LE SORELTRACY MAGAZINE     *  Dernière mise à jour : jeudi 21 mars 2013 18:00

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NÉCROLOGIE

NOUS JOINDRE



           
LA CHRONIQUE, DE JOCELYN DANEAU

jeudi 21 mars 2013

Citoyens, l’ère des Gaulois est terminée

« Il faut toutefois continuer notre travail en vendant notre région puisque c’est les attirer à venir s’installer ici qui reste très difficile. » (Élaine Zakaib, Enquête sur la pénurie de médecins de famille, Les 2 Rives, 5 mars 2013). 

« … la perception négative de Sorel-Tracy à l’extérieur, c’est pas toujours rose-rose … »

(Yanick Lévesque, Tournée des joueurs de la LNH, On a des choses à dire, FM 101,7, 18 octobre 2012, partie 4). 

Ne tirons pas sur le messager. Deux de nos ambassadeurs les plus illustres nous disent implicitement et explicitement que Sorel-Tracy et sa région sont difficiles à vendre. 

En comptant mes études universitaires, j'ai quitté la région en 1980 pour y revenir en 2010. Les vacheries sur Sorel-Tracy, je les ai toutes entendues. Quotidiennement, je quitte pour des raisons professionnelles et régulièrement, je suis victime d’un quolibet concernant notre réputation, toujours dit avec un sourire en coin. 

Ne soyons pas naïfs. Nous avons un problème de réputation et d’image. Que pensez-vous que le maire ou la mairesse d’une ville concurrente dit à un investisseur potentiel ou à un médecin tenté de venir s’établir dans notre région? Si le « Québec Bashing » est une spécialité du Canada anglais, le « Sorel-Tracy Bashing » en est une du reste du Québec. Autant, je suis peu sensible envers l’opinion du ROC (« Rest of Canada »), autant je pompe de l’air avec notre déficit de réputation. 

Dans une chronique précédente, j'ai abordé la notion de réputation (voir : Gouvernance et réputation - un maire sans repère). Sans refaire la discussion, rappelons que la réputation et l'image sont d'une importance capitale pour le développement socio-économique d’une région. Ceci est encore plus vrai aujourd’hui, à l’époque des réseaux sociaux et de l’hyper-concurrence des chaînes d’information continue. Selon la réputée agence publicitaire Sid Lee :  « Une réputation se bâtit sur plusieurs années et se détruit maintenant avec un seul CLIC de souris ». 

Disons les choses comme elles sont. Depuis trop longtemps, la réputation et l’image de marque de la région de Sorel-Tracy dérivent au gré des événements, sans réel leadership. 

Comment en sommes-nous arrivés là? 

Le déterminisme géographique et les hasards de l'histoire nous ont forgé un caractère et une personnalité collective de nature isolationniste. Une situation propice au développement d’une mentalité tribale de type binaire: nous et les autres. Concrètement, c’est le résultat de plusieurs facteurs qui se renforcent mutuellement : une géographie enclavée avec le St-Laurent comme frontière et comme voie majeure pour les échanges commerciaux, l’émergence d’une industrie lourde sous l’impulsion des Simard, des entrepreneurs de classe mondiale et finalement, un contexte particulier, l'avènement de la Seconde Guerre mondiale. Le tout a contribué à l'émergence d'une classe d'ouvriers qui a rapidement pris conscience de son importance et de son caractère unique au Québec. 

Cependant, cette bonne étoile a entraîné un déficit en terme de réputation et d’image que nous avons encore aujourd’hui, énormément de difficulté à maîtriser. Des grèves de 1937 issues de l'émergence d’un syndicalisme nécessaire en passant par une réputation de solides et rudes gaillards maniant adroitement le "tire-bouchon", nous habitons toujours dans l'imaginaire populaire, une ville où il y a une taverne à chaque coin de rue

Dans les années 70 et 80, aveuglées par une supériorité autoproclamée et une unicité que nous pensions éternelle, qui excluait de facto la nécessité de s’instruire, notre réputation et notre image ont encore décliné. Ce qui a surtout marqué négativement l'imaginaire québécois nous concernant : les pénibles grèves à Marine Industrie (1984-85), la CECO et Marcel « Chinois » Salvail, l'arrivée médiatisée des Hells Angels en 1977 et l’épisode des sacs de couchage en 1985, les frasques des turbulents Éperviers de Sorel du flamboyant feu Rodrigue Lemoine. 

De 2000 à 2009, sous l’administration de Marcel Robert, diverses tentatives ont été initiées pour améliorer notre réputation comme l’introduction d’une démarche de type Agenda 21 local. À partir de 2009, la nouvelle administration municipale n’a jamais pris conscience de la valeur stratégique  de notre réputation et de notre image de marque. 

Mais ce qui est le plus grave. L’administration Dauplaise en a rajouté une couche épaisse pour favoriser le « Sorel-Tracy Bashing ». Qui ne se souvient pas du « freak show » des conseils municipaux qui ont fait les choux gras d’Infoman. Que l’on pense à l’entrevue inappropriée et candide du maire Dauplaise avec Jean-René Dufort sans oublier l’improvisation dans le dossier SDD/Conporec. Mais ce n’est pas seulement les « politiques » qui ne nous aident pas. À preuve, la saga de l’Hymme à l’amour d’Édith Piaf qui a eu des répercussions internationales. Autre exemple : la pièce de théâtre Sorel-Tracy sur le thème de la corruption municipale. 

Bref, la cour est pleine. Sauf Montréal, nommez-moi une ville qui s’automutile autant? La gestion de notre réputation et de notre image de marque frôle la catastrophe. Il faut que cet amateurisme cesse. 

Une urgence : faire le « branding » de Sorel-Tracy et de sa région 

Nous avons des atouts indéniables qui sont peu mis à l’avant-scène : la Technopole en écologie industrielle, Chalifoux et ses fromages, notre CEGEP, Rio Tinto avec ses usines de premier plan, tout le secteur du mécano-soudé, de l’usinage et l’excellence de nos travailleurs, l’environnement des Île-de-Sorel, etc. 

Il nous faut des initiatives efficaces pour améliorer notre image de marque. Pour l’instant, celles en cours semblent mal ciblées ou manquent de « punch ». Est-ce que quelqu’un a entendu parler de la campagne de fierté régionale Sorel-Tracy : la région sur Facebook du CLD Pierre-de-Saurel? Probablement « personne » sauf pour ses 588 adeptes. Pour ce qui est de la campagne « On construit », je me questionne énormément sur l’efficacité socio-économique de ce programme ** qui fait surtout le bonheur des entrepreneurs en construction. Passons vite sur le site internet de la ville de Sorel-Tracy totalement « drabe ». D’un autre côté, il y a les intéressants publie-reportages Contact-Affaires sur Sorel-Tracy qui donne une image dynamique de notre région. 

Ceci étant, nous citoyens, nous payons actuellement pour une « tonne » de conseillers, coordonnateurs ou directeurs en communication répartie au sein du CLD Pierre-de-Saurel, de la SADC, de la ville de Sorel-Tracy, de la MRC Pierre-de-Saurel, etc. Y aurait-il moyen de mettre tout ce beau monde ensemble pour nous imaginer et mettre en œuvre une réelle stratégie de marketing de notre ville et de notre région. Il y a urgence d’agir. C’est un chantier prioritaire pour les élus du 3 novembre 2013. 

Regardons les choses en face, sans complaisance, les principaux responsables de notre réputation et de notre image, c’est nous-mêmes. Il nous faut changer de mentalité. Sortir du « nous et les autres » et s’ouvrir sur le monde et ses changements. Sortir de notre « village gaulois » pour entrer dans le « village global ». Être fier de ce que nous sommes, de ce que nous voulons être.  

Si nous sommes fiers de nous-mêmes, nous transmettrons au Monde une image positive de gagnant. Il n’y a rien de mieux qu’une attitude de gagnant pour attirer des gagnants … et des médecins.

 

Jocelyn Daneau
jocelyndaneau@gmail.com

** Un projet de chronique est en gestation sur ce sujet.

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