Pour la création
de la SDQ
Le déclencheur de
cette chronique? Deux honnêtes
policiers, collègues de
Dexter Morgan mon
« serial
killer »
préféré,
qui fument tranquillement un
joint de marijuana. Vous
comprendrez qu’il s’agit d’une
scène (saison 6) de la série
télévisée,
DEXTER.
Mais c’est aussi une
illustration supplémentaire de
la banalisation
télévisuelle de la consommation
de drogue. La télévision et le
cinéma n’étant finalement que le
reflet de la société, l’usage de
stupéfiants devient socialement
de plus en plus acceptable (voir
aussi
Weeds
à Radio-Québec,
Le chimiste
sur ADDIK, l’extraordinaire « Trainspotting »,
etc.).
Autre
déclencheur? L’intervention
récente de la
Sûreté du Québec contre des
trafiquants
de drogue ici à Sorel-Tracy, en
plein quartier résidentiel.
Le temps n’est-il
pas venu d’envisager une
décriminalisation*** de l’usage
de la drogue?
De sortir de l’hypocrisie de nos
systèmes de répression pour
apprendre à vivre avec ce
phénomène? Certains diraient ce
fléau. Parce qu’il semble de
plus en plus évident que la
société civile c.-à-d. l’État, a
perdu la guerre? Le temps
n’est-il pas venu de réfléchir
avec réalisme en vue de gérer
socialement, l’activité « drogue »?
En ce sens, je
crois que l’État doit en prendre
le contrôle. Ce n’est pas de
gaieté de cœur que j’en arrive à
cette conclusion. Mais c’est
celle qui s’impose à mon esprit.
Les exemples de
quasi-légalisation se
multiplient : cannabis
thérapeutique au Canada, les
Coffee shops aux Pays-Bas,
la
décriminalisation au Portugal,
la légalisation dans
les états américains du Colorado
et de Washington,
Rasquera en Espagne
qui veut se
financer par le commerce du
cannabis.
À l’opposé, des
pays comme le Mexique, la
Colombie, le Brésil ou le
Honduras sont pratiquement
devenus des narco-états où l’ultra-violence
des gangs de narcotrafiquants
détruit le tissu social.
Souvenons-nous au Québec et à
Montréal surtout, de la
Guerre des motards
de 1992 à 2004. L’actuel rodéo
meurtrier entre mafieux anti et
pro-Rizutto n’est finalement
qu’un chapitre supplémentaire de
cette saga.
L’Homme
cessera-t-il un jour de
consommer de la drogue?
JAMAIS. L’Homme sera
toujours à la recherche de la
sensation ultime. L’Homme vit de
l’interdit pour le transgresser.
L’Homme est un animal, un
délinquant naturel qui doit s’autodiscipliner
pour vivre en société. Sinon,
c’est l’anarchie. Certains
penseront à
Sodome
et
Gomorrhe,
mais cette chronique n’a aucun
objectif moralisateur. D’un
autre côté, ne soyons pas naïf,
un « party » de jeunes
sans « dope », ce n’est
pas très « chill » comme
pourrait en
témoigner Justin Bieber.
Le crime organisé
cessera-t-il un jour de fournir
de la drogue? JAMAIS.
Même avec les peines de prison
les plus sévères, il y a trop
d’argent à faire, des milliards
de dollars.
La société civile
ici comme ailleurs, a
complètement perdu le contrôle
si elle ne l’a jamais eu, de
l’activité « Drogue ».
Elle ne contrôle pas la qualité
du produit (ex. : haschich coupé
avec de la cire à chaussure) et
surtout, nous ne faisons
qu’enrichir le crime organisé
qui devient de plus en plus
puissant.
Pour sortir le
crime organisé du marché de la
drogue, je ne vois qu’une seule
solution. Que l’État en prenne
le contrôle en mettant en place
des moyens adéquats de contrôle,
d’éducation et de prévention.
L’alcool est en vente libre et
nous ne sommes pas
collectivement toujours soûls.
De plus, après les profits tirés
du jeu (Loto-Québec) et de
l’alcool (la SAQ), l’État
mettrait la main sur les
immenses profits du commerce de
la drogue. Cessons d’être
hypocrites. Des états américains
comme la
Californie y songent
sérieusement.
La fin de la
Prohibition de l’alcool aux
États-Unis (1919-1933)
a signifié la fin de
l’enrichissement illégal et
immodéré des trafiquants et leur
reconversion dans l’économie
légale (Ex. : les Kennedy, les
Bronfman). Il en sera de même
ici avec la légalisation de la
drogue.
Pourquoi
pensez-vous que le crime
organisé n’est pas présent dans
les activités de jeux, surtout
au Québec? Simplement parce que
l’État a pris le contrôle de
cette activité. Si jeu est
légal, si la boisson est légale,
qu’est-ce qui empêche que l’État
prenne le contrôle du marché de
la drogue? La morale? Quelle
morale? La morale est un concept
élastique. Voilà 30 ou 40 ans,
on ne parlait pas
d’homosexualité. Maintenant, le
mariage gai est légal. La
société évolue souvent plus vite
que les lois.
J’ai une image
qui me revient régulièrement en
tête. Celle
ridicule des policiers de la SQ
dans le cadre de l’opération
Cisaille.
Le « gun » à la ceinture
à plus de 30 $ de l’heure,
habillé en G.I. Joe au gros
soleil, ils coupent des tiges de
POT en plein champ. C’est
excellent pour la galerie, mais
complètement inefficace.
D’ailleurs, à part la poudre aux
yeux de
Cisaille,
est-ce que la police réussit
régulièrement de grosses
saisies?
Des broutilles!
Je sais. Certains
pensent qu’une libéralisation de
la consommation de la drogue
pourrait amener
individuellement des
résultats désastreux. Mais pour
ceux que nous échapperons,
combien en sauverons-nous?
Dans la balance
des inconvénients, l’État doit
prendre le contrôle de cette
activité. Un jour,
assisterons-nous à l’émergence
de la SDQ, la Société des
drogues du Québec?
Une réflexion
collective s’impose.
Jocelyn Daneau
jocelyndaneau@gmail.com
Suggestion de
lecture :
La vie des Idées : Légaliser les
drogues
*** Au Canada, le
Code criminel est de juridiction
fédérale. Dans l’état actuel des
choses, il reviendrait à
l’actuel gouvernement
Conservateur de Stephen Harper
d’entreprendre une réflexion sur
décriminalisation de l’usage de
la drogue.
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