LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : jeudi 17 janvier 2013 12:01

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE



           
LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU

jeudi 17 janvier 2013

Pour la création de la SDQ

Le déclencheur de cette chronique? Deux honnêtes policiers, collègues de Dexter Morgan mon « serial killer » préféré, qui fument tranquillement un joint de marijuana. Vous comprendrez qu’il s’agit d’une scène (saison 6) de la série télévisée, DEXTER. Mais c’est aussi une illustration supplémentaire de la banalisation télévisuelle de la consommation de drogue. La télévision et le cinéma n’étant finalement que le reflet de la société, l’usage de stupéfiants devient socialement de plus en plus acceptable (voir aussi Weeds à Radio-Québec, Le chimiste sur ADDIK, l’extraordinaire « Trainspotting », etc.).

Autre déclencheur? L’intervention récente de la Sûreté du Québec contre des trafiquants de drogue ici à Sorel-Tracy, en plein quartier résidentiel.

Le temps n’est-il pas venu d’envisager une décriminalisation*** de l’usage de la drogue? De sortir de l’hypocrisie de nos systèmes de répression pour apprendre à vivre avec ce phénomène? Certains diraient ce fléau. Parce qu’il semble de plus en plus évident que la société civile c.-à-d. l’État, a perdu la guerre? Le temps n’est-il pas venu de réfléchir avec réalisme en vue de gérer socialement, l’activité « drogue »?

En ce sens, je crois que l’État doit en prendre le contrôle. Ce n’est pas de gaieté de cœur que j’en arrive à cette conclusion. Mais c’est celle qui s’impose à mon esprit.

Les exemples de quasi-légalisation se multiplient : cannabis thérapeutique au Canada, les Coffee shops aux Pays-Bas, la décriminalisation au Portugal, la légalisation dans les états américains du Colorado et de Washington, Rasquera en Espagne qui veut se financer par le commerce du cannabis.

À l’opposé, des pays comme le Mexique, la Colombie, le Brésil ou le Honduras sont pratiquement devenus des narco-états où l’ultra-violence des gangs de narcotrafiquants détruit le tissu social. Souvenons-nous au Québec et à Montréal surtout, de la Guerre des motards de 1992 à 2004. L’actuel rodéo meurtrier entre mafieux anti et pro-Rizutto n’est finalement qu’un chapitre supplémentaire de cette saga.

L’Homme cessera-t-il un jour de consommer de la drogue? JAMAIS. L’Homme sera toujours à la recherche de la sensation ultime. L’Homme vit de l’interdit pour le transgresser. L’Homme est un animal, un délinquant naturel qui doit s’autodiscipliner pour vivre en société. Sinon, c’est l’anarchie. Certains penseront à Sodome et Gomorrhe, mais cette chronique n’a aucun objectif moralisateur. D’un autre côté, ne soyons pas naïf, un « party » de jeunes sans « dope », ce n’est pas très « chill » comme pourrait en témoigner Justin Bieber.

Le crime organisé cessera-t-il un jour de fournir de la drogue? JAMAIS. Même avec les peines de prison les plus sévères, il y a trop d’argent à faire, des milliards de dollars.

La société civile ici comme ailleurs, a complètement perdu le contrôle si elle ne l’a jamais eu, de l’activité « Drogue ». Elle ne contrôle pas la qualité du produit (ex. : haschich coupé avec de la cire à chaussure) et surtout, nous ne faisons qu’enrichir le crime organisé qui devient de plus en plus puissant.

Pour sortir le crime organisé du marché de la drogue, je ne vois qu’une seule solution. Que l’État en prenne le contrôle en mettant en place des moyens adéquats de contrôle, d’éducation et de prévention. L’alcool est en vente libre et nous ne sommes pas collectivement toujours soûls. De plus, après les profits tirés du jeu (Loto-Québec) et de l’alcool (la SAQ), l’État mettrait la main sur les immenses profits du commerce de la drogue. Cessons d’être hypocrites. Des états américains comme la Californie y songent sérieusement.

La fin de la Prohibition de l’alcool aux États-Unis (1919-1933) a signifié la fin de l’enrichissement illégal et immodéré des trafiquants et leur reconversion dans l’économie légale (Ex. : les Kennedy, les Bronfman). Il en sera de même ici avec la légalisation de la drogue.

Pourquoi pensez-vous que le crime organisé n’est pas présent dans les activités de jeux, surtout au Québec? Simplement parce que l’État a pris le contrôle de cette activité. Si jeu est légal, si la boisson est légale, qu’est-ce qui empêche que l’État prenne le contrôle du marché de la drogue? La morale? Quelle morale? La morale est un concept élastique. Voilà 30 ou 40 ans, on ne parlait pas d’homosexualité. Maintenant, le mariage gai est légal. La société évolue souvent plus vite que les lois.

J’ai une image qui me revient régulièrement en tête. Celle ridicule des policiers de la SQ dans le cadre de l’opération Cisaille. Le « gun » à la ceinture à plus de 30 $ de l’heure, habillé en G.I. Joe au gros soleil, ils coupent des tiges de POT en plein champ. C’est excellent pour la galerie, mais complètement inefficace. D’ailleurs, à part la poudre aux yeux de Cisaille, est-ce que la police réussit régulièrement de grosses saisies? Des broutilles!

Je sais. Certains pensent qu’une libéralisation de la consommation de la drogue pourrait amener individuellement des résultats désastreux. Mais pour ceux que nous échapperons, combien en sauverons-nous?

Dans la balance des inconvénients, l’État doit prendre le contrôle de cette activité. Un jour, assisterons-nous à l’émergence de la SDQ, la Société des drogues du Québec?

Une réflexion collective s’impose.

Jocelyn Daneau
jocelyndaneau@gmail.com

Suggestion de lecture : La vie des Idées : Légaliser les drogues

*** Au Canada, le Code criminel est de juridiction fédérale. Dans l’état actuel des choses, il reviendrait à l’actuel gouvernement Conservateur de Stephen Harper d’entreprendre une réflexion sur décriminalisation de l’usage de la drogue.

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