André
Mandeville, CMA : entre
Simplicité volontaire et Tea
Party
À ma première
lecture du programme électoral
d’André
Mandeville, je me suis dit :
« Simplicité
volontaire ». Vous
savez, ce mouvement qui
privilégie un mode de vie qui
limite la consommation. À ma
seconde lecture, virage au 180,
je me suis dit : « Tea
Party ». Vous savez, ce
mouvement politique de l’ultra
droite aux États-Unis. Des gens
qui feraient passer Stephen
Harper pour le « chum »
de Françoise David de Québec
Solidaire.
Si on carburait
au concept de gauche-droite au
municipal, André Mandeville
ferait sûrement partie de la
droite.
Disons les choses
comme elles le sont, j’aime bien
ce programme électoral. Je
l’aime non pas à cause de son
côté « à droite » qui ne
me préoccupe aucunement au
municipal. Je l’aime à cause de
sa simplicité même si souvent,
le simplisme s’y pointe.
Globalement,
l’ensemble est franchement
incomplet et sans vision dans le
cadre de la gestion d’une ville
moderne. Mais d’un autre côté,
André Mandeville se concentre
sur ce qui lui apparaît comme
l’essentiel. Ceux et celles qui
n’aiment pas le « fla-fla »
en seront grandement
satisfaits.
Une marotte :
« Baisser le
compte de taxes »
C’est le principal objectif de
ce programme électoral. C’est
simple et sans appel. Ceux et
celles qui sont sensibles aux
questions de finance personnelle
ne peuvent être indifférents à
cette proposition. Je suis même
convaincu que notre gogauche
caviar local, sans l'avouer, y
portera une attention
particulière. Le « cash »
quoiqu’on en dise, c’est
universel.
Si l'objectif d'André Mandeville
est louable et si je me fie au
libellé de son engagement
électoral : « Revoir en
profondeur tous les postes
budgétaires … », je lui dis
: « ATTENTION ».
D’une part, une ville comme tout
organisme comprend une grande
part de frais incompressibles.
En ce sens, Sorel-Tracy ne fait
pas exception. D’autre part,
s’il utilise cette approche par
« poste budgétaire », il
risque simplement de mettre
l’appareil municipal à feu et à
sang, sans atteindre les
objectifs proposés. Les
entreprises publiques et surtout
privées qui utilisent cette
approche* le font dans un
contexte d’urgence ou devant une
situation financière précaire.
Ce qui n’est pas le cas pour
Sorel-Tracy. Dans toute
démarche, il faut faire
attention de ne pas jeter le
bébé avec l’eau du bain.
Bref, la proposition budgétaire
d’André Mandeville qui semble
d’une simplicité désarmante a
priori et attrayante, risque de
se casser les dents sur la
réalité opérationnelle, si elle
n’est pas réfléchie avant sa
mise en œuvre. Les gros sabots y
sont à proscrire. Pour
paraphraser André Boisclair,
ex-chef du parti Québécois : « Des
baisses de taxes de plus de 30%,
si ça existait, on les aurait ».
De même, sa proposition d’une « subvention
de 5 000$ pour tout emploi
permanent à temps plein créé par
une nouvelle entreprise ... »
ne tient pas la route dans la
réalité des choses. Simple a
priori, elle est simpliste
à l’analyse. Je dirai simplement
que c’est une duplication totale
et complète de la mission de nos
organismes régionaux de
développement économique comme
le CLD Pierre-de-Saurel.
En lieu et place du « 5 000
piastres », si André
Mandeville veut faire œuvre
utile en matière de
développement économique, ma
suggestion est toujours la
même : réaliser un diagnostic
complet des organismes locaux
dont c’est la mission et que
nous subventionnons à grands
frais. Là est la vraie urgence.
En ce sens, André Mandeville
propose d’établir de nouveaux
critères pour l’attribution de
subventions aux différents
organismes supportés par la
ville de Sorel-Tracy. C’est une
bonne idée. Le CLD Pierre-de-Saurel
pourrait être un candidat idéal
pour réaliser un projet-pilote.
Mais encore une fois, il faut
faire attention de ne pas jeter
le bébé avec l’eau du bain.
Simplicité aussi du côté du
volet « Qualité de la vie ».
Pas de « chi-chi », des
projets simples et précis, en
nombre réduit, présentés sans
langue de bois : « Donner une
vie et une âme au parc des
bateaux blancs … Compléter le
parc Regard sur le fleuve … »
André Mandeville est résolument
un adepte de la définition de
base d’une ville : « Travail,
repos et loisir ».
Idem pour les fêtes du 375e,
l’événement sera frugal.
Personnellement, j’attends autre
chose de cet anniversaire qu’une
simple veillée pour faire
éclater des pétards aériens.
Mais pour ceux et celles qui ne
voient pas l’énorme potentiel
historico-social de cette fête,
la position d’André Mandeville
saura les satisfaire.
Ce qui fait aussi la
particularité d’André
Mandeville, ce sont ses
engagements au niveau de la
sécurité, notamment dans nos
rues. Si tous s’accordent pour
dire que la vitesse est trop
élevée, si nos politiciens
locaux s’agitent annuellement
sur le sujet, la Sureté du
Québec elle, ne semble pas en
faire une priorité. Sauf si nous
voulons que notre facture « sécurité »
augmente. Mais André Mandeville
veut baisser notre (son) compte
de taxes. Alors … la loi et
l’ordre si cher à droite,
possède elle aussi son prix.
Conclusion
Le slogan de campagne d’André
Mandeville est : « Maîtriser
le présent. Planifier l’avenir ».
Formule simple et intéressante
qui transporte son propre sens.
Par contre, André Mandeville
développe une vision simple de
la vie municipale : baisser le
compte de taxes et maîtriser le
très court terme. En ce sens,
il ne planifie pas l’avenir,
mais la traite simplement comme
une conséquence. Ce qui n’est
pas la marque d’un leadership
éclairé.
Par sa grande simplicité, ce
programme électoral saura
rencontrer les exigences d’une
population qui considère qu’une
ville, ce n’est finalement qu’un
compte de taxes. Mais le
simplisme de ce programme et son
manque d’ambition pourraient en
rebuter plusieurs.
Note :
J’ai modifié le
Saurel – O – Mètre électoral
2013 en conséquence.
Jocelyn Daneau
Courriel :
jocelyndaneau@gmail.com
Blogue -
Sorel-Tracy dans l’univers
:
http://wp.me/2JVSB
Saurel-O-Mètre
électoral 2013 - SOME 2013
Explications :
http://wp.me/P2JVSB-2S
Grille d’analyse
(résultats) du SOME 2013
– Version 8 (9 octobre
2013)
Voir :
http://wp.me/a2JVSB-e8
* Les entreprises
publiques ou privées utilisent
depuis longtemps, une approche
de « comptabilité par
activités » (« Activity
based costing »)
pour leur démarche
d’amélioration continue et
d’optimisation des processus de
travail. C’est une façon de
faire plus conforme à la nature
horizontale des organisations
que l’approche verticale (par
poste budgétaire), basée sur la
hiérarchisation des relations de
travail. C’est de cette façon
que sont maintenant construits
les logiciels de support à la
gestion d’entreprises comme SAP.
Par ailleurs, dans l’hypothèse
d’un André Mandeville maire, je
porterais une attention
particulière à la gestion du
changement, notamment au niveau
des employés municipaux. Ceux-ci
sont les premiers maîtres
d’œuvre des dynamiques de
changement dans les
organisations et souvent, les
premières victimes. |