mardi 19 juillet 2011
L’Agenda
21 local 2.0, une solution
gagnante pour tous
La semaine passée, éreinté par
un long voyage de retour et le
décalage horaire, la première
question que ma mère m'a posée a
été: « As-tu regardé la
séance du conseil de ville? »
Drôle de question au moment où
un sympathique douanier
m’asticotait sur le contenu de
mes bagages. À l'heure
d'internet, je savais déjà que
notre ville faisait l'objet
d'une mise en demeure
MÉRITÉE de la part de
SDD. En tant que tel ce n’est
pas une catastrophe, mais c’est
un signal fort qui doit être
pris au sérieux. Une mise en
demeure est un geste
significatif. Il indique
clairement qu’une des parties
dans un différend, commence à
manquer de patience dans la
recherche d’une solution
négociée de type gagnant
gagnant.
Au-delà de l’achat ou non des
installations de SDD, quelles
sont les causes profondes ayant
amené cette entreprise à déposer
une mise en demeure de 22
millions de dollars? Sur cette
base, quels sont les éléments
d’une stratégie à développer
pour dénouer ce dossier complexe
devenu compliqué? Finalement,
quelles sont les conditions de
succès pour obtenir un consensus
avec l’ensemble des
intervenants, incluant SDD?
Voici humblement quelques
éléments de réponse.
Mais avant, vous comprendrez que
j’ai visionné un autre épisode
déroutant (6 juin 2011) du
conseil municipal de
Sorel-Tracy. En effet, les
avocats de Lavery (les
représentants de SDD) qui ont
visionné cette séance ont dû se
bidonner. Pourquoi? Parce qu’un
des principes de base en matière
de négociation ou en cas de
litige est la connaissance de la
partie « adverse ». À ce
titre, ce visionnement était du
bonbon pour Lavery. Les membres
du conseil de ville Sorel-Tracy
y ont exposé candidement leurs
opinions divergentes. Ils y ont
surtout exposé leurs forces et
leurs faiblesses tant
individuelles que collectives.
Comme le disait Sun Tzu
dans l’Art de la guerre :
« Connais ton ennemi et
connais-toi toi-même ;
eussiez-vous cent guerres à
soutenir, cent fois vous serez
victorieux. » (1) Il y a
des moments où le simple gros
bon sens et l’intérêt public
commandent le silence.
Globalement, l’une des
principales causes de cette mise
en demeure se trouve dans
l’inefficacité et l’inutilité
dorénavant consommées de notre
Agenda 21 local. J’ai
passé l’âge de vouloir avoir
raison, mais j’ai écrit en de
nombreuses occasions (2) que la
faiblesse de notre Agenda 21
local ne nous permettrait
pas de l’utiliser pour orienter
les actions et décisions de la
ville. Considérant que la
gestion des matières résiduelles
est intimement liée au
développement durable et que
l’Agenda 21 local en est le
moteur, nous sommes en présence
de fiasco actuel? Bref, en
l’absence d’un cadre de
référence cohérent supporté par
une vision claire de notre
avenir en matière de
développement durable, nous
allons tourner en rond. Les
mesquineries actuelles de tout
un chacun seront les critères de
décision tout comme les peurs
suscitées par ceux qui parlent
fort ou qui descendent dans la
rue.
Pour remédier à cette situation,
je suggère fortement et tout
simplement à nos élus (y
incluant des représentants de la
MRC Pierre-de-Saurel) de
s’enfermer en conclave (la SADC
propose un Chantier) et de
produire l’Agenda 21 local
2.0. Autrement dit, sur
les cendres de l’actuelle vision
opérationnelle (de l’actuel
Agenda 21 local), il faut
réfléchir et produire un nouveau
cadre de référence en matière de
développement durable. Il faut
aborder cet exercice dans
l’urgence avec des yeux
nouveaux. Il faut obtenir ce
résultat dans le consensus des
élus.
Il existe des spécialistes
chevronnés pour accompagner des
gestionnaires ou des élus dans
ce genre de démarche (surtout,
il faut éviter les avocats).
Selon mon expérience, 3 jours de
BONNE VOLONTÉ et d’IMPLICATION
devraient être suffisants pour
obtenir un résultat qui
permettra ensuite de déterminer
une stratégie de négociation de
type gagnant gagnant avec SDD,
incluant des scénarios
alternatifs, incluant nos
engagements actuels en matière
d’enfouissement.
De plus, soyons clairs, cette
démarche de « remise des
compteurs à zéro » permettra
à tout un chacun de sauver la
face en adoptant dans
l’unanimité, un nouveau plan de
gestion des matières
résiduelles. Autrement dit,
retourner au Plan de gestion
des matières résiduelles de 2005
serait équivalent à
faire perdre la face à certains
membres de notre communauté. Il
faut éviter le piège du
gagnant-perdant et être
rassembleur.
L’autre jour à la télévision, un
médecin disait : « Si vous ne
prenez pas de temps aujourd’hui
pour faire de l’exercice. Vous
devrez en prendre plus demain,
pour être malade ».
Autrement dit, nos élus ont le
choix entre trouver rapidement
en eux-mêmes les solutions ou
continuer à se battre entre eux
et s’épuiser pour voir à la fin,
SDD vaincre sans presque
combattre. « Diviser pour
régner » est une technique
vieille comme le monde.
Ceci étant, il faut dire les
choses comme elles sont. Le
germe fondamental de tout ce
cafouillis se trouve dans
l’incurie, l’incompétence et le
leadership inexistant du maire
Réjean Dauplaise. Pour avoir
amené la ville de Sorel-Tracy et
la MRC dans un tel bourbier, il
devrait avoir le bon sens de
quitter ses fonctions comme
plusieurs lui ont déjà suggéré,
dont moi-même (3). Est-ce que
Réjean Dauplaise a les qualités
requises pour négocier un « deal »
technico-commercial avec SDD et
les avocats de Lavery? Posez
la question, c’est y répondre.
En matière de négociation, le
principe d’unicité est
fondamental. Il nous donc faut
un unique porte-parole. Il faut
une personne crédible qui saura
transporter la nouvelle vision
de l’Agenda 21 local 2.0.
Une personne qui saura mettre en
œuvre avec SDD, la stratégie de
négociation découlant de cette
nouvelle vision. Une fois ce
porte-parole identifié, je
suggère fortement à l’ensemble
des élus, surtout ceux de
Sorel-Tracy, de se faire discret
sur le sujet des matières
résiduelles. C’est l’heure de la
MATURITÉ.
Pour terminer, quelques
conditions de succès pour éviter
que cette situation ne dégénère
encore plus. Premièrement, le
règlement du différend avec SDD
doit nécessairement passer par
une solution
technico-commerciale. Il faut
éviter les avocats et
s’accrocher à une nouvelle
vision claire, précise et
mesurable du développement
durable. Par
technico-commercial, je vous
encourage fortement à écouter
l’entrevue très instructive que
monsieur Léo Fradette accordait
récemment au STM(4). Il est
expert en gestion des matières
résiduelles,
Deuxièmement, il ne faut pas
négocier a priori avec SDD sous
l’angle de l’achat ou non de
leurs installations. Avec une
(nouvelle) vision claire de
notre avenir en matière de
développement durable, cette
question pourrait devenir une
conséquence au lieu d’être un
enjeu.
Troisièmement, il faut que nous
comprenions collectivement que
la recherche d’un consensus ne
signifie pas de faire du
nivellement par le bas. Un
consensus permet de trouver une
solution acceptable à tous avec
les compromis requis, mais qui
est supérieure dans son résultat
à la situation précédente.
Quatrièmement, dans toute
négociation, il faut savoir
donner pour recevoir. C’est
un principe de base. Il est donc
fondamental d’écouter et de
comprendre les besoins de SDD.
Cette compréhension est l’une
des clés pour dénouer l’impasse
dans lequel nous sommes. Pour
l’instant, les différents
intervenants ont parlé
uniquement de leurs besoins en
se drapant de pathétiques
discours sur le bien collectif.
Cinquièmement, il faudra trouver
le moyen d’informer
sereinement la
population de l’évolution de ce
dossier. C’est le prix de la
démocratie et une condition de
succès pour les personnes qui
règleront ce dossier avec SDD.
Je crois que nous pouvons encore
sortir gagnants de l’impasse où
nous sommes avec SDD. Mais SDD
devra aussi gagner. Sinon, l’un
des deux perdra et en bout de
piste, tout le monde y aura
perdu. C’est dans la nature des
choses.
Nous avons un grand chantier
devant nous avec une date de
mise en service urgente :
imaginer et mettre en œuvre une
nouvelle vision du développement
durable dans le cadre de
l’Agenda 21 local 2.0.
Jocelyn Daneau
Fier citoyen de Sorel-Tracy!
Site
internet :
http://jocelyndaneau.com/
Pour commenter directement cette
chronique :
http://wp.me/p1chFg-5Q
(1) L’Art de la guerre,
Sun Tzu, Flammarion, 1972, 255
p.
(2) voir « L’Agenda 21 local
de Sorel-Tracy : Conporec,
Bouddha et les Carboneutres »,
http://www.soreltracy.com/chroniques/daneau/2011/20jan11.html
(3) voir « Je
suis gêné. Je suis indigné. J’ai
honte. Je demande »,
www.soreltracy.com/chroniques/daneau/2011/11mars2011.html
(4) voir « C'était
écrit dans le ciel ! »,
www.soreltracy.com/2011/juin/2j.html
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