujours trouvée
relativement débrouillarde, mais
aujourd’hui, Waterloo me guette
: je suis maintenant confrontée
au Web-deux-point-zéro.
Petite recherche sur Google,
puis Wikipedia. Le web 2.0 est,
dit-on, un buzzword,
Un mot à la mode construit de
manière à avoir une apparence
intimidante mais dont le sens
est assez flou et qui sert
souvent à donner le change d'une
absence réelle de contenu.
Ce n’est pas moi qui le dit,
mais bien Wikipedia – et ce
n’est pas moi qui ai ajouté
cette définition sur Wikipedia,
je vous le jure. En clair, on
parle de démocratisation du web,
au départ statique, qui est
devenu un véritable lieu de
rencontre planétaire grâce aux
médias sociaux.
Clo m’a fait inscrire sur
Facebook il y a bien deux ans,
mais je commence à peine à
l’utiliser de façon utile. J’ai
quelques zamis que je ne connais
pas et je ne sais même pas
comment m’en débarrasser. Par
contre, j’ai quelques fois des
nouvelles de vrais amis et de
parents que je n’aurais pas
autrement. Ça, j’aime ça.
J’ai même pu discuter, avec mon
neveu américain qui demeure dans
le Dakota du Sud, du système de
santé canadien (juste avant que
le projet de loi de Barak Obama
ne soit voté). Pas évident,
d’écrire sur la question dans un
espace aussi restreint, et en
anglais, en plus !
Le plus curieux, c’est que ma
sœur suivait la discussion de
son côté. Son intervention : «
tu t’en es bien sortie, ma sœur
! » était suivie d’un smiley.
C’est ça que je trouve bizarre.
Tu discutes avec quelqu’un et
tout d’un coup, tu constates
qu’une tierce personne jette un
coup d’œil dans ton jardin. Qui
plus est, cette personne peut
même intervenir, si ça lui
tente.
Autrement, mon amoureux et moi
échangeons quotidiennement par
courriel. Je trouve que ça a un
petit côté vintage pas piqué des
vers !
Bon, où est-il, ce smiley ? Un
autre p’tit tour sur Google… Et
voilà !
LOL ! (Laugh out loud)
(Qu’on peut traduire, en
français, par MDR – mort de
rire)
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