mardi 19 juillet 2011
Une année plus
tard : quelques réflexions et
une proposition
Avec l’arrivée du printemps,
cela fera une année que nous
sommes revenus de notre exil de
25 ans sur la Rive-Sud de
Montréal. Je me souviens encore
du regard incrédule de mon
voisin-médecin lorsque je lui ai
appris que nous retournions nous
installer à Sorel-Tracy. Faut
dire qu’il connaissait notre
ville par sa conjointe. J’avais
beau argumenter que c’était un
choix éclairé, ses remarques
chirurgicales sur notre coin de
pays m’enfonçaient au même
rythme que le poteau de ma
pancarte « À vendre ».
Des préjugés sur Sorel-Tracy,
j’en ai entendu des tonnes
depuis mon entrée à l’université
en 1980 : des comportements
discutables des ex-Éperviers de
feu Rodrigue Lemoine au « bunker »
des Hells, habillés en sacs de
couchage, des tire-bouchons
buveurs de « grosses bières »
ou avec du jus de tomate aux
syndicats rigides de la Marine,
de Infoman à nos comportements
supposément « tough » et
notre mentalité bornée, etc. En
1980, jeune naïf régional, je me
demandais si le tout était
fondé. En 2011, j’en ris.
Douze mois plus tard, nous
sommes très contents d’être
revenus.
Madame mon épouse, bougie
d’allumage de ce retour, est
toujours au 6e ciel
! Son bonheur serait total si
nos enfants résidaient à
proximité, mais … Mais
honnêtement, mes premières
semaines sans être difficiles
m’ont obligé à m’adapter. Sur la
Rive-Sud, c’est l’anonymat. Ici,
les gens se dévisagent
continuellement pour savoir
s’ils se connaissent et doivent
se saluer. Sorel-Tracy n’est pas
discrète. Tout le monde connait
tout le monde et tout se sait.
Chaque endroit est un lieu connu
où tous peuvent échanger. Mais
globalement, c’est une richesse
à mettre de l’avant. J’y
reviendrai.
Douze mois plus tard, je ne veux
plus repartir.
Sorel-Tracy finalement, a
toujours été mon seul « chez
moi ». En vélo, je revois
avec joie les quartiers de mon
enfance même si la décrépitude
extérieure de Bernard-Gariépy
m’attriste. En vélo, je rends
des visites surprises à ma mère
dans le Vieux-Sorel et je n’ai
jamais autant « placoté »
avec mon père, résident du
cimetière de St-Joseph depuis
bientôt 50 ans.
Avons-nous quelques défauts
collectifs, toujours présents 25
ans plus tard? Oui, mais c’est
un sujet délicat aux réponses
intuitives. Mais bon, je
m’inclus et je m’assume. Nous
avons toujours une mentalité
d’assiégé. Nous sommes
collectivement centrés sur notre
« sorelitude »
bien québécoise, c.-à-d.
blanche, francophone avec un
vieux fond catholique. État qui
est amplifié je dirais, par
notre situation géographique
isolée et enclavée. Je ne suis
pas sociologue. Mais dans notre
imaginaire, nous avons toujours
considéré le Richelieu ou la 30
comme une fin, sous l’angle
d’une contrainte.
Certains pensent qu’un pont sur
le St-Laurent nous reliant à la
Rive-Nord serait libérateur.
C’est une illusion. Notre avenir
est ici avec ce que nous en
ferons. C’est Napoléon qui
disait à propos du déterminisme
géographique: « Les états
font la politique de leur
géographie ». Il avait
raison. Il est donc temps de
prendre acte de notre situation
géographique et d’en faire une
force. Par exemple, St-Tite est
situé au bout du monde et son
Festival western accueille
annuellement plus de 500 000
personnes.
L’autre truc que j’entends
encore et qui m’énerve toujours
: « Sorel-Tracy, c’est un t… »
C’est la version Sorel-Tracy et
pessimiste du célèbre dicton
américain : « Go west young
man ». Je peux vous dire sur
la Rive-Sud ou ailleurs, c’est
différent … mais similaire. Je
rajouterais que j’ai connu
professionnellement des
villes en Haïti et en Afrique et
pour paraphraser Jean Chrétien :
« Icitte, c’est la plusse
belle ville du monde ». Seul
le samedi soir à Ouagadougou,
sans électricité, je vous assure
que la pensée d’un simple plat
de gibelotte vous renvoie des
images fabuleuses. Il faut être
fier de notre ville, de notre
coin de pays.
Quelques remarques en vrac!
Je suis surpris par la liberté
dont dispose les entrepreneurs
en construction pour le
défrichage des terrains, …
excusez, la coupe à blanc. Dans
les (Dé) Boisées d’Angoulême, on
dirait un « remake » de
« Massacre à la tronçonneuse ».
Une preuve de plus que notre
Agenda 21 local n’est pas
opérationnel sauf pour faire de
l’écoblanchiment.
Nous avons été surpris par la
rudesse des relations
interpersonnelles, surtout chez
les détaillants. Là où nous
étions habitués à une certaine
déférence, ici c’est : « Tu
le prends t’su ou tu l’prends
pas? ». Dans un magasin,
nous avons même été
littéralement retenus « prisonniers » parce
que nous ne voulions pas acheter
la marchandise proposée. Malgré
tout, nous avons décidé d'opter
systématiquement pour l’achat
local et pour l’instant, nous
sommes très satisfaits. Si nous
voulons une communauté forte,
c’est un moyen à privilégier.
Vous conduisez vite et mal et je
ne parle pas seulement des « casquettes ».
Le respect des « Arrêt »
n’est pas votre fort. La
semaine, je traverse 2 fois par
jour l’intersection
Louis-Riel/boulevard Tracy.
Celle-ci est proportionnellement
aussi dangereuse que le coin
St-Hubert/Ste-Catherine que je
fréquente quotidiennement. Sur
Louis-Riel, c’est vitesse grand
« V » avec dépassement. Est-il
exact que la Sureté du Québec a
remplacé la police de Tracy? Je
ne vois ni l’un ni l’autre.
Est-ce que Sorel-Tracy est la
capitale (mondiale) du gros
chien? Je n’en ai jamais vu
autant. Surtout chez les jeunes
couples, on dirait qu’ils
mesurent leur bonheur à la
grosseur du pitou. Je cherche
une explication!?
J’ai été surpris par
l’utilisation assez prononcée du
comptant en lieu et place de la
carte de crédit et même de la
carte de débit.
Je prends l’autobus (express)
chaque jour pour Montréal.
Globalement, le service est
nettement supérieur à celui du
train de banlieue que j’ai
utilisé pendant plusieurs
années, sur la ligne Mont
St-Hilaire. C’est un « plus »
qui raccourci la 30.
Ceci étant, mes 25 ans d’absence
traduisent mon manque de repères
historiques. En 1985, Marcel
Gauthier et Aurèle Racine
étaient maires et j’en ai peu de
souvenirs (notons qu’ils
n’avaient pas à se produire
mensuellement sur VOX). Je ne me
suis pas préoccupé de la fusion
en 2000 et les odeurs de
Conporec me sont inconnues.
Ma plus grande surprise depuis
mon retour? C’est mon rôle de
chroniqueur au Sorel-Tracy
Magazine où j’y suis arrivé par
accident. Je n’ai jamais été
politisé au sens de m’impliquer
en politique, surtout pas au
municipal. Mais humblement,
j’estime que sur les enjeux
locaux et régionaux, nos élus
manquent de vision et qu’ils ont
grandement besoin d’être « challengés ».
L’évolution incontrôlée,
depuis plusieurs années, de
l’importante dette de la ville
de Sorel-Tracy ou le cafouillis
« MRCien » dans le dossier des
matières résiduelles n’en sont
que deux exemples.
Une société ne progresse pas
sans une remise en question
continuelle. Surtout pas dans
le monde global qui s’annonce où
les événements iront toujours
plus vite que le temps qui
passe. Devenir chroniqueur au
STM est donc ma modeste
contribution à notre vie
municipale et régionale. Pour
ce faire, j’ai adopté les règles
de rédaction du magazine
français Le Point : rigueur,
impertinence et indépendance
d’esprit.
En terminant, une année
d’observation de notre
collectivité me pousse vers une
conclusion. Nous devons trouver
des moyens pour améliorer et
amener notre fierté locale et
régionale à des niveaux jamais
atteints. Dans une chronique
antérieure, je suggérais de
créer un « BUZZ Sorel-Tracy »,
j’en suis de plus en plus
convaincu. C’est pourquoi, dans
toutes mes communications
externes, lorsque possible,
j’exhiberai avec ma signature,
ma fierté d’être résident de
Sorel-Tracy. Je vous encourage à
faire de même.
Jocelyn Daneau
Fier citoyen de
Sorel-Tracy!
Site internet :
http://jocelyndaneau.com/
Pour commentaire
sur cette chronique :
http://jocelyndaneau.wordpress.com/2011/03/27/une-annee-plus-tard-quelques-reflexions-et-une-proposition/ |