Budget 2014 de
Sorel-Tracy : un bon départ,
mais …
Les
contribuables seront heureux,
les hausses de taxes
municipales 2014 seront limitées
au minimum. Mieux, pour au moins
52 % d'entre eux, il n’y aura
pas d'augmentation et une légère
diminution est même prévue.
Ainsi, au terme de la
présentation budgétaire 2014 (9
décembre 2013), nos élus se
félicitaient mutuellement comme
s'ils venaient de gagner LA
course. Certes le départ est
bon, mais il n’est pas « canon »
et le fil d’arrivée est encore
très loin. En matière de
finances publiques en situation
d'endettement comme celle de la
ville de Sorel-Tracy, la réalité
risque de nous rattraper
rapidement avec le budget 2015.
En ce sens, une question
s'impose en termes
d’orientations budgétaires.
Est-ce que le conseil municipal
a fait des choix judicieux pour
2014 et les années à venir? Ma
réponse est : "oui" et "non".
Ce faisant, quelles devraient
être les prochaines étapes.
Sur
la forme, il faut
féliciter Serge
Péloquin pour avoir
pris les choses en
main. Son
approche pédagogique
en ouverture de
présentation était
excellente,
notamment
l'énumération des
différentes
hypothèses de
travail. |
À court terme – L’ère des
illusions
Au terme de la campagne
électorale, nos élus avaient une
obligation de résultat, surtout
Serge Péloquin et son « Réduire
la dette »
électoraliste. D'où la décision
de
geler les revenus de taxes pour
le budget 2014 au niveau de 2013.
Ce faisant, les élus se devaient
de financer cette décision pour
compenser les augmentations
naturelles des charges,
inhérentes à une organisation
comme une ville et la perte des
revenus de la TVQ (Taxe de vente
du Québec). Ils avaient donc le
choix entre rationaliser les
façons de faire l’appareil
municipal ou tomber dans la
facilité. Ils ont opté pour la
seconde solution en réduisant
les investissements de 800 000 $
et en utilisant 1,7 M$ en
excédent accumulé (total :
2,5 M$).
Le problème avec cette façon de
faire à courte vue, c’est
qu’elle fonctionne une seule
fois sans trop de risque de
pelleter par en avant, notamment
en matière d’investissements
dans les infrastructures.
D’un autre côté, les élus de
Sorel-Tracy n’avaient pas
réellement le choix. D’une part,
il s’agit d’une équipe
nouvellement formée sans
orientation commune en matière
budgétaire.
D’autre part, il faut maintenant
conclure qu’au niveau de
l’appareil municipal de
Sorel-Tracy, il n’y a aucune
culture ni expérience
maîtrisée en matière de
rationalisation des façons de
faire et des opérations dans une
organisation. Cela est manifeste
tant pour les élus, nouveaux et
expérimentés que pour les
gestionnaires en fonction,
principalement au niveau de la
direction générale. Ce qui est
une lacune majeure dans ce
dernier cas. Une équipe de
gestion expérimentée et dédiée
aurait été en mesure de proposer
aux élus, un panier de pistes
d’amélioration pour couvrir en
partie, le 2,5 M$ ci-haut. Je
rappelle que Sorel-Tracy montre
un désolant ratio de 1 cadre
pour 5,8 employés et la
direction générale laisse cette
situation perdurée depuis trop
longtemps. Il serait grand temps
pour les responsables de rendre
des comptes. La proximité des
intervenants en autorité dans
une petite ville comme la nôtre,
ne doit plus être un passeport
pour le laxisme.
Sorel-Tracy comme le
gouvernement du Québec ne fait
toujours pas le choix de juguler
notre dette collective. Nous
préférons la « champlainiser ».
Un jour, c'est la dette qui nous
choisira et comme dans cas du
pont Champlain, nous n'aurons
pas le choix, peut-être même pas
celui des moyens.
Lucidement et pour adresser
l’avenir, une augmentation de
taxe de 1 % s’imposait,
uniquement dédiée au
remboursement de notre dette
municipale. Ne pas s’attaquer
résolument à cette situation
indique simplement que dans les
faits, nos élus vivent encore à
l’Ère
des illusions.
Le reste, ce n'est que du
verbiage.
À moyen et long
terme – l’Ère de la souffrance
Je suggère aux
élus de Sorel-Tracy de profiter
des prochains mois pour se doter
d’une véritable pensée
budgétaire commune. Le
tout pourrait s’articuler autour
d’un seul et unique objectif. Je
dirais même autour de ce que
l’on pourrait appeler, une
doctrine budgétaire.
Actuellement, il y a encore
beaucoup de floues et les
excédents budgétaires par
définition, ne poussent pas dans
les arbres.
Ceci étant et
dans l’état actuel des choses,
je ne vois qu’un objectif
budgétaire pour notre ville.
Sorel-Tracy doit se doter d’une
fiscalité concurrentielle
par rapport aux villes de
comparaison, dans sa classe de
population (25 à 99 999
habitants). Cet objectif serait
stimulant pour les contribuables
et nous ferait toute une carte
de visite pour attirer de
nouveaux citoyens et des
investisseurs.
De même, cet
objectif servirait de balise
pour valider les activités et
les projets de la ville. Je
sais, une ville n’est pas qu’un
compte de taxes. C’est avant
tout, un milieu de vie. Mais par
ailleurs, il nous faut sortir
dans l’imaginaire collectif, du
cercle vicieux des comptes de
taxes et de l’endettement élevés
si nous voulons nous dégager une
marge de manœuvre pour améliorer
ce milieu de vie.
Selon la doctrine
budgétaire qui sera retenue, il
serait primordial
que les élus amorcent rapidement
une démarche de rationalisation
des façons de faire de la ville,
en prévision de l’exercice
budgétaire 2015. Comment? Il
existe des méthodologies
éprouvées pour ce faire et
plusieurs firmes de consultants
spécialistes en la matière sont
disponibles pour fournir de
l’aide. Ceci étant, doter
Sorel-Tracy d’une fiscalité
concurrentielle après des années
de laxisme ne sera pas une chose
facile. Soyez-en convaincus.
Serge
Péloquin pendant
l’énoncé budgétaire
du 9 décembre
2013 : « On a
demandé aux
différents
départements ce
qu’ils voulaient. »
C’est une
approche qui date
des années 80 où
l’on répondait
systématiquement à
un problème par
l'addition de
ressources (ex. :
l'ajout d'un poste
de frigoriste, se
rappelleront ceux
qui ont écouté la
séance budgétaire
sur MaTV). En 2013
et depuis plusieurs
années, on dit aux
gestionnaires : « Voici
ce que tu as pour
faire l’année et
l’an prochain, tu
auras moins.
Débrouille-toi pour
faire plus. »
C’est plate, mais
c’est ainsi. |
Conclusion
À
court terme, le conseil
municipal de Sorel-Tracy vient
de créer un fragile, mais
intéressant « momentum »
budgétaire. À moyen et long
terme, il faut le consolider et
se mettre en mouvement pour
doter Sorel-Tracy d'une
fiscalité concurrentielle. Il
n'y a pas d'autre issue. Il en
va de la pérennité de notre
communauté. Cela demandera
énormément de leadership et
d’opiniâtreté.
Célèbre citation sportive aux
États-Unis:
Winning isn’t everything; it’s
the only thing
Henry Russell ("Red") Sanders
(1905-1958)
Traduction libre: « Gagner
n'est pas tout ;
c'est
la seule chose qui compte »
Jocelyn
Daneau
Courriel :
jocelyndaneau@gmail.com
Blogue -
Sorel-Tracy dans l’univers :
http://wp.me/2JVSB
Note :
Il faut aussi travailler du côté
des revenus. Mais nous devons
considérer ces gains comme la
cerise sur le sundae.
Avertissement
: L’institution des MRC est pour
moi ce que sont les commissions
scolaires pour la CAQ de
François Legault, des
organisations à l’utilité
discutable et au potentiel de
dépenses sans fonds. Pour 2014,
la MRC Pierre-de-Saurel vient de
hausser sont budget
d’un astronomique 25 % à
même les surplus budgétaires qui
nous appartiennent, sans que
nous ayons eu un mot à dire ou
presque. Le maire de
Sorel-Tracy, qui devrait être de
facto le préfet de la MRC à
cause du poids de notre
population, a-t-il consulté le
conseil municipal avant de se
laisser embarquer dans cette
décision? Peut-être avions-nous
d’autres projets avec ce
surplus, comme rembourser notre
dette. La MRC Pierre-de-Saurel
m’apparait comme un gouffre
financier et bureaucratique sans
fonds à la gouvernance
discutable. Si nous ne
sommes pas vigilants, nous
risquons de nous retrouver avec
un sérieux problème (Voir :
Claude Pothier, 1 % de
légitimité). |