“Baby boomers
smoking over troubled water”
6 septembre 2011
Je le sais, un
titre en anglais, ça fait
grincer les dents de ben du
monde.
Cela dit, et pour
ma défense personnelle, le titre
s’est imposé de lui-même, sans
traduction possible, lors d’une
soirée de baby boomers qui se
sont retrouvés, le temps de
quelques heures et de quelques
bouteilles de vin, en plein cœur
des années musicales 60-70.
Je m’explique.
Bien que le XXIe siècle était au
rendez-vous – iPod, séquenceur
et colonne de son haute-fidélité
– ce sont des vieilles tounes
qui sortaient de cette
technologie de pointe.
Bref, une gang de
vieux boomers sur une go
musicale un samedi soir, dans un
chalet au fond des bois (avec
une génératrice, tout de même),
ça donne le titre que vous venez
de lire à l’instant.
Notre hôte
s’était installé devant sa
super-console, j’ai allongé un 2e
iPod (1206 chansons
supplémentaires, ça ne se refuse
pas et on pouvait en avoir pour
des heuuuuures de plaisir), ça
jouait en alternance selon les
demandes spéciales des
invités.
Le vin aidant,
nous nous sommes transformés en
groupe rock, un s’étant attribué
le titre de John Bonham (batteur
de Led Zeppelin), l’autre
manœuvrant habilement la basse
(McCartney ? Sting ?). Un fou de
l’harmonica et un saxophoniste
d’enfer se sont rajoutés au fil
des chansons. Ne manquait qu’un
orgue Hammond B-3, c’est vous
dire.
Et moi ?
La lead guitar,
bien sûr. Jimi Hendrix, rien de
moins… Je vous ai fricoté un
hymne national américain pas
piqué des vers, je vous
l’assure. Enfin, ça sonnait bien
en titi dans mes oreilles en
tout cas.
Quoi ? Je suis
une fille ? Pas grave, man,
je suis gauchère, comme Jimi,
nan !
L’âge des invités
variait entre 50 et 65 ans.
Cheveux gris, cheveux teints,
pas de cheveux, quelques
relâchements musculaires bien
cachés (enfin espérions-nous),
nous étions un groupe
relativement homogène – tous,
nous avions vécu les fâââmeuses
années 60-70.
Cela dit, on
pouvait sentir quelques nuances
dans les choix énoncés : nos
« aînés » (Ha ! Ha! Ha! Hé
qu’est méchannnnte) optant pour
Bob Dylan ou Leonard Cohen,
voire Elvis Presley; les plus
« jeunes » (… c’est
malheureusement relatif, comme
disait Einstein) ayant un faible
pour King Crimson, George
Thorogood (que serait une soirée
rock sans One bourbon, one
scotch, one beer, mes amis
?) ou Pink Floyd.
Si bien que les
demandes fusaient de toute part,
de tous les styles, et notre DJ
avait fort à faire… De
Hoochie coochie man, version
Muddy Water, à Conquistador,
de Procol Harum, en passant par
un bon vieux Frank Zappa, faut
être vite sur ses oreilles. Ne
manquait sur nos iPod,
malheureusement, que le
célébrissime In-a-gadda-da-vida
d’Iron Butterfly pour que ça
soit complet.
Tout ça jusqu’à
ce qu’un gars, qui, semble-t-il,
avait bien des idées en même
temps dans sa tête et ses
oreilles, se mette à demander
cette perle (d’où le titre de ce
texte) : « je veux écouter Smoke
over troubled water ! »
Le band
imaginaire s’est arrêté net.
Fous rires qui se sont prolongés
durant plusieurs minutes et
puis :
- Aye, veux-tu la
version de Simon & Garfunkel (Bridge
over troubled water) ou
celle de Deep Purple (Smoke
on the water) ?
Je pense que le
gars s’est emmêlé entre les
années 60 et 70. Probablement
que dans son imaginaire, il
voyait de la fumée s’effilochant
au-dessus d’un pont sous lequel
s’agitait de l’eau. Allez
savoir…
En tout cas, on
s’est payé sa tête pas à peu
près.
Bon, finalement,
à 4 h 00 du matin, il a bien
fallu aller se coucher, n’est-ce
pas ? Nous avons passé l’époque
où on était capable de passer
une nuit blanche entière…
Mais qu’à cela ne
tienne et croyez-le ou non, le
party musical s’est poursuivi
jusqu’au réveil le lendemain…
C’est bien connu,
plus tu vieillis, plus tu
ronfles… Ça fait qu’on a eu
droit à un autre méchant
concert.
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