jeudi 08 mars 2012
L’express
705 : « Voyage au bout de
l’enfer »
Le « ONE », c’est le
moment de la semaine que je
déteste le plus. Le quoi, …
quand? C’est le dimanche soir
quand je dois mettre mon cadran
à « ON ». Parce que
quelques heures plus tard à 5
heures et quart, ça repart. Je
suis un
Phileas Fogg
du matin, réglé comme un
métronome. Je quitte à 6h25,
léger comme un sou neuf mais
plein comme un boudin pour mon
premier « 14 minutes » de
marche forcée anticalories.
Direction? L’arrêt d’autobus de
la Plaza Tracy. Si le Fogg de
Jules Verne fait
Le Tour du monde en
quatre-vingts jours,
moi j’embarque pour ma boucle
quotidienne de 12 heures,
direction Montréal.
Est-ce que j’ai le temps de
dormir? Je vous raconte une
tranche de vie. Du 8 au 18
janvier 1998 par obligations
professionnelles et civiques,
Verglas oblige, à même le tapis
d’une salle de conférence, j’ai
dormi 30 heures en tout et
partout. Les cinq premiers
jours, j’ai même été dans
l’impossibilité d’enlever mes
bottines … et le reste. Une
expérience unique. J’étais vert
comme
Gumby.
J’ai même sauté deux nuits
consécutives. C’est à cet
instant que j’ai compris qu’un
jour, je dormirais pour toujours
et qu’en attendant ce jour, mes
jours seraient étirés au max.
Vous savez ce qui « m’énarve
» à 6h26 chaque matin de la
semaine? J’ai l’impression que
je suis le seul « tata »
de ma rue qui travaille. Mes
voisins sont presque tous encore
au lit, au chaud. D’ailleurs,
quand je reviens de mon périple
quotidien, certains sont déjà
lavés et en pyjama. Tous des
Alexandre le bienheureux.
J’exagère? Non, il y a des autos
que je n’ai jamais vu bouger.
Sérieux!
Donc, direction « autobus ».
Objectif? Être l’un des premiers
dans la cabane de plexiglas
malpropre qui nous sert
d’abribus. C’est l’endroit idéal
pour faire un test d’aquarium,
genre « focus group »
pour prendre le pouls du peuple.
Imaginez, une quinzaine
d’individus enfermée dans un
cabanon de verre en plein champ.
Plus voyeurs
qu’exhibitionnistes, personne ne
parle, mais tous sont prêts à
écouter le dernier potin local.
Personnellement, je suis comme
le
chroniqueur Jean Lapierre du
98,5
: discrétion et diffusion
assurées.
Quelques exemples de propos
d’aquarium? À l’énoncé : « Poursuite
de 22 millions de $ de SDD/Conporec ».
Pas de réaction. À la
mention : « Dette de
Sorel-Tracy? » Les
politiciens sont tous des … Je
vous le donne en mille, les élus
qui font l’unanimité contre eux.
Sans surprise, le maire
Dauplaise et notre jeune
conseillère municipale, madame
Bastiani.
Finalement, selon un scénario
quotidien immuable, l’express
705 apparaît.
On fait quoi dans l’autobus le
matin? Dans le premier tiers des
bancs, on écoute le choix du
chauffeur, le 98,5 précédemment
mentionné. Certains placotent.
Dans les 2 derniers tiers, c’est
« dodo » en se faisant
brasser au rythme des bosses de
la 30. Personnellement,
j’utilise mes 500 minutes de
temps libre hebdomadaire (10
périodes aller-retour de 50
minutes) pour écrire mes
chroniques ou lire. Surtout qu’à
l’ère de l’internet mobile, les
opportunités de lecture se sont
multipliées à l’infini. Tous les
grands organes de presse de ce
monde disposent maintenant d’une
plate-forme internet, de CNN à
La Presse sans oublier
l’information locale. Sans
oublier aussi, les sites
internet de
formation/information :
Canal Académie,
TED,
Academic Earth,
etc.
J’ai toujours un livre papier
dans mon sac. J’aime la lecture
et l’histoire, surtout
militaire. Je lis rarement des
romans. Actuellement en
lecture :
Les généraux allemands parlent
de Basil Liddell Hart. Un compte
rendu des opérations militaires
de la 2ième Guerre
mondiale, vue de l’autre côté de
la clôture. Instructif. Une
société qui ne comprend pas
l’histoire est plus susceptible
de répéter les erreurs du passé.
Mais prendre le temps
d’apprendre et de comprendre
l’histoire à l’heure des « clips »
vidéos est devenu difficile,
surtout pour la jeune
génération.
J’ai quelques fois l’impression
que la société occidentale se
dirige tout droit vers
l’insignifiance. Au Québec par
exemple, nos débats de société
ont maintenant lieu le dimanche
soir à Tout le monde en parle.
Rappelons-nous que sans égard à
son talent, feu Jack Layton et
le NPD ont connu un immense
succès électoral suite à un bref
passage à ce « talk-show ».
Plus près de nous, la rectitude
politique et la peur de son
ombre nous amènent bêtement à
« scraper »
un des grands classiques de la
chanson d’Édith Piaf.
Pourquoi ? Pour ne pas avoir à
expliquer d’un point de vue
laïc, le sens du mot « dieu ».
C’est un exemple désolant, de
l’incapacité du système éducatif
à prendre ses responsabilités de
guide pour tenter une
explication rationnelle, d’un
concept présent dans nos
sociétés depuis la nuit des
temps.
J’en profite pour vous faire une
suggestion vidéo :
de Gaulle sur le Québec.
C’est un exemple percutant de
leadership qui montre la
différence entre un homme d’État
et un politicien. Sans égard au
sujet, c’est la manière qui est
fascinante. (Voir aussi :
Charles de Gaulle, Paroles
publiques).
Qu’est-ce qui m’énerve dans
l’autobus ? Les gens qui n’ont
pas compris le sens de
l’expression : « Transport en
commun ». Je pense surtout à
mes jeunes amis qui dans le
silence du matin, écoutent de la
musique « boum boum »
avec un inconscient sens du
partage, pensant que leurs
écouteurs sont des colonnes de
son. Je pense aussi à ceux qui
parlent fort en racontant leur
vie, surtout au téléphone
cellulaire, pensant qu’elle
intéresse tout le monde. Si au
moins, c’étaient des histoires
croustillantes. Il y a aussi
ceux qui dans les wagons du
métro, transportent un énorme
sac à dos sans se soucier de le
retirer. Ceux qui ne donnent pas
leur place aux dames enceintes.
Ceux qui ne respectent pas les
files d’attente. Ceux …
La station de métro de Longueuil
est ennuyante. L’important,
c’est que le tout roule et ça
roule. Je suis rendu à
Berri-UQAM en un rien de temps
où j’ai deux choix pour me
rendre à ma stalle de travail de
la Place-Dupuis. Par
l’intérieur, il y a des
clochards-dormeurs à enjamber et
des violonistes qui jouent
Mozart. Par l’extérieur, c’est
le parc Émilie-Gamelin, super
marché à ciel ouvert de la
drogue à Montréal.
Clochards, junkies, prostituées
et revendeurs de drogues
y sont présents, même le matin.
On s’habitue.
Le parc Émilie-Gamelin (devant
le célèbre Da Giovani) est
l’exemple parfait de la faillite
du modèle de répression
policière pour lutter contre le
fléau de la drogue.
Personnellement, je serais
partisan de la création d’une
SAQ des drogues c.-à-d. de la
Société des drogues du Québec.
Légalisons. Le trafique de la
drogue nous coûte socialement
des millions de $ et seule la
mafia s’enrichit. Triste
conclusion mais je n’en vois pas
d'autres.
Le retour vers Sorel-Tracy
s’effectue avec bonheur et sans
surprise, par le chemin inverse.
Notre chauffeur du matin est un
maniaque de la ponctualité,
comme moi. Celui du soir décolle
toujours 30 secondes en retard
(selon ma montre) et conduit
comme s’il s’agissait d’une
Yaris. C’est la vie.
Une dernière épreuve au retour :
la traversée de l’intersection à
la hauteur du boulevard de Tracy
et de la piste de course de la
rue Louis-Riel. Comme je l’ai
déjà mentionné dans cette
chronique, c’est
proportionnellement aussi
dangereux que l’intersection
St-Hubert/Ste-Catherine. Il faut
continuellement se surveiller.
On dirait qu’il y a des « airs
lousses » à gagner pour
écraser des passants. La Sureté
du … qui … quoi? J’exagère. Les
automobilistes les plus
dangereux? Intuitivement, je
dirais les hommes de 60 ans et
plus. Ils n’ont aucun respect
pour les piétons.
En conclusion, l’express 705
n’est pas réellement l’enfer.
Au contraire, le service
d’autobus est EXCELLENT.
Tellement que j’ai quelques fois
l’impression que la station de
métro de Longueuil est déménagée
à Contrecœur. J’exagérais avec
mon titre de départ, « Voyage
au bout de l’enfer ».
C’est simplement le titre d’un
classique du cinéma américain
sur la guerre du Vietnam. J’aime
les titres accrocheurs, un peu
déroutant.
Jocelyn Daneau
Saurelois, fier citoyen de
Sorel-Tracy!
Adresse courriel :
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Site internet :
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